Irak: efforts internationaux pour aider les déplacés face aux jihadistes

  • Des enfants yazidis saluent des combattants kurdes près de Dohuk, au Kurdistan irakien, le 12 août 2014
    Des enfants yazidis saluent des combattants kurdes près de Dohuk, au Kurdistan irakien, le 12 août 2014 AFP - Ahmad al-Rubaye
  • Une femme yazidie cuisine dans l'immeuble en construction dans lequel sa famille s'est réfugiée à Dohuk, au Kurdistan irakien, le 12 août 2014
    Une femme yazidie cuisine dans l'immeuble en construction dans lequel sa famille s'est réfugiée à Dohuk, au Kurdistan irakien, le 12 août 2014 AFP - Ahmad al-Rubaye
  • Un peshmerga combat les jihadistes de l'EIIL à Bashiqa, près de Mossoul, le 12 août 2014
    Un peshmerga combat les jihadistes de l'EIIL à Bashiqa, près de Mossoul, le 12 août 2014 AFP - Ahmad al-Rubaye
  • Image fournie par les bureaux de la présidence irakienne le 11 août 2014, montre le président irakien Fouad Massoum (2e g) serrant la main de Haïdar al-Abadi, désormais son Premier ministre, successeur de Nouri al-Maliki
    Image fournie par les bureaux de la présidence irakienne le 11 août 2014, montre le président irakien Fouad Massoum (2e g) serrant la main de Haïdar al-Abadi, désormais son Premier ministre, successeur de Nouri al-Maliki Présidence irakienne/AFP
  • Carte réalisée le 11 août 2014 localisant en Irak les dernières villes prises par les jihadistes et celles reprises par les forces kurdes
    Carte réalisée le 11 août 2014 localisant en Irak les dernières villes prises par les jihadistes et celles reprises par les forces kurdes AFP - K. Tian/G. Handyside, K. Tian/G. Handyside
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Centre Presse Aveyron

Les efforts internationaux s'intensifiaient mercredi pour évacuer les déplacés chassés de leurs villes par les violences et pris au piège dans les montagnes du nord de l'Irak, où les Etats-Unis ont envoyé plus de conseillers militaires pour aider à contrer l'avancée jihadiste.

Dans le même temps, le Premier ministre désigné d'Irak Haïdar al-Abadi, qui a obtenu un soutien massif de la communauté internationale, s'employait à former un gouvernement d'unité appelé à rassembler toutes les communautés afin de sortir le pays de longs mois de chaos sécuritaire et politique.

Les Etats-Unis, qui ont été les premiers à saluer sa nomination lundi, ont mis en garde contre toute "coercition ou manipulation" dans la transition politique après que le Premier ministre sortant Nouri al-Maliki, qui briguait un 3e mandat, eut contesté sa mise à l'écart.

Des centaines de milliers de personnes ont été jetés sur les routes par l'offensive fulgurante des jihadistes de l'Etat islamique (EI) qui se sont emparés depuis le 9 juin de pans entiers du territoire au nord, à l'ouest et à l'est de Bagdad, sans véritable résistance des forces armées irakiennes.

La crise humanitaire s'aggravant avec l'avancée des jihadistes vers la région autonome du Kurdistan, où ont trouvé refuge les déplacés, les Occidentaux tentent de trouver les moyens de contrer la progression de l'EI et de sauver la minorité chrétienne et celle kurdophone et non musulmane des Yazidis.

Après des appels d'experts onusiens à agir rapidement pour éviter un "génocide potentiel" contre ces minorités, le secrétaire d'Etat John Kerry a annoncé que son pays étudiait l'évacuation "urgente" de ces civils.

"Nous allons faire une évaluation rapide et critique parce que nous pensons qu'il est urgent d'essayer de faire sortir ces gens des montagnes" de Sinjar, le bastion des Yazidis d'où ils ont été chassés le 3 août, a-t-il dit alors que parallèlement Etats-Unis poursuivent leurs frappes aériennes sur les positions insurgées dans le Nord.

- 'Sans nourriture, sans eau, sans abri' -

Washington a en outre envoyé 130 conseillers militaires supplémentaires, arrivés mardi à Erbil, la capitale du Kurdistan, pour évaluer "plus en profondeur" les besoins des Yazidis. Ils n'ont pas vocation à combattre et viennent en renfort des quelque 300 conseillers déjà sur le terrain pour épauler le gouvernement dans sa lutte contre l'EI.

Des dizaines de milliers de membres de la minorité yazidie sont bloqués dans les montagnes de Sinjar "sans nourriture, sans eau et sans abri", selon le Haut Commissariat de l'ONU aux réfugiés (HCR).

Jusqu'à 35.000 personnes ayant fui cette région ont réussi à se réfugier ces dernières 72 heures dans le Kurdistan, en passant par la Syrie, selon le HCR. Ils sont épuisés et déshydratés.

Des largages humanitaires américain et britannique ont été effectués ces derniers jours dans les montagnes de Sinjar, alors que Paris a envoyé de l'aide et que l'Australie va participer aux largages.

Mardi, un hélicoptère irakien transportant des déplacés yazidis et de l'aide humanitaire s'est écrasé dans les monts Sinjar. La députée yazidie Vian Dakhil a été blessée, de même qu'une journaliste du New York Times et un photographe freelance.

Parallèlement aux aides humanitaires, les Etats-Unis, impliqués pour la première fois militairement en Irak depuis le retrait de leurs troupes fin 2011, mènent quotidiennement depuis vendredi des frappes aériennes sur des positions jihadistes dans le Nord.

L'objectif est de protéger le personnel américain à Erbil et éviter un éventuel "génocide" selon le président Barack Obama, alors que l'EI est accusé de persécution des minorités, d'exécutions sommaires et de viols, des exactions qui peuvent constituer "des crimes contre l'Humanité" selon l'ONU.

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Les Etats-Unis ont en outre transféré des armes aux combattants kurdes alors que Londres a annoncé qu'elle leur acheminerait du "matériel militaire d'autres Etats contributeurs" sans préciser lesquels. Paris et Rome ont plaidé pour une réunion ministérielle d'urgence de l'Union européenne pour parler de la livraison éventuelle d'armements aux Kurdes.

La communauté internationale a salué la nomination lundi de M. Abadi par le président Fouad Massoum, l'Irak devant ainsi tourner la page du très contesté Nouri al-Maliki.

Washington a exhorté M. Abadi, qui a en principe jusqu'au 10 septembre pour nommer ses ministres, à élargir son gouvernement à toutes les forces politiques dans un pays déchiré par les divisions confessionnelles.

M. Maliki cherche à s'agripper à son poste après huit ans au pouvoir mais il se retrouve isolé, ses détracteurs comme ses anciens alliés imputant le chaos dans le pays à sa politique d'exclusion des sunnites et à son autoritarisme.

C'est cette marginalisation de la minorité sunnite dans un pays majoritairement chiite qui a alimenté l'offensive des jihadistes sunnites, accusent-ils. Selon une règle non écrite en Irak, le poste de Premier ministre, la plus haute charge du pays, revient à un chiite.

Source : AFP

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