Decazeville : le véritable "tableau noir" des finances

C’est encore devant plusieurs dizaines de personnes que s’est déroulé, mardi soir, le conseil municipal au cours duquel il s’agissait de voter le budget primitif 2014. Passés quelques échanges entre majorité et minorité, au sujet notamment de la non-représentation de cette minorité au sein des instances de l’office public de l’habitat, le maire François Marty a annoncé que le montant de l’indemnisation des élus serait abaissé de 4%. L’enveloppe de 9 657€ (au lieu des 10 097€ applicables à la commune) sera par ailleurs répartie à part égale pour tous, maire et adjoints, à 664,60€.

Emprunter pour équilibrer

En suivant, Véronique Dessale a donc présenté dans le détail le budget 2014. L’adjointe aux finances a rapidement précisé que ce budget était "subi" et que, pour deux tiers des investissements programmés, il s’agit de travaux reportés du budget 2013 (notamment la rue Cayrade pour 576 000 € et la médiathèque pour 290 000 €). Et d’enfoncer le clou en soulignant que "la capacité d’autofinancement de la commune est réduite à 0€ au 1er avril" et "l’endettement se révèle excessif". Sans entrer dans des détails techniques fastidieux, on retiendra que la section de fonctionnement s’équilibre à 7,5 M€ (les charges de personnels se montent à 3,5 M€, soit + 3,3% par rapport à 2013).

Niveau recettes, la fiscalité reste le poste le plus important, à 4,67 M€, alors que les dotations de toute nature ne cessent de baisser. La section d’investissement se situe pour sa part à 4,4 M€. Outre la phase 2 de la rue Cayrade et la médiathèque, pas grand-chose à se mettre sous la dent en termes d’opérations lourdes. Pire, la commune devra avoir recours à l’emprunt, à hauteur de 1,5 M€, pour équilibrer ce budget investissement.

Impossible d’investir

Face à ce véritable « tableau noir », le maire François Marty a tenu à commenter personnellement la situation financière de la ville, affirmant sans détour que "l’heure est grave". Le premier élu a notamment souligné que "l’épargne nette pour 2014 est quasi nulle", en particulier "à cause d’investissements réalisés en 2013 qui se sont élevés à 3,6 M€, financés à 63% par l’emprunt", ce qui, selon lui, interdit de "dégager la moindre possibilité d’autofinancement". De fait, "jusqu’au 31 décembre 2014, voire même jusqu’au 31 décembre 2015, il sera quasi impossible de réaliser des investissements conséquents, autres que les travaux a minima" (écoles, voirie…).

Et encore, a souligné le maire,"ces investissements devront être financés par l’emprunt, ce qui aggravera encore l’endettement et donc les difficultés financières de la commune". François Marty va jusqu’à considèrer que "cette situation financière est la plus difficile rencontrée depuis de nombreuses années" et se présente comme "inquiétante pour l’avenir". 

L’Ehpad en grande difficulté

Au regard de la décision de ne pas augmenter les taxes d’habitation et foncière, le maire a évoqué quelques pistes pour "améliorer l’épargne nette" et "dégager de nouvelles marges d’autofinancement". Et de parler dans ce sens d’une organisation interne optimisée ; d’une réduction "impérative" des charges de fonctionnement ; d’un plan d’économies ambitieux ; d’une "gestion offensive" du patrimoine immobilier (54 bâtiments souvent en très mauvais état), en envisageant par exemple des cessions ; d'un travail à mener sur des transferts de compétences et des mutualisations avec la communauté de communes ; d’une gestion plus rigoureuse des budgets annexes, comme celui de l’Ehpad, qui est "aujourd’hui en grande difficulté" ; d’une renégociation des emprunts; d’une nouvelle ouverture sur l’extérieur pour "se montrer attractif et attirer des investisseurs privés" ; d’une "recherche des causes de cette situation pour éviter de renouveler les erreurs du passé…"

Bref, on comprendra que, pour Decazeville, les temps financiers sont durs, très durs. Ceux qui s’attendaient à voir la nouvelle municipalité investir d’emblée dans une certaine logique de symbolique devront patienter, tout en sachant, comme l’a expliqué et répété Véronique Dessale, que cette situation comptable est "subie". Mais personne n’a parlé d’héritage…