Grand Est: des colistiers de Masseret tentent d'enterrer sa candidature, malgré lui

  • Jean-Pierre Masseret, candidat PS en Alsace-Lorraine-Champagne-Ardenne, lors d'une conférence de presse à Metz, le 7 décembre 2015
    Jean-Pierre Masseret, candidat PS en Alsace-Lorraine-Champagne-Ardenne, lors d'une conférence de presse à Metz, le 7 décembre 2015 AFP - JEAN-CHRISTOPHE VERHAEGEN
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Centre Presse Aveyron

"On attend 18H00, on n'est sûr de rien encore": le candidat PS dans le Grand Est, Jean-Pierre Masseret, faisait l'objet mardi d'une fronde de plusieurs de ses colistiers, bien décidés à obtenir malgré lui le retrait de la liste, pour ne pas favoriser une victoire du FN.

"Nous sommes en train d'appeler tous les candidats, les uns après les autres. Nous essayons de les convaincre de se retirer", a expliqué à l'AFP Anne-Pernelle Richardot, numéro un de la liste Masseret dans le Bas-Rhin, qui a elle-même annoncé son retrait sur Twitter, pour "faire barrage" au Front national.

Jean-Pierre Masseret avait déposé sa liste dès lundi après-midi, après un vote en faveur du maintien au second tour, par 13 voix contre 7, des chefs de file du PS dans les dix départements d'Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine, et des têtes de listes départementales.

Une décision fustigée depuis Paris par le Premier ministre Manuel Valls. "Personne ne peut comprendre qu'on puisse favoriser" la victoire du FN, a-t-il lancé, en appelant à voter pour le candidat de la droite Philippe Richert au second tour. A l'instar des secrétaires d'Etat Jean-Marc Todeschini et Christian Eckert, tous deux lorrains, et des maires de Metz et de Strasbourg.

Pour obtenir le retrait de la liste Masseret, la moitié des candidats doivent signifier par écrit qu'ils renoncent, soit 95 personnes sur 189. Leur décision devait être enregistrée en préfecture avant mardi à 18h.

Au-delà, la liste sera considérée comme définitivement enregistrée - avec ou sans l'accord de ceux qui y figurent.

Vers 16h, les partisans du retrait avaient rassemblé 80 signatures, sur les 95 nécessaires, a indiqué à l'AFP l'un d'eux, le maire de Verdun Thierry Hazard, en colère à l'idée de se retrouver "candidat malgré (lui)" si la liste était maintenue.

L'ex-ministre et ex-eurodéputée Catherine Trautmann, candidate dans le Bas-Rhin, s'est aussi prononcée pour le retrait, de même que le président du conseil départemental de Meurthe-et-Moselle, Mathieu Klein.

Jean-Pierre Masseret, qui répète depuis des semaines qu'il vaut mieux "affronter le FN" plutôt que l'éviter, a précisé qu'il n'avait pas de prise sur la démarche de ceux qui essayent d'enterrer sa liste.

- "Séquence politique inédite" -

"Si 50% de mes colistiers font une demande collective de se retirer, je n'ai plus juridiquement de liste, et je suis cuit, mais ce n'est pas à mon initiative, en aucun cas", a-t-il souligné au micro d'Europe 1.

Un secrétaire de fédération socialiste a confirmé à l'AFP que la direction nationale du PS appelait tous les candidats, un par un, pour leur demander de se retirer: "Ils ont commencé dès lundi".

Pour autant, "on ne peut pas parler de menace", explique Mme Richardot, qui évoque "une séquence politique complètement inédite, que personne n'avait imaginée".

Selon des informations rassemblées par l'AFP, les candidats favorables à l'enterrement de la liste seraient majoritaires dans le Bas-Rhin et dans la Marne. "En Meurthe-et-Moselle, on en est à la moitié, mais en Moselle, c'est plus dur", a dit à l'AFP Julien Vaillant, tête de liste en Meurthe-et-Moselle.

La décision de M. Masseret continuait mardi à déchirer électeurs et militants du PS.

"Le débat public, ça ne se passe pas que dans l'hémicycle du conseil régional", estime Olivier Bitz, conseiller départemental et adjoint au maire de Strasbourg, qui milite au PS depuis l'âge de 15 ans et est bien décidé à voter "sans aucun état d'âme" pour la liste LR.

"Dimanche prochain je vote Masseret!", a inversement clamé l'eurodéputé PS Edouard Martin, qui juge "suicidaire" de se priver d'élus de gauche dans la future assemblée.

Faire pression sur les colistiers de Jean-Pierre Masseret pour qu'ils se retirent "n'est pas démocratique. Le parti doit respecter la décision qui a été prise" par les têtes de liste et les secrétaires fédéraux lundi, dénonce sous couvert d'anonymat l'un d'eux, qui envisage désormais de quitter le PS.

La liste PS n'a obtenu dimanche au premier tour que 16,11% des voix, à une vingtaine de points derrière le candidat FN Florian Philippot (36,06%) et une dizaine derrière M. Richert (Républicains-UDI-MoDem, 25,83%).

Source : AFP

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