Nucléaire iranien: les républicains du Congrès s'immiscent dans les négociations

  • Le Capitole à Washington, le 27 février 2015
    Le Capitole à Washington, le 27 février 2015 Getty/AFP/Archives - Win Mcnamee
  • Le chef de la diplomatie américaine John Kerry à Washington le 9 mars 2015
    Le chef de la diplomatie américaine John Kerry à Washington le 9 mars 2015 AFP - Nicholas Kamm
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Centre Presse Aveyron

Les sénateurs républicains ont averti lundi les dirigeants iraniens que tout accord permanent sur le nucléaire devrait passer par le Congrès américain, une intervention inhabituelle dénoncée par Barack Obama et rejetée par Téhéran.

Dans une lettre ouverte adressée aux "dirigeants de la République islamique d'Iran", 47 des 54 sénateurs républicains, très sceptiques au sujet des négociations internationales, ont prévenu les Iraniens que le Congrès disposait, seul, du pouvoir de lever définitivement les sanctions américaines, adoptées sous la forme de lois ces dernières années.

Implicitement, ils signalent ainsi leur opposition à un éventuel accord politique entre le groupe 5+1 (Etats-Unis, Chine, Russie, France, Royaume-Uni et Allemagne) et l'Iran, dont les contours se dessinent à trois semaines de l'échéance de fin mars fixée par les négociateurs.

Pour influencer, voire faire échouer, ces discussions, ils ont placé depuis des mois la barre très haut, certains demandant le démantèlement total de l'infrastructure d'enrichissement, ou que tout règlement soit élargi à des domaines comme le "soutien au terrorisme".

Une mise en garde "sans valeur juridique", a répliqué lundi le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, qui n'y a vu que de la "propagande".

"Les sénateurs doivent savoir que selon le droit international, le Congrès ne pourra pas changer le contenu de l'accord et toute action du Congrès visant à empêcher l'application d'un éventuel accord sera une violation des engagements internationaux du gouvernement" américain, a dit M. Zarif.

Mais c'est sur le plan du droit américain que les républicains se placent dans leur lettre aux dirigeants iraniens. Ils leur écrivent ainsi qu'il est "possible que vous ne compreniez pas totalement notre système constitutionnel".

Ils soulignent que si Barack Obama a le pouvoir, par décret, de suspendre les sanctions américaines contre l'Iran, son successeur pourra les rétablir d'un "simple trait de plume", a fortiori si un républicain est élu.

Pour les annuler de façon permanente, le Congrès devra voter, martèlent-ils.

"Il est assez ironique que certains parlementaires du Congrès fassent front commun avec les partisans iraniens d'une ligne dure", a commenté Barack Obama dans la journée. "A ce stade, nous allons voir si nous pouvons parvenir à un accord, et si c'est le cas, nous pourrons le défendre devant les Américains".

Au même instant, le département d'Etat a fait savoir que le chef de la diplomatie américaine, John Kerry, reverrait son homologue iranien dimanche 15 mars à Lausanne en Suisse, pour un nouveau cycle de négociations, après celui de Montreux la semaine dernière.

- Deux lois en projet -

Une telle lettre à un dirigeant étranger est rare; aucun démocrate ne s'y est associé, pas même les démocrates partisans d'une ligne dure contre Téhéran, et qui avaient prévenu qu'ils lâcheraient la Maison Blanche en cas d'impasse des négociations.

"Même au sommet de nos différends avec le président George W. Bush, les démocrates du Sénat n'ont jamais imaginé envoyer une lettre à Saddam Hussein ou d'autres dirigeants irakiens", a réagi Harry Reid, chef de la minorité sénatoriale démocrate.

La missive illustre le caractère très partisan du dossier nucléaire iranien au Congrès, entièrement contrôlé par les républicains depuis janvier.

La semaine dernière, défiant la Maison Blanche, les républicains ont invité le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à prononcer un discours devant les deux chambres du Congrès, entièrement consacré à l'Iran et boudé par des dizaines d'élus démocrates.

Evoquant les contours d'un accord prévoyant une durée de 10 ans, et laissant à l'Iran une capacité d'enrichissement nucléaire, le sénateur républicain Tom Cotton, à l'initiative de la lettre, a expliqué sur Fox News que "ces deux points à eux seuls (rendaient) cet accord inacceptable, dangereux pour les Etats-Unis et pour le monde".

Jusqu'à présent, la Maison Blanche a réussi à contenir le Congrès. Deux propositions de loi sont en préparation, l'une prévoyant de nouvelles sanctions, et l'autre, la plus mûre, qui obligerait Barack Obama à soumettre au Congrès tout accord pendant 60 jours. Aucune date n'a été fixée pour un éventuel vote.

Source : AFP

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