Les médecins poursuivent leur grève, Touraine maintient son cap

  • Des médecins et du personnel médical défilent dans les rues de Rennes le 29 décembre 2014
    Des médecins et du personnel médical défilent dans les rues de Rennes le 29 décembre 2014 AFP - Georges Gobet
  • Des médecins en grève manifestent dans les rues de Rennes, le 29 décembre 2014 pour protester contre un projet de loi
    Des médecins en grève manifestent dans les rues de Rennes, le 29 décembre 2014 pour protester contre un projet de loi AFP - Georges Gobet
  • La ministre de la Santé et des Affaires sociales Marisol Touraine, le 22 décembre 2014 à Paris, est en première ligne dans le conflit des médecins
    La ministre de la Santé et des Affaires sociales Marisol Touraine, le 22 décembre 2014 à Paris, est en première ligne dans le conflit des médecins AFP/Archives - Patrick Kovarik
Publié le
Centre Presse Aveyron

Au huitième et avant-dernier jour de leur grève mardi, qui entraîne une explosion d'activité dans les centres d'appels du SAMU, les médecins élaboraient déjà la suite du mouvement.

Toutefois, la ministre de la Santé continue de défendre son projet de loi, déclencheur de la grogne.

"Il y a des inquiétudes qui s'expriment, je les entends", a répété à nouveau Marisol Touraine sur Europe 1.

"Je souhaite pouvoir y répondre" et un travail est engagé avec les médecins,"mais je veux dire que je pense aussi aux patients, et les patients ont droit d'attendre que notre système de santé évolue pour répondre à leurs besoins."

"La loi que je porte a précisément pour ambition de renforcer la place du médecin de proximité et en particulier du médecin généraliste", a-t-elle voulu rassurer.

Mais la rupture semble consommée avec le corps médical libéral qui exige une réécriture complète de ce projet de loi, voire son retrait.

A l'appel des quatre syndicats représentatifs, généralistes et spécialistes ont fermé leur cabinet depuis le 23 décembre dans des proportions variables, selon les secteurs. Le mouvement doit se poursuivre jusqu'à mercredi.

- "Fliqués, traqués, dévalorisés, supprimés" -

Les urgentistes de SOS médecins ont rejoint le mouvement lundi.

"Nous ne voulons pas que les pouvoirs des ARS soient étendus. Nous avons peur d'être de plus en plus fliqués, traqués, dévalorisés, supprimés", témoigne l'un d'eux qui fait grève dans les Yvelines. "Nous sommes aussi contre l'extension du tiers payant, parce que nous sommes des libéraux et ne voulons pas devenir des fonctionnaires de l'Etat."

"Nous avons fermé nos cabinets pour montrer ce que serait la médecine si jamais il n'y avait plus de médecine libérale", expliquait aussi lundi Nikan Mohtadi, généraliste à Quimper et représentant de l'union française pour la médecine libre lors d'une manifestation à Rennes qui a réuni entre 400 et 600 praticiens.

Résultat: le manque de médecins libéraux en ville provoque une activité accrue pour les Centres 15 qui régulent les appels, urgents ou plus bénins.

"Nous avons conseillé aux patients, lorsqu'ils ont un doute, d'appeler le 15. Et il y a la continuité des soins partout sur le territoire", grâce à des médecins réquisitionnés et des équipes du SAMU renforcées, selon la ministre.

Il n'y a pas de ruée sur les urgences, assure aussi le ministère.

Les risques ont été anticipés, comme en témoigne cette pancarte à l'entrée d'une salle des urgences du CHU de Rennes: "Attente aux urgence. En raison de la grève des médecins libéraux le nombre de passages aux urgences augmente, les professionnels de santé font tout leur possible pour prendre en charge l'ensemble des patients".

Mais dans cet hôpital breton, comme dans celui de Nantes, les urgences semblaient loin d'être saturées, comme l'ont constaté des journalistes de l'AFP.

- Bras de fer avec Touraine -

Même si le mouvement n'a pas trop d'incidences sur les patients, le bras de fer engagé par le front syndical uni avec le ministère peut être lui lourd de conséquences.

Le projet de loi Touraine n'est pour l'instant pas aussi impopulaire que ne l'a été la loi Bachelot en 2009 --qui avait fait descendre dans la rue médecins, personnels hospitaliers, chefs de service et médecins libéraux. Mais il a ravivé les tensions entre le public et le privé.

Les syndicats de libéraux sont déjà en train de préparer le coup d'après la grève, songeant notamment à une grève des télétransmissions aux caisses de la Sécu des feuilles de soins qui entraînerait pour les patients et les médecins des retards de paiement.

Alors même qu'ils avaient dans un premier temps salué le volet prévention de ce projet de loi, dévoilé en juin, les syndicats ont au fil des semaines affûté leurs critiques, s'en prenant au rôle accru donné aux Agences régionales de santé ou à la délégation de tâches (comme la vaccination aux pharmaciens).

Des revendications tarifaires se sont greffées, au point de devenir aujourd'hui la demande prioritaire des médecins généralistes.

Dopés par des élections professionnelles à venir, les syndicats de médecins sont déterminés à faire céder Mme Touraine d'ici avril, date de l'examen de son projet de loi au Parlement.

Source : AFP

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?