Air France ferme des lignes et durcit le ton avec les pilotes

  • Deux avions d'Air France sur le tarmac de l'aéroport de Roissy Charles-de-Gaulle près de Paris, le 24 septembre 2014
    Deux avions d'Air France sur le tarmac de l'aéroport de Roissy Charles-de-Gaulle près de Paris, le 24 septembre 2014 AFP/Archives - Stephane de Sakutin
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Centre Presse Aveyron

Recette par passager en baisse, blocage avec les syndicats... Air France, qui peine à revenir à l'équilibre financier, a annoncé lundi de nouvelles mesures d'économies, dont des fermetures de lignes, et un recours juridique à l'encontre du syndicat majoritaire chez ses pilotes.

La compagnie aérienne (filiale du groupe Air France-KLM), engagée dans un vaste plan de restructuration, a enregistré des résultats inférieurs à ses attentes sur les cinq premiers mois de l'année, et doit économiser quelque 80 millions d'euros supplémentaires pour tenir ses objectifs pour 2015.

Pour cela, plusieurs "mesures d'adaptation immédiates" ont été décidées, dont la fermeture à l'hiver 2015 de quatre lignes long et moyen-courrier déficitaires (Stavanger, Vérone, Vigo, Kuala Lumpur), a précisé la direction d'Air France dans un communiqué.

Outre ces fermetures de ligne, des "réductions de fréquences ou de modules sur d'autres lignes fortement affectées" auront lieu, avec le Japon (Tokyo, Osaka), le Brésil (Rio, Brasilia) et la Russie (Moscou). De nouvelles initiatives de réduction des dépenses externes et des achats généraux seront également mises en oeuvre.

Le but est de "rattraper 80 millions d'euros pour se caler sur l'objectif (d'économies, ndlr) de 2015", précise-t-on au sein de la compagnie.

Air France ajoute avoir lancé en parallèle une revue détaillée de son plan d'investissement, qui porte notamment sur la sortie anticipée d'un troisième Airbus A340 et des scénarios de report de livraisons d'avions long-courrier (Airbus A350 et Boeing 787).

Ces ajournements dans le renouvellement de sa flotte sont encore "au stade de l'étude", insiste toutefois la compagnie. "On va continuer à recevoir de nouveaux appareils et à investir", ajoute-t-elle.

- "Coup de tonnerre" -

Ces diverses mesures s'ajoutent au plan d'économies de 1,1 milliard d'euros en trois ans annoncé fin avril par le groupe Air France-KLM, dans le cadre de son plan "Perform 2020". Air France-KLM sort d'un plan de restructuration, "Transform 2015", qui a entraîné la suppression de plus de 7.300 emplois de 2012 à 2014, sans compter les 800 postes supplémentaires visés par un nouveau plan de départs volontaires annoncé fin janvier.

Le plan Transform prévoyait que toutes les catégories de personnel réalisent 20% de gains de productivité, mais les pilotes n'ont atteint que 13% de gains, soit 130 millions d'euros sur les 200 prévus, selon une source au sein de la compagnie.

Air France, qui dit regretter "l'absence de progrès après sept mois de négociations" avec le Syndicat national des pilotes de ligne (SNPL, majoritaire), indique avoir engagé "une procédure juridique en référé à l'encontre de ce syndicat afin d'obtenir la mise en œuvre" des dernières mesures du plan Transform.

Les annonces de la direction ravivent les tensions avec les pilotes, qui ont déjà mené une grève longue de deux semaines en septembre, pour s'opposer aux conditions de développement de la filiale à bas coûts Transavia France.

Pour la secrétaire générale du SNPL Air France, Véronique Damon, la décision de la compagnie "arrive clairement comme un coup de tonnerre". Faisant part de son "étonnement total", elle déplore "que la compagnie adopte cette attitude extrêmement agressive à deux jours de l'ouverture des négociations du plan Perform".

"A la fin du mois de septembre 2015, un point sera fait sur la situation économique" et "l'avancement des négociations", a déclaré Frédéric Gagey, PDG d'Air France, cité dans le communiqué. "Nous serons alors en mesure de décider des actions nécessaires pour l'avenir" de la compagnie, a-t-il ajouté.

Air France-KLM a enregistré au premier trimestre une croissance de 1,8%, après un exercice 2014 marqué par un recul de 2,4% de son activité, tandis que la perte nette a été réduite de 8% à 559 millions d'euros.

Le deuxième trimestre a cependant mal débuté, avec une baisse de 6% en avril et mai de la recette unitaire par passager hors effet de change. En tenant compte des variations des taux de changes, cet indicateur clé de la performance des compagnies aériennes est ressorti en légère hausse de 1%.

Source : AFP

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