Eddy Tsige, le prince de cœur de Rodez

La légende dit qu'il est prince d'Éthiopie. Malgré ses démentis, l'histoire persiste. Peu importe. Pour tous ceux qui connaissent Eddy Tsige, le patron de l'Eden café, il est un prince de cœur.

Ce repas qu'il souhaite offrir aux personnes seules le 25 décembre, à midi, en est la preuve. C'est sur ses fonds propres et sans l'aide de personne qu'il projette de faire ce cadeau aux personnes isolées. "S'il y a des enfants, ils auront un cadeau", souligne Eddy, gêné par nos questions. Se mettre en avant, cela n'a jamais vraiment été son "truc". Quand on l'interroge sur ce qui le motive pour organiser une telle opération, aussi généreuse que surprenante de la part d'un particulier, Eddy est presque surpris. "C'est normal ! Je veux rendre ce que la vie m'a donné. Ce que la France m'a donné. J'ai connu la misère. Je sais d'où je viens. Quand je suis arrivé, j'ai fait tous les boulots, à part balayer les rues de Rodez ", dit-il paisiblement, en vous regardant droit dans les yeux.

Mais n'allez pas croire qu'Eddy est riche. "Je ne roule pas sur l'or. Mais je gagne ma vie. L'argent est fait pour être distribué. Quand on meurt on ne part pas avec, que je sache". Le barman n'a pas d'argent, mais il est riche de tout ce qu'il peut donner, du relationnel qu'il tisse tranquillement au fil des ans et des rencontres. Pour autant, cette nonchalance n'est qu'apparente. Sous ses airs cool, Eddy peut se montrer rude avec ceux l'"enquiquinent". "Quand j'ai pris le bar, il y a quatorze ans, j'ai souffert au début. J'ai nettoyé cette rue. Il y avait des cas soc' ", se rappelle-t-il . Et de poursuivre, en servant une bière à un Angolais. "Aujourd'hui, l'Eden café est un bar international. Je reçois des Portugais, des Français de souche, des Sénégalais, des Espagnols, des Arabes. Ici, c'est une famille internationale", lâche le prince éthiopien, en dodelinant de la tête, au rythme de Get Up Stand Up de Bob Marley.

Dans cette chaude ambiance, où la boule à facettes invite à la bonne humeur, les clients se saluent, comme du bon pain. Certains se font la bise, alors que ceux qui arrivent sourient en reconnaissant les visages connus. "Ici, on se sent comme à la maison", ajoute-t-il, en réajustant son éternel bandana enserrant ses dreadlocks, terminées par des élastiques aux couleurs de la Jamaïque.

Les personnes souhaitant participer au repas, qui aura lieu à la salle des fêtes, doivent s'inscrire avant le 18 décembre. Téléphoner au 05 65 68 70 24. Le menu n'est pas arrêté. Eddy Tsige dit le confectionner en fonction du nombre de personnes qui s'inscriront.