Nucléaire iranien: les négociateurs tout près du "sommet"

  • Le Secrétaire d'Etat John Kerry le 12 juillet 2015 à Vienne
    Le Secrétaire d'Etat John Kerry le 12 juillet 2015 à Vienne POOL/AFP - CARLOS BARRIA
  • Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, le 1er juin 2015 à Moscou
    Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, le 1er juin 2015 à Moscou AFP - Vasily Maximov
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Centre Presse Aveyron

La confiance régnait dimanche à Vienne parmi les négociateurs du dossier nucléaire iranien, que le président Hassan Rohani a comparé à des alpinistes lancés à l'ascension d'un sommet.

"Nous sommes si près que si on regarde d'en bas on a l'impression qu'on y est arrivé, mais lorsqu'on est en haut on sait qu'il reste encore quelques pas à faire", a-t-il déclaré depuis Téhéran.

Dans la capitale autrichienne, le secrétaire d'Etat John Kerry a aussi fait état de son "optimisme", tout en admettant qu'il restait un "petit nombre de points" en suspens.

L'Union européenne, Berlin et Paris ont tous évoqué des heures "décisives" ou la "dernière phase" des négociations.

L'Iran et six grandes puissances (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni et Allemagne), baptisé le P5+1, essaient depuis près de deux ans de trouver un accord qui limitent les capacités nucléaires de Téhéran en échange d'un abandon des sanctions internationales.

Perché tout sourire sur le balcon du palais Coburg, où se déroule les tractations, le ministre des Affaires étrangères iranien Mohammad Javad Zarif a confirmé qu'il "restait du travail" pour la journée de lundi.

Pour s'y consacrer, le chef de la diplomatie française Laurent Fabius a renoncé à un déplacement en Afrique. Quant à son homologue britannique Philip Hammond, qui a quitté Vienne dimanche après-midi, il sera de retour dans la matinée.

Seul bémol, d'après un haut-responsable américain, il reste "des questions essentielles" à régler avant de pouvoir tourner la page de douze ans de crise internationale.

Et les précédents incitent à la prudence: les discussions, initialement censées se terminer le 30 juin, ont été reportées à trois reprises avec une énième date-butoir fixée à lundi.

Cette fois, a confié à l'AFP un diplomate iranien, outre les dernières décisions politiques, "ce qui prend beaucoup de temps, c'est la relecture" du texte qui compte une centaine de pages. "Parfois un pays demande qu'on change un mot, ce qui provoque plusieurs heures de discussions car le sens peut complètement changer", a-t-il rapporté.

- Bombe atomique -

La République islamique est soupçonnée d'avoir mis en oeuvre jusqu'en 2003, et peut-être au delà, un programme nucléaire militaire sous couvert d'un programme civil, ce qu'elle a toujours nié.

Depuis 2006, les Etats-Unis, l'UE et l'ONU ont adopté plusieurs trains de sanctions contre la République islamique, qui étouffent l'économie de ce pays de 77 millions d'habitants.

Depuis septembre 2013, les deux camps tentent de trouver une solution concertée, mais un accord s'est dérobé à plusieurs reprises en raison de la complexité du dossier et de ses enjeux.

En avril, à Lausanne, les négociateurs avaient obtenu à l'arraché un accord sur de grands principes. L'Iran avait notamment accepté de réduire le nombre de ses centrifugeuses ou son stock d'uranium enrichi, ce qui, en pratique, doit rendre quasi impossible la confection d'une bombe atomique.

Depuis, les experts des deux parties ont poursuivi les tractations pour définir les modalités pratiques de l'accord final.

Les négociations ont notamment buté jusqu'ici sur la levée de restrictions sur le commerce des armes, réclamée par Téhéran avec le soutien de Moscou. Les Occidentaux jugent cette demande délicate en raison de l'implication iranienne dans plusieurs conflits, en particulier en Syrie et en Irak.

Autre point de désaccord : le rythme de la levée des sanctions. Les Iraniens souhaitent qu'elle soit immédiate, mais leurs partenaires envisagent une levée graduelle et la possibilité de revenir en arrière en cas de violation de l'accord.

Le P5+1 demande aussi que des inspecteurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) puissent accéder à des sites militaires "si nécessaire", ce que rejettent certains responsables militaires iraniens.

Enfin, les deux camps se disputent sur la durée des clauses imposées à l'Iran.

Si un accord est signé à Vienne, il marquera une normalisation des relations de l'Iran avec la communauté internationale. Il se heurte à l'hostilité des puissances régionales sunnites et d'Israël, dont le Premier ministre Benjamin Netanyahu a encore prévenu dimanche qu'il "ne l'accepterait pas".

Un éventuel accord sera également "très dur" à vendre au Congrès américain, contrôlé par des républicains méfiants envers l'Iran, a prédit dimanche le chef de la majorité républicaine au Sénat Mitch McConnell.

Source : AFP

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