Brésil: 900.000 à deux millions de manifestants exigent le départ de la présidente Rousseff

  • Des manifestants réclament le 16 août 2015 à Sao Paulo le départ de la président de gauche Dilma Rousseff
    Des manifestants réclament le 16 août 2015 à Sao Paulo le départ de la président de gauche Dilma Rousseff AFP - Miguel Schincariol
  • Colonne de manifestants brésiliens exigeant la démission de la présidente de gauche Dilma Rousseff, le 16 août 2015 sur le front de mer de Copacabana, à Rio de Janeiro
    Colonne de manifestants brésiliens exigeant la démission de la présidente de gauche Dilma Rousseff, le 16 août 2015 sur le front de mer de Copacabana, à Rio de Janeiro AFP - TASSO MARCELO
  • Aecio Neves, sénateur du Parti social démocrate brésilien (PSDB) et rival malheureux de Dilma Rousseff aux élections de 2014, participe aux manifestations contre le gouvernement de gauche, le 16 août 2015 à Belo Horizonte, dans l'est du pays
    Aecio Neves, sénateur du Parti social démocrate brésilien (PSDB) et rival malheureux de Dilma Rousseff aux élections de 2014, participe aux manifestations contre le gouvernement de gauche, le 16 août 2015 à Belo Horizonte, dans l'est du pays AFP - Douglas Magno
  • Des manifestants contre la présidente italienne brésilienne Dilma Rousseff, le 16 août 2015 à Times Square à New York
    Des manifestants contre la présidente italienne brésilienne Dilma Rousseff, le 16 août 2015 à Times Square à New York AFP - KENA BETANCUR
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Centre Presse Aveyron

Près de 900.000 Brésiliens --deux millions selon les organisateurs-- ont manifesté dimanche pour exiger le départ de la présidente de gauche Dilma Rousseff, embourbée dans une triple tempête économique, politique et de corruption.

Au moins 866.000 personnes vêtues de vert et jaune ont défilé dans le calme et dans une ambiance familiale à travers tout le pays, selon les dernières estimations de la police.

C'est plus qu'en avril dernier quand 600.000 Brésiliens avaient manifesté mais moins qu'en mars où de un à trois millions, selon les sources, étaient descendus dans les rues.

Les organisateurs - des mouvements citoyens de droite soutenus par une partie de l'opposition - ont estimé quant à eux à "deux millions" -- dont un million à Sao Paulo -- le nombre de participants à ces manifestations organisées dans plus de 100 villes du géant émergent d'Amérique latine.

Selon la police, 350.000 personnes ont défilé dans l'après-midi sur la grande Avenue Paulista au coeur de la capitale économique du pays et fief de l'opposition, tandis que l'institut Datafolha avance le chiffre de 135.000 seulement.

Le gouvernement a considéré que les manifestations "s'étaient déroulées dans le cadre démocratique", selon un bref communiqué du ministre des communications de la Présidence, Edinho Silva, envoyé à l'AFP.

- 'Dehors Dilma!' -

Agitant des drapeaux brésiliens, les anti-gouvernement ont exigé la démission ou la destitution de la présidente Rousseff. Ils arboraient des pancartes portant les inscriptions "Dehors Dilma!" et "Non à la corruption!", en référence au tentaculaire scandale politico-financier de corruption qui a coûté plus de 2 milliards de dollars au géant pétrolier public Petrobras.

"Nous allons protester jusqu'à la fin. Jusqu'à ce que la présidente tombe. Elle doit s'en aller définitivement et laisser ce pays en paix et libéré de cette mafia du PT", a déclaré à l'AFP Patricia Soares, une fonctionnaire de 43 ans, lors d'une marche qui a rassemblé 25.000 personnes dans la capitale Brasilia.

A Rio de Janeiro, qui accueillera dans un an les jeux Olympiques, le parcours de l'épreuve test de cyclisme a été en partie modifié pour permettre une manifestation le long de la plage de Copacabana.

Le président du Parti social démocrate brésilien (PSDB, centre-droit) et rival malheureux de Mme Rousseff à la présidentielle de 2014, Aecio Neves, a pour la première fois appelé ses militants à se joindre aux cortèges.

"Assez de tant de corruption, mon parti est le Brésil!", a lancé M. Neves, en participant à la manifestation de Belo Horizonte, dans son Etat de Minas (sud-est).

Mme Rousseff, 64 ans, qui a entamé son deuxième mandat en janvier après une difficile réélection fin octobre, a vu en quelques mois sa popularité chuter brutalement à un niveau historiquement bas de 8%.

Elle est confrontée à une triple tempête: la récession économique qui l'a conduite à adopter des mesures d'austérité impopulaires; les révélations dévastatrices du scandale de corruption autour du géant public pétrolier Petrobras qui éclabousse son Parti des travailleurs (PT) et d'autres partis alliés; enfin, une crise politique aiguë qui menace de faire voler en éclats sa fragile majorité parlementaire.

L'ex-guerillera torturée sous la dictature militaire a récemment affirmé qu'elle ne cèderait "ni aux pressions ni aux menaces", rappelant qu'elle tenait sa légitimité du vote populaire. Elle compte sur les divisions et intérêts divergents de ses adversaires pour traverser la tempête.

- 'Qui à la place?' -

Mme Rousseff est sous la menace potentielle de deux procédures. Même si la plupart des juristes estiment que les conditions ne sont pas réunies pour entraîner sa chute.

Le Tribunal des comptes de l'Union (TCU) doit juger prochainement si son gouvernement a enfreint la loi en 2014 en faisant payer aux banques publiques des dépenses incombant à l'Etat. Une décision négative pourrait éventuellement entraîner le lancement d'une procédure de destitution.

Le Tribunal suprême électoral devra lui déterminer si les comptes de campagne de la présidente ont été contaminés par de l'argent détourné de Petrobras. Cela pourrait entraîner en théorie l'annulation des élections de 2014 et la convocation d'un nouveau scrutin.

"La classe moyenne veut la retirer du pouvoir à n'importe quel prix, mais pour quoi faire? pour mettre qui à la place? (...), s'interroge pour l'AFP André Perfeito, économiste en chef du consultant Gradual investimentos à Sao Paulo.

"Au sein du patronat et de l'élite, l'idée est que ce serait encore pire si elle sortait", a-t-il ajouté, en notant qu'en cette période d'ajustement budgétaire et de licenciements, il valait mieux avoir le PT au pouvoir que dans la rue avec les syndicats.

Source : AFP

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