Réclamée par le public, l'information positive n'a pourtant pas la cote

  • Un kiosque à journaux, le 16 avril 2013 à Paris
    Un kiosque à journaux, le 16 avril 2013 à Paris AFP/Archives - Bertrand Guay
  • Le directeur du site d'information Rue89 Pierre Haski, le 21 novembre 2010 à Paris
    Le directeur du site d'information Rue89 Pierre Haski, le 21 novembre 2010 à Paris AFP/Archives - Boris Horvat
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Centre Presse Aveyron

Hausse du chômage, inondations, faits divers : pour une large majorité des Français, les médias accordent trop de place aux mauvaises nouvelles, mais ces derniers peinent à séduire le public lorsqu'ils s'intéressent aux événements positifs et aux solutions innovantes.

Près de deux tiers des Français (64%) reprochent aux médias de ne pas "donner assez d'informations positives", selon un sondage publié mardi et réalisé par Harris Interactive pour ZoomOn auprès de 1.500 internautes français.

En janvier, le baromètre TNS Sofres-La Croix était aussi catégorique: 61% des sondés reprochaient aux journalistes de "faire trop de place aux mauvaises nouvelles".

"Nous n'allons pas faire le journal des bonnes nouvelles. Nous donnons l'actualité telle qu'elle existe", se justifiait récemment Christopher Baldelli, patron de RTL.

Pour autant, depuis dix ans, de nombreux médias se sont emparés du "journalisme de solution", en créant des rubriques, des chroniques ou des hors-séries consacrés aux réponses à donner aux problèmes économiques, sociaux et environnementaux.

"Il y a dix ans, quand je parlais de ces sujets-là, il y avait une vraie défiance des journalistes", explique Christian de Boisredon, fondateur de Sparknews, plate-forme de contenus médias qui recense des solutions innovantes.

Fin septembre, Sparknews s'est associé à 40 grands titres de la presse mondiale "pour partager des solutions innovantes", dont des éco-drones contre le braconnage en Afrique et des cartables-bureaux pour les écoliers indiens. Parmi les journaux partenaires figurent Le Monde, The Times of India, La Stampa et le Asahi Shimbun, deuxième plus grand quotidien japonais.

"On a développé pas mal de choses ces deux dernières années, notamment +La France des solutions+, avec 25 médias, dont Le Figaro, France Info et TF1", explique pour sa part Gilles Vanderpooten, directeur de Reporters d'Espoirs, association qui promeut les initiatives de terrain auprès des rédactions.

Depuis sept ans, Reporters d'Espoirs s'associe au journal Libération pour un numéro spécial annuel, "Le Libé des solutions". Au sommaire, des savons antipalu, des smartphones pour aveugles, des vélos en bambou ou des initiatives citoyennes antimafia ou contre le gaspillage alimentaire.

-'Noyés dans l'anxiogène'-

L'Express a aussi lancé son hors-série "Du business et du sens", consacré aux "modèles économiques solidaires et profitables". Fin 2013, La Croix a créé une revue intitulée "Toute l'énergie du monde". Sur internet, le site Youphil.com est exclusivement consacré au journalisme de solution.

"Il y a de plus en plus de sujets sur les solutions, mais ils sont toujours noyés dans le flot de l'info anxiogène", regrette Gilles Vanderpooten.

"Dans la construction de nos journaux, on n'oublie pas de parler de ce qui va bien, même si ce n'est pas forcément le premier réflexe d'un journaliste", rétorque Hervé Béroud, directeur de la rédaction de BFM TV, chaîne souvent qualifiée d'anxiogène par ses critiques.

A Noël, la chaîne diffusera pendant une semaine des sujets "sur des associations qui font des choses bien". "Plus on est dans un climat lourd, plus on cherche à parler de ce qui va bien", souligne Hervé Béroud.

"C'est une question d'équilibre", juge Eric Monier, directeur de la rédaction de France 2. "On n'a pas de quotas d'informations positives ou négatives, même si, pour les banlieues par exemple, on essaie de parler des choses qui fonctionnent", reconnaît-il.

Pour autant, malgré les résultats des sondages, ces sujets ne sont pas les plus plébiscités.

"Le public a une attitude ambivalente : il pointe les manques tout en suivant les médias" sur le terrain des infos alarmistes, commente Jean-Marie Charon, sociologue spécialiste des médias.

Cofondateur du site d'informations Rue89, Pierre Haski confirme: "Il y a une sorte de schizophrénie entre les aspirations du public pour des nouvelles positives et le fait qu'il aille vers le gore, le spectaculaire ou le sinistre". "Si on fait le top 10 de ce qui marche sur internet. C'est soit des lolcats (images ou vidéos amusantes de chats, ndlr) soit des faits divers terribles", ajoute-t-il

Sur le site de Rue89, la rubrique "Passage à l'acte", qui se faisait l'écho des "bonnes pratiques sociales et associatives", est actuellement en suspens. Tout un symbole.

Source : AFP

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