Ukraine: au poste-frontière rebelle d'Ouspenka, le passage est toujours possible

  • Des gardes-frontières rebelles au poste-frontière d'Ouspenka, en Ukraine, le 26 septembre 2014
    Des gardes-frontières rebelles au poste-frontière d'Ouspenka, en Ukraine, le 26 septembre 2014 AFP - John MacDougall
  • Des passagers d'un bus de Donetsk (Ukraine) à Rostov (Russie) patientent alors que leurs bagages sont fouillés,au poste frontière d'Ouspenka, le 26 septembre 2014
    Des passagers d'un bus de Donetsk (Ukraine) à Rostov (Russie) patientent alors que leurs bagages sont fouillés,au poste frontière d'Ouspenka, le 26 septembre 2014 AFP - John MacDougall
  • Des automobilistes patientent au poste frontière d'Ouspenka, en Ukraine, le 26 septembre 2014
    Des automobilistes patientent au poste frontière d'Ouspenka, en Ukraine, le 26 septembre 2014 AFP - John MacDougall
Publié le
Centre Presse Aveyron

Kiev a ordonné la fermeture de sa frontière avec la Russie mais quand on pose la question à l'officier rebelle qui commande le poste d'Ouspenka, dans l'est de l'Ukraine, il sourit et montre une file de voitures : "Vous voyez, ici c'est bien ouvert".

Sur cette petite route de campagne qui relie la région de Donetsk à la Russie, ils sont des centaines, vendredi matin, à attendre dans le calme de passer d'un pays à l'autre. Et tous ceux que l'AFP a interrogés se disent persuadés que le poste lui-même, tenu par des combattants séparatistes en armes, va bientôt disparaître.

"Ah la frontière est censée être fermée ? Pas au courant" dit l'officier séparatiste, qui ne veut être identifié que par son surnom "Archi".

"Ce que dit ou décide Kiev ne m'intéresse pas. Ce n'est plus l'Ukraine, ici. Bientôt, quand l'union avec la Russie sera faite, il n'y aura même plus d'installations ici. Ou alors trois fois rien, un petit contrôle..."

A la signature du cessez-le-feu le 20 septembre à Minsk, les rebelles prorusses contrôlaient 260 des quelque deux mille kilomètres séparant les deux pays. Le poste-frontière d'Ouspenka a été perdu par les forces fidèles à Kiev le 24 août.

"Ils ont tenu moins de 24 heures, puis la plupart se sont rendus, en abandonnant leurs armes, leurs blindés, tout..." dit Archi, en montrant des postes de tirs criblés d'éclats, le toit d'un hangar de tôle percé de trous d'obus, des murs constellés d'impacts.

Depuis, les rebelles en armes, ruban orange et noir de l'ordre russe de Saint-Georges sur l'épaulette, lèvent la barrière, vérifient les passeports. Le drapeau noir-rouge-bleu de la République populaire de Donetsk (autoproclamée) flotte sur une antenne radio. Le jaune du drapeau ukrainien peint sur un panneau a été recouvert de peinture bleue. La fouille des voitures est minutieuse: on ouvre coffres et capots, soulève les coussins des sièges, examine les bagages.

- Beaucoup reviennent au pays -

"Nous cherchons des armes, de la drogue ou de la contrebande," explique l'officier. "Comme dans tout autre pays. Mais nous n'avons pas de tampon, pas encore... Il suffit d'un passeport ukrainien en règle pour passer en Russie. La plupart vont voir de la famille ou faire des courses. Ils ont le droit de ne rapporter que dix litres d'essence, qui est bien moins chère de l'autre côté".

Si la plupart des Ukrainiens se rendent en Russie pour y rendre visite à des parents ou y faire des courses, ils sont nombreux, dans l'autre sens, à revenir dans leur pays après avoir fui, pendant un temps, les combats.

Daria Penska, jeune fille rousse de 18 ans aux joues mangées d'acné, est de ceux-là. Elle attend au soleil de tendre son passeport. "Nous avons passé trois mois à Sotchi (en Russie), mais c'est la rentrée universitaire la semaine prochaine à Donetsk", dit-elle. "Je pense que c'est devenu assez calme pour pouvoir rentrer. Je sais que les tirs continuent à Donetsk près de l'aéroport, mais nous n'habitons pas dans ce quartier, alors ça devrait aller..."

Côté ukrainien, il faut compter environ deux heures d'attente. Pas de quoi dissuader Valentine Khokhlov, 62 ans, au volant de sa berline chinoise blanche. "Fermée, la frontière ? Bien sûr que non. Moi, je vais à Taganrog" (la ville russe la plus proche) "acheter des médicaments pour ma femme, faire le plein et quelques courses", dit-il.

"Ce n'est pas plus près que Donetsk, mais c'est plus sûr. On espère que ce poste de contrôle va bientôt disparaître !" Les occupants de la voiture derrière la sienne approuvent de la tête.

Les bus, dans un sens comme dans l'autre, ne font pas la queue avec les voitures mais doivent stationner sur un parking. Les passagers doivent en descendre, se tenir debout devant leurs bagages pour inspection.

"Les Russes, de l'autre côté, nous aident bien" ajoute Archi. "Ils fouillent déjà les voitures, tamponnent les passeports, alors c'est plus simple... Et ici, mes hommes sont presque tous des Cosaques du Don. Et pour les cosaques, cette frontière n'a de toute façon jamais vraiment existé."

Source : AFP

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