Gens du voyage: la folie meurtrière à Roye demeure une énigme

  • Des policiers enquêtent dans un camp de gens du voyage où une fusillade a fait 4 morts, le 26 août 2015 à Roye
    Des policiers enquêtent dans un camp de gens du voyage où une fusillade a fait 4 morts, le 26 août 2015 à Roye AFP - PHILIPPE HUGUEN
  • Des gendarmes bloquent une route près d'un  camp de gens de voyage à Roye (Somme), le 25 août 2015 après une fusillade qui a fait 4 morts
    Des gendarmes bloquent une route près d'un camp de gens de voyage à Roye (Somme), le 25 août 2015 après une fusillade qui a fait 4 morts AFP - PHILIPPE HUGUEN
  • Carte montrant Roye dans la Somme, théâtre d'une fusillade mardi Carte montrant Roye dans la Somme, théâtre d'une fusillade mardi
    Carte montrant Roye dans la Somme, théâtre d'une fusillade mardi AFP - I.Véricourt/S.Malfatto
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Centre Presse Aveyron

Une piste fragile, un différend vieux d'un an, émergeait mercredi pour expliquer le geste d'un septuagénaire vivant sur une aire de gens du voyage, qui a tué trois membres d'une même famille et un gendarme mardi dans la Somme.

Agé de 73 ans, le meurtrier présumé, qui avait 2,28 g d'alcool dans le sang au moment des faits selon le procureur d'Amiens Bernard Farret, a abattu avec un fusil de chasse une femme de 19 ans, sa fille de neuf mois et son beau-père, qui vivaient sur ce site de Roye (Somme) depuis plusieurs années.

Le fils de la jeune femme, âgé de 3 ans, a également été grièvement blessé mais se trouvait mercredi "dans un état stable", a expliqué le magistrat lors d'un point presse.

Placé en garde à vue mercredi à 10h00, le suspect, chasseur et habitué au maniement des armes de source judiciaire, et qui n'a pas d'antécédent judiciaire, a "refusé de s'expliquer sur les faits".

Selon le procureur, il a dans un premier temps "tiré dans et autour de la caravane" de la famille avant de faire feu "à 14 reprise" sur le bloc sanitaire, dans l'aire où stationnaient des caravanes de gens du voyage, puis d'incendier sa propre caravane.

C'est en se dirigeant vers la sortie qu'il a vu les gendarmes. Il "a fait feu d'abord sur des véhicules de gendarmerie, puis sur les gendarmes eux-mêmes" blessant mortellement l'un d'eux et plus légèrement un autre.

Les militaires ont riposté à cinq reprises pour le neutraliser, le blessant aux membres inférieurs.

Interrogé sur ses mobiles, M. Farret a révélé qu'"il y a un an, il y a eu un différend avec des propos échangés entre la famille" visée mardi "et lui-même". Cet incident "a donné lieu à une intervention de la gendarmerie, mais sans "procédure", a-t-il ajouté.

Le gendarme Laurent Pruvot, 44 ans et père de deux enfants, est décédé peu après la fusillade des suites de ses blessures. Il était affecté au peloton autoroutier de Roye, petite ville de 6.200 habitants, auquel le procureur général d'Amiens Philippe Lemaire a rendu une visite de soutien mercredi.

Le forcené a été opéré à Amiens et son état de santé était lui aussi qualifié de "stable" par la préfecture.

"C'est toute ma famille qu'il a tuée. Il a eu une crise de démence. Il a sorti le fusil (...) On le connaît bien, on ne sait pas pourquoi il a fait ça. Une crise de démence, de boisson", a déclaré une parente à France bleue Picardie.

Le drame s'est produit vers 16H30. L'homme, qui vivait sur cette aire toute proche de l'autoroute "depuis quelques années" selon le premier adjoint au maire Pascal Delnef, a fait irruption dans la caravane où se trouvait la mère et ses deux enfants. On ignore encore où se trouvait alors son beau-père, grand-père paternel des deux petits, résidant à Bouchoir, un village à une dizaine de km de là, en visite ce jour-là.

- "Gens sans histoires" -

Le camp proprement dit, qui ne compte que 22 emplacements, étant en maintenance, il avait été déserté par la plupart des résidents. Cinq familles y étaient restées, dans des caravanes à proximité immédiate du camp, invisible depuis la route et masqué par des arbres. Seules une quinzaine de personnes se seraient trouvées sur place lors du drame.

"Nous connaissons la famille" décimée par la fusillade. "Ils venaient régulièrement au centre social, c'étaient des gens sans histoires", a indiqué à l'AFP le maire de Roye Jacques Fleury.

D'après une amie de la famille, rencontrée par l'AFP, la jeune maman assassinée avait une soeur de 22 ans. Elles ne faisaient pas partie de la communauté des gens du voyage contrairement au compagnon de la jeune maman. Cette jeune mère était "très gentille", a-t-elle témoigné.

Une très vive tension, retombée depuis, avait régné sur les lieux du drame mardi soir. Quelques personnes de la communauté des gens du voyage, vivant là ou accourus à l'annonce de la nouvelle, avaient molesté des journalistes. Un périmètre de sécurité a été établi par les forces de l'ordre.

Source : AFP

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