Le groupe Etat islamique menace de tuer un otage jordanien

  • Le père d'un pilote jordanien menacé de mort par l'EI brandit sa photo le 28 janvier 2015 à Amman
    Le père d'un pilote jordanien menacé de mort par l'EI brandit sa photo le 28 janvier 2015 à Amman AFP - Khalil Mazraawi
Publié le
Centre Presse Aveyron

Le groupe Etat islamique a de nouveau menacé de tuer "immédiatement" un pilote jordanien retenu en otage si une jihadiste irakienne n'était pas libérée dans la journée de jeudi, selon un texte prétendument lu par un captif japonais qui servirait de monnaie d'échange.

Ce nouveau chantage, signalé par le centre américain de surveillance des sites islamistes (SITE), a pris la forme d'un enregistrement vidéo diffusé via des comptes Twitter liés à l'organisation.

Il est constitué d'une image fixe de l'otage japonais Kenji Goto, accompagnée d'un message audio en anglais lu par ce dernier.

"Si Sajida al-Rishawi n'est pas prête à être échangée contre ma vie à la frontière turque jeudi 29 janvier d'ici au coucher du soleil, heure de Mossoul, le pilote jordanien Mia’dh al-Jasaben (Maaz al-Kassasbeh) sera exécuté immédiatement", dit M. Goto dans un message non authentifié.

"Nous avons appris l'existence de ce nouveau message. Nous sommes actuellement en train de le vérifier", a déclaré jeudi matin le Premier ministre japonais Shinzo Abe, qui avait qualifié mercredi de "tout à fait ignobles" les procédés de l'EI.

"Il y a une très forte probabilité que la voix du message soit effectivement celle de M. Goto", a précisé plus tard le porte-parole du gouvernement, Yoshihide Suga.

"Nous allons faire de notre mieux pour obtenir la libération au plus vite du ressortissant nippon" Kenji Goto, a affirmé M. Abe.

Le nouvel ultimatum expirerait entre 23H30 et 24H00 au Japon (14H30 et 15H00 GMT), d'après des sources officielles japonaises anonymes citées par l'agence Kyodo.

"Dans ces circonstances difficiles, nous avons demandé la coopération du gouvernement jordanien", a redit M. Abe.

L'enregistrement a été publié quelques heures après l'expiration d'un premier ultimatum de l'EI diffusé mardi et exigeant la libération de Sajida al-Rishawi. Sous cette condition, M. Goto ainsi que le pilote jordanien Maaz al-Kassasbeh auraient la vie sauve.

- Amman et Tokyo en porte-à-faux -

Si Tokyo se satisferait de récupérer M. Goto en échange de l'Irakienne, comme le propose l'EI, cette option est difficile à accepter pour le gouvernement et l'opinion publique de Jordanie.

Amman s'est certes dit prêt à libérer al-Rishawi, condamnée à mort dans ce pays pour sa participation à une vague d'attentats en 2005, mais souhaite en échange avoir des assurances que son pilote reviendra sain et sauf.

La libération de Maaz al-Kassasbeh constitue en effet sa priorité.

Tokyo tente cependant de persuader le gouvernement jordanien de jouer sa meilleure carte pour sauver le journaliste Kenji Goto, les Japonais étant déjà choqués par l’exécution la semaine passée d'un autre otage de l'EI, Haruna Yukawa, un citoyen nippon qui avait été capturé en août, avant M. Goto parti à sa recherche et enlevé à son tour fin octobre ou début novembre.

Le ministre jordanien des Affaires étrangères Nasser Joudeh avait assuré mercredi sur son compte Twitter que la prisonnière irakienne n'avait pas été libérée et précisé que sa remise en liberté était liée à celle du pilote.

- Entre le marteau et l'enclume -

Des sources officielles et militaire jordaniennes avaient souligné dès le départ que l'EI réclamait la sortie de prison de l'Irakienne en échange du Japonais mais que le groupe jihadiste ne mentionnait pas la libération du pilote. "En revanche, il menaçait (dans la vidéo postée mardi) de tuer les deux", selon ces sources.

Mardi soir, le père du pilote a exhorté les autorités à accéder aux demandes de l'EI, lors d'une manifestation à Amman de dizaines de membres des tribus de Karak (sud) dont il est originaire.

Maaz al-Kassasbeh a été capturé le 24 décembre après le crash de son F-16 en Syrie, où il menait un raid sur des positions de l'EI dans le cadre de la coalition internationale antijihadistes.

Pour Hiroyuki Aoyama, de l'université de langues étrangères de Tokyo, l'EI "enregistre des défaites sur le terrain et son emprise se réduit. Dans ce contexte, ces nouvelles revendications montrent l'intention de casser cette situation".

Pour les experts, la position d'Amman est de facto entre le marteau de l'EI et l'enclume de l'opinion publique - qui veut le pilote sans libérer l'Irakienne, sous la pression du Japon - qui privilégie son ressortissant - et des Etats-Unis qui refusent de céder aux jihadistes.

Source : AFP

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?