Plus d'un million d'euros pour une tête de gisant, celle d'une reine de France ?
Une mystérieuse tête en marbre, qui pourrait être celle du gisant de la reine de France Jeanne de Bourbon, épouse de Charles V, a été vendue aux enchères 1,150 million d'euros (frais compris) jeudi à Paris, à un acquéreur resté anonyme. Datée de 1370-1380, cette pièce exceptionnelle, clou de la vente dédiée à des pièces Haute époque (Moyen-Age, Renaissance et XVIIe), était estimée entre 500.000 et un million d'euros par la maison Piasa qui organisait la vente.
"Bien conservée malgré de légers accidents au nez et aux lèvres", elle est attribuée par l'experte Laurence Fligny au sculpteur Jean de Liège, ou à son atelier, qui réalisa nombre de visages féminins de la famille royale. Même s'il s'agit encore d'une hypothèse, Laurence Fligny en est convaincue: de nombreux indices convergent pour désigner cette tête sciée sur un gisant comme celle représentant l'épouse du roi Charles V, morte en couches à 40 ans, en 1378, exposée dans la basilique de Saint-Denis.
Elle a été sculptée dans un marbre blanc veiné de gris provenant de Carrare et "conforme à celui qui était employé pour les tombeaux de la basilique", souligne Laurence Fligny.
L'Etat ne s'est pas manifesté
La tête a été fixée sur un socle moderne par le collectionneur belge qui l'a acquise il y a 50 ans, auprès d'un antiquaire. Pendant un demi-siècle, "Jeanne de Bourbon", devenue un personnage de la maison, a trôné sur la cheminée du salon familial.
"Il ne faut pas chercher de ressemblance avec le vrai visage de la reine", explique Laurence Fligny. "Les visages répondaient à un modèle commun". De plus, Charles V étant représenté alors qu'il avait 27 ans, les statuaires ont voulu accorder l'âge des deux époux.
A l'appui de sa thèse, l'experte met en avant ses dimensions identiques à celles du gisant de Charles V, "les graffitis de même nature que ceux observés sur les tombeaux de Saint-Denis", notamment des croix, et "la couronne de marbre destinée à recevoir une parure d’orfèvrerie" (trois trous de fixation sont visibles). Une aquarelle de 1700 montre Jeanne de Bourbon portant une telle parure, la tête reposant sur un coussin aux côtés de son époux qui, pendant son règne (1364-1380), parvint à chasser les Anglais de la plupart de leurs possessions et instaura des impôts permanents.
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