Pour ses 150 ans, le Muséum de Toulouse sort de sa réserve

  • La richesse du muséum se trouve aussi dans ses collections - ci-dessus de très anciens herbiers<TH>- dont certaines seront exceptionnellement sorties de leurs réserves.
    La richesse du muséum se trouve aussi dans ses collections - ci-dessus de très anciens herbiers- dont certaines seront exceptionnellement sorties de leurs réserves. AFP ERIC CABANIS
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Centre Presse Aveyron

Culture. Le Muséum de Toulouse, deuxième musée d'histoire naturelle de France, va exposer quelque 250 objets issus de ses collections, reflet des expéditions du XIXe siècle mais aussi de son rôle actuel de conservation.

À l’occasion de ses 150 ans, le Muséum d’histoire naturelle de Toulouse propose l’exposition, baptisée «Les Savanturiers», qui ouvre ses portes jeudi jusqu’en juin 2016, et comprend notamment l’herbier composé par l’un des fondateurs du musée, Philippe Picot de Lapeyrouse. C’est ce naturaliste, alors maire de Toulouse, qui décide d’installer ses collections de minéraux et de fossiles en 1796 dans un ancien monastère, officiellement dédié aux sciences naturelles par décision de Napoléon en 1808.

«C’est l’esprit des Lumières, on est juste après l’Encyclopédie, tout est à découvrir», avec le souci, hérité de la Révolution française, d'«en faire profiter le peuple», explique Francis Duranthon, directeur du Muséum et paléontologue. Occupé un temps par l’école de médecine, le bâtiment sera plus tard réinvesti par les naturalistes et ouvrira finalement au public en juillet 1865, pour accueillir une girafe naturalisée et les collections données à la ville par le navigateur toulousain Gaston De Roquemaurel.

«Mythe de l’ailleurs»

Tirées des quelque 2,5 millions d’objets conservés aujourd’hui par le musée, les pièces de l’exposition anniversaire sont installées dans huit espaces thématiques, jalonnés d’écrans et de jeux interactifs. L’histoire des donateurs de ces objets, scientifiques ou colons, est aussi restituée. Les premiers cailloux ramassés par l’homme en Antarctique, un lion de l’Atlas, espèce disparue, ou encore d’imposantes défenses d’éléphants, côtoient une momie péruvienne ou un masque de deuilleur de Nouvelle-Calédonie, chef-d’œuvre de l’art kanak.

«Toutes les collections du Muséum ont servi la politique coloniale de la France. À une époque où la photographie est balbutiante, où il n’y a pas de cinéma, pas de télévision, tout ce qu’on a ramené à l’époque nourrit l’imaginaire, et incite des gens à s’engager dans la politique coloniale, à devenir militaire, explorateur», estime M. Duranthon.

«Nos collections ont servi d’une certaine manière à forger le mythe de l’ailleurs, et on essaye de montrer comment le regard sur l’autre a changé», poursuit-il. Le musée propose de confronter le regard d’un écrivain malgache avec celui du maréchal Galliéni, administrateur colonial, ou encore le témoignage d’une Guinéenne auprès d’un imposant masque d’épaule Nimba originaire de son pays.

Un rhinocéros «aux airs d’hippopotame»

Premier lieu de création d’une galerie consacrée à la préhistoire, le Muséum présente aussi dans cette exposition un calque de peintures rupestres de la grotte d’Altamira, en Espagne, réalisé par Henri Breuil. Le squelette d’une espèce particulière de rhinocéros «aux airs d’hippopotame», trouvé dans le département voisin du Gers, a été reconstitué et sera visible en première mondiale. «Nos objets sont une banque de données exceptionnelle pour la science. Sans les photos prises par Eugène Trutat (qui fut directeur du Muséum de Toulouse, NDLR) à la fin du XIXe, par exemple, on n’aurait pas pu mesurer l’évolution des paysages pyrénéens», précise M. Duranthon, qui souligne l’importance de continuer à enrichir la collection avec des objets contemporains.

Le Muséum présente ainsi une fluorite prélevée dans une ancienne mine du Tarn, mais aussi des vêtements traditionnels égyptiens et une vitrine participative, qui doit être remplie d’objets donnés par le public. «Notre rôle est de gérer et de transmettre le patrimoine, mais aussi de le développer», assure le directeur. Pour impliquer les visiteurs, qui sont en moyenne au nombre de 300 000 par an, l’équipe a fait un travail de recherche généalogique pour retrouver les descendants des donateurs, et a lancé un financement participatif dans le but de naturaliser une nouvelle girafe, clin d’œil à celle qui trône depuis 150 ans au cœur du musée.

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