Quarante ans de bonheur d’écrire pour Daniel Crozes

  • Un clin d’œil en forme de regard de l’écrivain sur lui-même. Ou comment mesurer le temps qui passe...
    Un clin d’œil en forme de regard de l’écrivain sur lui-même. Ou comment mesurer le temps qui passe... Joël Born
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Joël Born

Littérature. L’écrivain de Camjac s’apprête à fêter ses 30 ans de collaboration avec les Éditions Rouergue. À la rentrée, il publiera son 19e roman et 50e ouvrage. Il évoque ses débuts, sa carrière, sa passion.

La vie de Daniel Crozes est un vrai roman. Dont il déroule le fil, ouvre et referme les divers chapitres depuis 40 ans. Quarante ans d’écriture, de bonheur d’écrire pour le journaliste, historien, romancier de Camjac, dont l’actualité se bouscule en cette année 2015, avec la réédition en livres de poche de la trilogie sur la Révolution. Après la sortie, en mars dernier, de [CIT]La cuisine aveyronnaise avant le surgélateur. Un livre que l’auteur aurait aimé trouver en librairie, qu’il n’a jamais trouvé et qu’il a fini par écrire. À la rentrée, Daniel Crozes publiera son cinquantième ouvrage et 19e roman, Un été d’herbes sèches.

L’histoire d’un adolescent, qui assiste à la fin du monde paysan et découvre les fantômes de la guerre, durant l’été 70. Dans la foulée, pour terminer cette année faste en beauté, un livre sur l’Aveyron, illustré par des photos de Pierre Soissons, sortira fin octobre. L’écrivain nous a reçus dans sa maison familiale de Camjac et son vaste grenier bureau, où il s’isole pour donner corps à ses personnages.

De Camjac au Louvre

Tout a débuté en 1975. Alors qu’il est pensionnaire à Rodez, le jeune Daniel Crozes occupe ses mercredis après-midi, en parcourant les rayons poussiéreux des archives départementales. C’est ainsi qu’il décide de participer au concours du plus jeune historien de France, en rédigeant une biographie du préfet aveyronnais de Guizard, qui lui vaut d’être retenu parmi la trentaine de lauréats nationaux. Pour la première fois de sa vie, le jeune Aveyronnais monte à Paris, découvre le musée du Louvre, où il croise une délégation chinoise conduite par Deng Xiaoping... En guise de récompense, il reçoit plusieurs livres, dont un ouvrage référence sur la Révolution française. «Ce fut le déclic», explique-t-il. De retour en Aveyron, il écrit et imprime à la Ronéo la première monographie de la commune de Camjac. Dix ans, plus tard, en décembre 1985, Daniel Crozes, alors journaliste à la Dépêche du Midi, soutient sa thèse de doctorat sur la Révolution en Ségala. 

Fidélité au Rouergue

L’histoire livresque de Daniel Crozes est avant tout celle d’une longue et solide fidélité avec les Éditions (du) Rouergue, qui perdure depuis juillet 1986 et la publication de La Bête noire. Près de trente années de collaboration durant lesquelles, Daniel Crozes a vendu plus de 1,2 million de livres, avec quelques succès retentissants comme les 250 000 exemplaires de Julie ou les 120 000 exemplaires du Pain blanc au seul catalogue de France Loisirs.

Le fils et petit-fils de cordonnier n’en a pas pour autant oublié ses origines modestes. Refusant de se laisser étiqueter auteur régionaliste, Daniel Crozes se dit un «écrivain heureux», qui vit de sa passion pour l’écriture, en essayant d’aller «au fond des choses», à une époque où l’on navigue, selon lui, un peu trop dans l’à-peu-près.

Une course après le temps

«Je fais ce que j’aime et je m’organise comme je veux, même s’il faut toujours se remettre en cause.» Si c’était à refaire, celui qui fut marqué dès sa jeunesse par Zola et le roman naturaliste le referait. Même si l’écriture est parfois épuisante. «On court après le temps, et le temps me manque pour beaucoup de choses.» Et s’il a parfois accusé le coup, comme ce fut le cas après un papier terriblement incendiaire sur son Monsieur le Gouverneur et sa critique sur la colonisation, l’écrivain de Camjac, dont l’épouse Honorine est d’origine malgache, préfère retenir les nombreux bons souvenirs de sa carrière. Comme ces émissions de Radio France International et France Inter, qui lui étaient consacrées. Ou cette lettre particulièrement émouvante d’une lectrice toulousaine, ayant perdu son fils dans un accident et qui lui avoua avoir retrouvé l’envie de se battre, après avoir lu Le Pain Blanc. Le plus touchant des compliments.

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