Merkel brandit les idéaux de l'UE face à la crise migratoire qui divise l'Europe

  • Des migrants courent pour monter à bord d'un train en partance pour l'Autriche et l'Allemagne, à Budapest dans la gare de Keleti le 31 août 2015
    Des migrants courent pour monter à bord d'un train en partance pour l'Autriche et l'Allemagne, à Budapest dans la gare de Keleti le 31 août 2015 AFP - ATTILA KISBENEDEK
  • La chancelière allemande Angela Merkel, lors d'une conférence de presse à Berlin le 31 août 2015
    La chancelière allemande Angela Merkel, lors d'une conférence de presse à Berlin le 31 août 2015 AFP - JOHN MACDOUGALL
  • Des enfants réfugiés, le 31 août 2015 dans une gare de Budapest
    Des enfants réfugiés, le 31 août 2015 dans une gare de Budapest AFP/Archives - ATTILA KISBENEDEK
  • Une famille de migrants monte à bord d'un train en direction de l'Autriche et de l'Allemagne, dans la gare de Budapest-Keleti, le 31 août 2015
    Une famille de migrants monte à bord d'un train en direction de l'Autriche et de l'Allemagne, dans la gare de Budapest-Keleti, le 31 août 2015 AFP - ATTILA KISBENEDEK
  • Des migrants attendent pour monter dans un train entre Guevgueliya, en Macédoine, et la Serbie, le 30 août 2015
    Des migrants attendent pour monter dans un train entre Guevgueliya, en Macédoine, et la Serbie, le 30 août 2015 AFP/Archives - ARIS MESSINIS
  • Des enfants syriens et leurs parents attendent un train pour l'Allemagne, dans la gare de Vienne en Autriche le 31 août 2015
    Des enfants syriens et leurs parents attendent un train pour l'Allemagne, dans la gare de Vienne en Autriche le 31 août 2015 AFP - JOE KLAMAR
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Centre Presse Aveyron

Des centaines de migrants se sont précipités lundi sur les trains en partance des gares de Budapest à destination de l'Allemagne, au moment où la chancelière allemande Angela Merkel avertissait que l'échec d'une réponse à la crise migratoire mettrait en péril les idéaux de l'Union européenne.

Des embouteillages monstres bloquaient la frontière entre la Hongrie et l'Autriche, où les contrôles ont été renforcés pour traquer les passeurs, tandis que les Européens affichaient leurs divisions quant à l'attitude à adopter vis-à-vis de la crise migratoire.

"Les droits civils universels ont été jusqu'à présent étroitement liés à l'Europe et à son histoire, en tant que principe fondateur de l'Union européenne", a déclaré la chancelière au cours d'une conférence de presse à Berlin, estimant que "si l'Europe échoue sur la crise des réfugiés, ce lien avec les droits civils universels sera cassé, il sera détruit".

En pointe sur le dossier de la crise migratoire ces derniers temps, Mme Merkel a appelé une nouvelle fois à la mise en place de quotas d'accueil par pays européen pour les migrants qui arrivent en Europe, une idée rejetée par de nombreux Etats.

L'Allemagne s'attend à devoir recevoir 800.000 demandes d'asile cette année, quatre fois plus qu'en 2014.

Après les avoir retenus, les autorités hongroises ont laissé partir lundi à bord de trains à destination de l'Autriche et de l'Allemagne plusieurs centaines de migrants qui avaient passé des jours dans des gares de Budapest transformées en camps de réfugiés improvisés.

Ainsi, à la gare de Keleti, à la mi-journée, aucune force de sécurité n'était visible.

Des personnes couraient le long du quai pour attraper un train en direction de l'Autriche prévu pour partir à 13H00 heure locale (11H00 GMT). Certaines aidaient à hisser une femme en chaise roulante dans un wagon.

Un train transportant 300 à 400 migrants a été arrêté à la frontière autrichienne, a indiqué la police autrichienne.

Les migrants, principalement des réfugiés syriens, ont été forcés à en débarquer. Ceux qui avaient déposé une demande d'asile en Hongrie devaient être renvoyés à Budapest, conformément aux règles européennes, les personnes non enregistrées étant autorisées à continuer leur route.

- De la Méditerranée à l'Arctique -

Les personnes se rendant en voiture de Hongrie en Autriche devaient patienter lundi dans des bouchons de 50 kilomètres près de la frontière. La police arrêtait chaque camion, fourgon ou voiture, dans le but de mettre la main sur des trafiquants d'être humains.

Ces mesures ont été mises en place dimanche soir après qu'un camion abandonné eut été trouvé la semaine dernière dans l'Etat du Burgenland, près de la frontière avec la Hongrie, avec 71 cadavres en décomposition de migrants.

En Allemagne, ce sont quelque 1.785 passeurs présumés de migrants qui ont été arrêtés entre janvier et juillet, plus "300 à 400" pour le seul mois d'août, a indiqué lundi la police allemande.

Au nord, au sud, à l'est, des dizaines de milliers de migrants, souvent des réfugiés fuyant les guerres au Moyen-Orient ou en Asie, tentent de gagner l'espace Schengen, mettant l'Europe face à un afflux migratoire sans précédent.

En mer Méditerranée, quelque 119 migrants ont été récupérés lundi à bord d'un canot pneumatique à la dérive au large des côtes libyennes par un navire affrété par l'ONG MSF, a annoncé cette dernière sur Twitter.

A 4.000 kilomètres à vol d'oiseau de Damas, quelque 150 migrants, surtout des réfugiés syriens, ont trouvé depuis le début de l'année dans l'Arctique une nouvelle porte d'entrée en passant par la frontière entre la Russie et la Norvège (qui n'est pas membre de l'UE mais appartient à l'espace Schengen), a déclaré lundi la police norvégienne.

"On en a qui sont passés à vélo en plein hiver", le passage étant interdit aux piétons, a confié à l'AFP le numéro deux du poste-frontière de Storskog, côté norvégien, l'inspecteur Gøran Stenseth. "Le froid, la neige, l'obscurité... Tout cela constitue un vrai défi pour ces personnes".

- L'UE divisée -

La crise fait tanguer les relations entre Européens, dont les division s'étalaient en pleine lumière.

Déterminés à afficher leur rejet des quotas de migrants, les Premiers ministres du Groupe de Visegrad (Hongrie, Pologne, Slovaquie, République tchèque) auront à Prague dans les jours qui viennent une rencontre sur la question des migrations.

Plusieurs responsables occidentaux ont récemment critiqué les pays de l'Est membres de l'UE pour leur peu d'empressement à participer à l'accueil de migrants.

En marge d'une conférence régionale en Slovénie, le président du Conseil européen Donald Tusk a joué les conciliateurs en estimant que l'Europe "fait du mieux qu'elle peut" sur ce dossier, tout en regrettant qu'elle ne soit "pas encore assez efficace".

A l'occasion d'une visite à Calais (nord de la France), l'un des lieux emblématiques de la crise migratoire, le premier vice-président de la Commission européenne, Frans Timmermans, a reconnu que si "les chiffres d'arrivées sont importants", ils sont "tout à fait gérables pour un ensemble de 500 millions d'habitants".

Pour lui, la situation "réclame une réponse commune européenne (...) Il s'agit avant tout d’être fidèle à nos valeurs, des valeurs d’humanité".

Source : AFP

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