Politique. Mardi, à Toulouse, se tenait l’ultime session plénière de la région avant la fusion avec Languedoc-Roussillon en janvier. Avec la «fin» de Midi-Pyrénées et le départ de Martin Malvy, une grande page se tourne. Récit.
«Dans une cinquantaine de jours, je laisserai ce bureau dans lequel j’ai passé bon nombre de mes nuits.» Perché au sixième et dernier étage de l’hôtel de région, Martin Malvy s’est replongé, sans regret ni nostalgie aucune, dans les dix-huit dernières années. Autant d’années passées dans le fauteuil de président de la région Midi-Pyrénées, qui lui colle plus que jamais à la peau. Mardi, le Lotois, âgé de 79 ans, présidait la session plénière de l’assemblée régionale, la «der des ders» avant que les huit départements de Midi-Pyrénées ne se «fondent» dans la nouvelle grande région, au premier janvier 2016. À jamais il restera le dernier président de Midi-Pyrénées. Et leurs histoires, intimement liées.
«Il faudrait être froid comme la pierre pour rester insensible. Forcément, je suis ému», continue Martin Malvy, pendant la suspension de séance, face à une poignée de journalistes. Certains le suivent depuis 1998, couvrent ses déplacements et lui ont souvent tendu le micro. «On se reverra d’ici décembre, c’est promis», sourit l’élu. «C’est râpé pour les vœux, cette année, monsieur Malvy», répond un journaliste. «Peut-être peut-on prévoir le père Noël?», plaisante une deuxième.
«Ce que nous avons fait ensemble, rassurez-vous: on l’oubliera!»
De ses trois mandats à la Région, personnels et collaborateurs retiendront sans aucun doute ses (très) longs discours d’introduction. Son charisme, son humour. La «standing ovation» des élus de tout bord, à l’issue de son intervention, en témoigne. Quelles que soient les convictions politiques des uns et des autres, tous ont salué l’homme fédérateur et attachant. Depuis près d’un an, il avait publiquement annoncé son retrait politique. «Je m’étais fixé une limite. Je pense l’avoir atteinte, et ce n’est pas le moment de la dépasser, a-t-il expliqué. J’ai longuement réfléchi: cette décision est raisonnable.»
Successivement élu maire de Figeac, conseiller départemental, ministre sous François Mitterrand, député et conseiller régional, Martin Malvy semble avoir fait le tour. C’est la tête haute qu’il s’en retourne à Figeac, où il assure toujours un mandat d’élu municipal. «Ce que nous avons fait ensemble, rassurez-vous: on l’oubliera !», a-t-il lancé à l’hémicycle au moment de tourner les talons. Seul compte ce qu’il reste à faire.»
Et de préciser : «La reconnaissance n’existe pas en politique, et on ne fait pas de la politique pour cela. Peut-être dans quelques années les gens diront: “Le plan Rail et les 146 lycées dans la région, c’est Malvy “... et encore ! On a déjà oublié une partie de ce que l’on a fait, c’est normal: on s’inscrit dans une lignée. Nous ne sommes ni les premiers ni les derniers à siéger: ainsi va la vie de la société.» Sur ces quelques mots, Martin Malvy a clôturé la «dernière séance», souhaitant bonne route à ceux qui ont décidé... de la continuer.
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