UE: le naufrage du chalutier chargé de migrants accentue la pression

  • Le corps d'un migrant décédé dans le naufrage d'un chalutier tôt dimanche au large de la Libye est débarqué à terre le 20 avril 2015 à Malte
    Le corps d'un migrant décédé dans le naufrage d'un chalutier tôt dimanche au large de la Libye est débarqué à terre le 20 avril 2015 à Malte AFP - Matthew Mirabelli
  • Les survivants du naufrage d'un chalutier au large de la Libye sont installés sur le pont d'un garde-côtes italien, amarré le 20 avril 2015 dans le port de La Valette, à Malte
    Les survivants du naufrage d'un chalutier au large de la Libye sont installés sur le pont d'un garde-côtes italien, amarré le 20 avril 2015 dans le port de La Valette, à Malte AFP - Matthew Mirabelli
  • Catastrophe en mer Méditerranée
    Catastrophe en mer Méditerranée AFP - -, P. Pizarro / J.Storey
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Centre Presse Aveyron

Le naufrage d'un chalutier tôt dimanche au large de la Libye, qui a fait des centaines de disparus selon des survivants, accentue la pression sur l'Union européenne, réunie lundi à Luxembourg, avant un éventuel sommet de ses dirigeants.

"A 07H30 (05H30 GMT), le bilan de 24 morts et de 28 survivants est confirmé", ont indiqué lundi les garde-côtes italiens, qui coordonnent les secours et les opérations de recherche, toujours en cours lundi. Les corps des 24 victimes sont arrivés lundi matin à Malte.

Ce bilan risque toutefois de s'alourdir, les témoignages faisant état de centaines de personnes entassés sur ce chalutier parti de Libye, dont des dizaines de femmes et d'enfants.

Un premier survivant a raconté aux représentants du Haut-commissariat des Nations unies aux réfugiés (HCR) qu'ils étaient au moins 700 à bord de ce chalutier. Ce dernier a chaviré dans la nuit de samedi à dimanche à environ 70 milles (130 km) des côtes libyennes. Un second survivant a ensuite raconté aux policiers italiens, depuis l'hôpital de Catane où il a été transporté dimanche, que le chalutier transportait quelque 950 personnes dont une cinquantaine d'enfants et 200 femmes.

Les garde-côtes italiens ne confirment aucun de ces chiffres, mais précisent que ce chalutier de 20 mètres de long "a la capacité de transporter plusieurs centaines de personnes".

- 'Recouper les témoignages' -

Avec les autres survivants, attendus à Catane, "nous allons recouper les témoignages et tâcher de savoir exactement combien ils étaient à bord", a indiqué Carlotta Sami, porte-parole du HCR en Italie.

"Ce qui est sûr, c'est qu'il y aura des centaines de victimes et que beaucoup ne seront jamais retrouvées", a-t-elle ajouté, interrogée par des télévisions italiennes.

Ce naufrage, qui fait suite à deux autres la semaine dernière ayant fait quelque 450 disparus, selon le récit de survivants, est un nouveau camouflet pour l'Union européenne, sommée depuis des jours d'en faire plus.

Le chef du gouvernement italien, dont le pays est en première ligne dans cette crise, a réclamé dès dimanche la tenue avant la fin de la semaine d'un sommet extraordinaire des dirigeants européens.

"On ne parle pas de choses banales, mais bien de la vie humaine", a-t-il déclaré dimanche.

La responsable de la diplomatie de l'UE, l'Italienne Federica Mogherini, a décidé de mettre cette question à l'ordre du jour de la réunion des ministres des Affaires étrangères, qui s'ouvre lundi vers 10H00 (08H00 GMT) à Luxembourg. Dans l'après-midi, les ministres de l'Intérieur de l'UE viendront rejoindre leurs collègues des Affaires étrangères.

Face aux attaques, les Européens tentent tant bien que mal de se défendre.

- Pas une compétence de l'Union européenne -

"L'union européenne n'a pas de compétence pour le secours en mer mais, malgré tout, elle contribue au secours en mer avec six navires", a fait valoir lundi à la radio France Inter Fabrice Legeri, patron de Frontex, l'agence européenne chargée de la surveillance des frontières de l'UE. Cette agence, avec Triton, a pris le relais de l'opération italienne Mare nostrum de surveillance et d'aide aux migrants, au grand dam des organisations humanitaires et des ONG, qui dénoncent la faiblesse de ses moyens.

Sans tenir compte de cette nouvelle tragédie, plus de 900 migrants ont perdu la vie depuis le début de l'année en effectuant la traversée entre la Libye et l'Italie, contre moins de 50 sur la même période l'année dernière, quand Mare nostrum était encore en place, ont relevé cette semaine les organisations humanitaires.

"Nous Européens, nous risquons notre crédibilité si nous ne sommes pas capables d'éviter ces situations dramatiques qui se produisent tous les jours", avait souligné dimanche le Premier ministre espagnol Mariano Rajoy.

Dans la nuit de samedi à dimanche, le chalutier a lancé un appel au secours reçu par les garde-côtes italiens, qui ont aussitôt demandé à un cargo portugais de se dérouter. A son arrivée sur place, à environ 120 milles (220 km) au sud de l'île italienne de Lampedusa, l'équipage du cargo a vu le chalutier chavirer. C'est probablement quand les centaines de migrants se sont précipités du même côté en voyant le cargo que le drame s'est produit, ont indiqué les garde-côtes italiens.

Chaque jour, entre 500 et 1.000 personnes sont récupérées par les garde-côtes italiens ou des navires marchands. Plus de 11.000 l'ont été en une seule semaine, selon les garde-côtes.

Originaires essentiellement d'Afrique subsaharienne et du Moyen-Orient, en particulier de Syrie, ces migrants s'efforcent de gagner l'Europe en traversant la Méditerranée sur des radeaux de fortune ou des bateaux surchargés.

Source : AFP

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