A Los Angeles, un jeune Noir tué par la police avait reçu trois balles

  • Un homme marche à New York le 13 décembre 2014 lors d'une manifestation dénonçant les violences policières contre les Noirs
    Un homme marche à New York le 13 décembre 2014 lors d'une manifestation dénonçant les violences policières contre les Noirs AFP/Archives - Don Emmert
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Centre Presse Aveyron

La police de Los Angeles a diffusé lundi le rapport très attendu de l'autopsie d'Ezell Ford, un jeune Noir tué par la police au mois d'août, qui révèle qu'il a été touché par trois balles dont deux fatales.

Le rapport précise que M. Ford, qui n'était pas armé et qui, selon ses proches et son avocat, était atteint de troubles mentaux, a reçu une balle dans le bras, une dans le dos et une à l'abdomen. Ces deux derniers projectiles ont tué M. Ford.

Le rapport, obtenu par l'AFP, précise aussi que M. Ford porte la marque de la bouche du canon du pistolet du policier sur le côté droit de son dos. Il note aussi la présence de cannabis dans l'organisme de la victime.

Il a été publié après des mois de manifestations pacifiques, et après que le maire de Los Angeles Eric Garcetti eut promis sa diffusion d'ici la fin de l'année.

Ezell Ford avait été tué par deux agents de police qui patrouillaient dans un quartier du sud de Los Angeles, deux jours après la mort de Michael Brown à Ferguson, dans le Missouri (centre), un adolescent noir sans arme tué par un policier blanc dont la mort a choqué l'Amérique et déclenché des émeutes.

D'après la police, Ezell Ford a été interpellé par Sharlton Wampler et Antonio Villegas alors qu'il marchait dans la rue avec un comportement jugé "suspect" et semblait vouloir "dissimuler quelque chose dans ses mains".

Lorsque les deux policiers l'ont suivi hors de leur voiture, il aurait tenté de s'échapper avant de faire volte-face et de mettre à terre l'un des deux policiers et d'essayer d'attraper son arme. Celui-ci aurait appelé à l'aide son partenaire.

Lors d'une conférence de presse lundi, le chef de la police de Los Angeles Charlie Beck a affirmé qu'il n'y avait "rien dans ce rapport d'autopsie qui soit incohérent avec la version" des policiers.

Le policier à terre, avec "M. Ford sur lui", aurait "attrapé son arme de secours" puis "M. Ford par le dos et tiré", ce qui selon M. Beck colle avec la version de la marque de pistolet décrite dans le rapport et atteste la version d'un tir "de près".

Le second agent a tiré les deux autres balles, d'après la police.

M. Beck a aussi répété l'appel à témoins lancé par la police depuis plusieurs mois, de nombreux témoins ayant refusé d'apporter leur contribution à l'enquête. "Cette enquête est loin d'être terminée", a-t-il fait valoir.

La famille du défunt, son avocat et des témoins cités par les médias locaux nient que M. Ford se soit battu ou que son comportement ait été agressif.

Après la conférence de presse, Earl Hutchinson, président d'une association de défense des droits des minorités, la Los Angeles Urban Policy Roundtable, a de nouveau appelé la procureure de Los Angeles Jackie Lacey à "envisager de porter plainte au pénal contre les deux agents du LAPD", la police de Los Angeles.

"La mort de Ford a été qualifiée d'homicide par le rapport d'autopsie, et les blessures de balle dans son dos suggèrent fortement qu'il ne pouvait pas être en train de résister aux policiers" ou de "les attaquer", a poursuivi M. Hutchinson.

De son côté, l'avocat de la famille Ford, Steven Lerman, a estimé auprès de l'AFP que ce rapport d'autopsie "est un acte d'accusation effroyable sur un usage injustifié de la force". "Le fait qu'il ait reçu une balle d'aussi près", "on dirait une exécution", a-t-il ajouté.

M. Lerman a affirmé que si des personnes avaient refusé de témoigner auprès de la police c'est parce que celle-ci avait "tenté de les intimider" mais qu'ils étaient "tout à fait prêts à témoigner devant un tribunal".

Parallèlement, deux policiers ont été la cible de tirs sans être blessés dimanche à Los Angeles dans un contexte de tension entre minorités, notamment noire, et la police aux Etats-Unis.

Le porte-parole d'un syndicat de police, Tyler Izen, a réagi en affirmant que "les policiers se retrouvent en danger chaque jour" et "ont absolument le droit de défendre leur vie ou celle d'autrui".

Source : AFP

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