Répondre aux juges en Occitan : un silence selon les juges

  • Pour le tribunal, si le prévenu fait "le choix de s’exprimer dans une langue que le tribunal ne comprend pas", ses réponses seront considérées comme des silences.
    Pour le tribunal, si le prévenu fait "le choix de s’exprimer dans une langue que le tribunal ne comprend pas", ses réponses seront considérées comme des silences. Illustration JAT
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Centre Presse Aveyron

Un militant de la langue occitane a répondu dans sa langue maternelle au tribunal de Pau qui a considéré qu’il "avait choisi de se taire". Quand la juge lui demande son adresse, Julien Bordenave, 26 ans, répond en occitan. Il fait de même pour exprimer son droit à garder le silence. L’audience est suspendue pour étudier la question de la présence d’un interprète. Un quart d’heure plus tard, la juge tranche, code de procédure pénale en main: il n’y a selon elle pas lieu de faire appel à un interprète, puisque Julien Bordenave maîtrise parfaitement la langue française, qu’il a utilisée lors de ses auditions par les policiers. Si le prévenu fait "le choix de s’exprimer dans une langue que le tribunal ne comprend pas", ses réponses seront considérées comme des silences…

Quatre infractions

Celui-ci est poursuivi pour quatre infractions retenues: ouverture d’un débit de boisson sans autorisation, non-respect des horaires de fermeture, tapage nocturne et vente de boisson à une personne manifestement ivre. Vers 2h10, le 22 juin, alors que les autres scènes et comptoirs avaient fermé, la fête battait toujours son plein au Hédas, dans un bar provisoire monté par l’association de l’accusé «Information Sud-Ouest», quand la police est intervenue. Ont suivi de violents affrontements, quatre personnes ont d’ailleurs été condamnées le 23 juin pour s’en être pris aux policiers. Après plusieurs suspensions de séance et les batailles d’avocats et de procédures dénonçant "un passage en force", son avocat et Julien Bordenave, qui contestent les faits, quittent la salle. Le militant adresse à la juge un dernier «Adishatz!» un poil provocateur et rejoint les manifestants devant le tribunal. Celui-ci rendra sa décision le 19 décembre.

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