Valls à Berlin pour une délicate mission de conviction

  • Manuel Valls à Matignon lors des journées du patrimoine le 20 septembre 2014 à Paris
    Manuel Valls à Matignon lors des journées du patrimoine le 20 septembre 2014 à Paris AFP - Joël Saget
  • Angela Merkel le 19 septembre 2014 à Berlin
    Angela Merkel le 19 septembre 2014 à Berlin AFP - Tobias Schwarz
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Centre Presse Aveyron

Le Premier ministre socialiste français Manuel Valls rencontre Angela Merkel lundi à Berlin, pour la convaincre de sa détermination à poursuivre les réformes, malgré un sérieux dérapage budgétaire, et tenter d'obtenir de la chancelière conservatrice des accommodements avec la rigueur en Europe.

Arrivé à Berlin dimanche soir, M. Valls effectue jusqu'à mardi sa première visite officielle en Allemagne.

Mi-avril, juste après sa nomination, Manuel Valls avait fait le voyage de Berlin, mais c'était pour honorer un engagement de son prédécesseur Jean-Marc Ayrault à l'égard du Parti social-démocrate (SPD). Sans rencontre donc avec Mme Merkel, de toute façon alors en vacances.

Cette fois, Manuel Valls est reçu par son homologue conservatrice pour un tête-à-tête peu après midi, puis un déjeuner de travail suivi d'une conférence de presse (11H30 GMT) commune à la chancellerie.

Le chef du gouvernement français, dont le voyage en Allemagne apparaît comme le plus important à l'étranger depuis sa prise de fonction, a répété samedi qu'il effectuait ce déplacement "parce qu'il faut changer les choses en Europe". "Il faut une réorientation parce que la zone euro décroche en terme de croissance et d'inflation", a-t-il plaidé.

M. Valls arrive en position de faiblesse: après une rentrée de crise politique qui a affaibli l'exécutif, la France vient une nouvelle fois de repousser - à 2017 - son retour sous la barre européenne des 3% de déficit public. Sérieux budgétaire, mais pas d'austérité, plaide-t-on à Paris, pour affronter les "circonstances exceptionnelles" de l'atonie économique dans la zone euro.

"L’Allemagne est une grande nation que nous respectons" mais "notre message doit être entendu. L’Allemagne doit assumer ses responsabilités", avait lancé le Premier ministre lors de sa seconde déclaration de politique générale.

Depuis l'élection du président François Hollande en 2012, les multiples appels français aux responsables de la première économie européenne pour qu'ils relâchent les cordons de la politique budgétaire sont restés vains, malgré le renfort du nouveau chef de gouvernement italien Matteo Renzi. "Aucune raison pour de quelconques corrections dans la politique économique", rétorquait Berlin début août quand M. Hollande lui réclamait plus d'investissements pour "un soutien plus ferme à la croissance".

Fin de non-recevoir réitérée après le discours de M. Valls: les critiques sur le supposé manque d'investissement public allemand sont "vaines".

Angela Merkel doit une large part de sa popularité record à sa défense acharnée des intérêts allemands dans la crise financière. Et la presse allemande, au départ charmée par la ligne réformiste de M. Valls, s'est montrée sévère ces derniers jours.

Côté allemand, les analystes excluent donc un changement de ligne, mais s'attendent tout de même à ce que Mme Merkel encourage M. Valls à poursuivre les réformes.

"En Allemagne, on a compris que ça ne servait à rien de taper en public sur la France. On a très bien compris que quand l'Allemagne élève la voix, ça sert surtout le (parti d'extrême droite) Front National", soulignait Claire Demesmay, experte des relations franco-allemandes pour le centre de réflexion berlinois DGAP.

"Il lui (Valls) arrivera la même chose qu'à l'Assemblée nationale, on va lui accorder la confiance en grinçant des dents. Mais derrière les portes closes, le ton devrait être tout autre", jugeait pour sa part le quotidien de centre-gauche, Frankfurter Rundschau.

Côté français, on prétend avoir déjà marqué des points: sur le plan d'investissement de 300 milliards d'euros promis par la nouvelle Commission à Bruxelles; sur l'euro, qui a baissé dans la foulée de mesures d'assouplissement de la Banque centrale européenne. Une BCE qui a semblé rejoindre cet été ceux qui, comme le FMI ou l'OCDE, réclament des actions de soutien à la demande intérieure en Europe. Enfin, de récents signes d'essoufflement de l'économie allemande font dire à M. Valls que l'Allemagne "aura aussi besoin d'une relance".

Après sa rencontre avec Mme Merkel, le Premier ministre s'envolera pour Hambourg (nord). Après la visite d'une usine Airbus, traditionnel exemple d'une coopération franco-allemande réussie, il doit y rencontrer le ministre de l'Economie Sigmar Gabriel, leader d'un SPD qui gouverne avec les conservateurs de la chancelière mais semble plus clément à l'égard de la France.

Mardi matin, Manuel Valls sera de retour à Berlin, accompagné de son nouveau ministre de l'Economie Emmanuel Macron. Il doit rencontrer le patron de la puissante confédération syndicale DGB Reinher Hoffman, puis tentera de faire passer son message auprès des patrons de l'industrie allemande (BDI) qui, hasard du calendrier, tiennent leur conférence annuelle.

Il a revanche annulé la dernière partie de sa tournée à Stuttgart (sud-ouest) pour rentrer plus tôt à Paris préparer le débat parlementaire sur les frappes françaises visant l'organisation Etat islamique en Irak.

Source : AFP

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