Donald Tusk aux migrants économiques: "Ne venez pas en Europe"

  • Le président du Conseil européen Donald Tusk (à gauche), rencontre le Premier ministre grec Alexis Tsipras, à Athènes, le 3 mars 2016
    Le président du Conseil européen Donald Tusk (à gauche), rencontre le Premier ministre grec Alexis Tsipras, à Athènes, le 3 mars 2016 AFP - PANAYOTIS TZAMAROS
  • Données sur les arrivées de migrants en Europe en 2015 et 2016
    Données sur les arrivées de migrants en Europe en 2015 et 2016 AFP - Gillian HANDYSIDE, Jonathan STOREY
  • Des enfants se promènent dans le camp de migrants, près du village grec d'Idomeni à la frontière avec la Macédoine, le 2 mars 2016
    Des enfants se promènent dans le camp de migrants, près du village grec d'Idomeni à la frontière avec la Macédoine, le 2 mars 2016 AFP/Archives - LOUISA GOULIAMAKI
  • Des policiers lors du démantèlement de la "Jungle" le 3 mars 2016 à Calais
    Des policiers lors du démantèlement de la "Jungle" le 3 mars 2016 à Calais AFP - PHILIPPE HUGUEN
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Centre Presse Aveyron

Le président du Conseil européen Donald Tusk a appelé jeudi les migrants économiques à ne pas venir en Europe tout en dénonçant les décisions "unilatérales" de certains pays membres de l'UE, à quatre jours d'un sommet UE-Turquie crucial sur la crise migratoire.

Alors que plus de 10.000 migrants sont toujours bloqués à la frontière de la Grèce avec la Macédoine et que le flux migratoire se poursuit risquant de provoquer une crise humanitaire, M. Tusk a lancé un appel pressant depuis Athènes aux migrants économiques.

"Ne venez pas en Europe. Ne croyez pas les passeurs. Ne risquez pas vos vies et votre argent. Tout cela ne servira à rien", a déclaré M. Tusk à l'issue d'un entretien avec le Premier ministre grec Alexis Tsipras.

"Ni la Grèce, ni aucun autre pays européen ne pourront continuer à être des pays de transit". "Les réglementations de Schengen seront à nouveau appliquées", a-t-il prévenu.

Mercredi, en Slovénie, M. Tusk avait estimé qu'un retour aux dispositions de la zone Schengen, incluant des contrôles rigoureux à ses frontières extérieures, était une condition "préalable" à une solution à la crise des migrants.

Toutefois, il a critiqué jeudi les actions "unilatérales" de certains pays membres de l'Union européenne qui ont imposé des quotas à l'entrée de leurs territoires.

"Des décisions unilatérales sans une coordination préalable, même si elles sont compréhensibles dans un contexte national, portent atteinte à l'esprit européen de solidarité", a-t-il affirmé.

La Grèce a à plusieurs reprises protesté contre ces restrictions, surtout contre l'Autriche, un pays qui les a initiées selon Athènes avant d'être suivi par d'autres pays sur la route des Balkans.

La fermeture partielle des frontières sur cette route, empruntée par les réfugiés qui veulent rejoindre l'Europe du Nord, a piégé des milliers de personnes en Grèce, faisant planer, selon l'ONU, la menace d'une crise humanitaire imminente.

- "Faiblesse" européenne -

Incapables d'apporter une réponse coordonnée, les Européens n'en finissent plus de se déchirer alors que les flux sont loin de diminuer avec plus de 130.000 migrants arrivés en Europe depuis début janvier selon le Haut-commissariat aux réfugiés (HCR), après un million l'an dernier.

La quasi-totalité sont passés par la Grèce, principale porte d'entrée dans l'Union, à partir des côtes turques où continuent d'affluer des demandeurs d'asile fuyant la Syrie, où un fragile cessez-le feu entre jeudi dans son sixième jour.

La Grèce, qui abrite actuellement plus de 25.000 migrants, a évalué ses besoins à 480 millions d'euros pour gérer, le cas échéant, l'accueil de 100.000 réfugiés au total.

"La Grèce ne peut pas gérer toute seule" le fardeau migratoire, a réitéré M. Tsipras tout en déplorant "la faiblesse" de l'UE à gérer le flux migratoire.

Pour aider ses Etats membres en première ligne sur la route des migrants, comme la Grèce, l'UE a proposé mercredi une aide humanitaire d'urgence de 700 millions d'euros.

"La Grèce paie un prix élevé pour une situation qu'elle n'a pas créée", a relevé M. Tusk.

A la frontière entre la Grèce et la Macédoine, la situation reste tendue, Skopje continuant de filtrer drastiquement les entrées à Idomeni, avec seulement 500 passages de réfugiés syriens et irakiens autorisés depuis mardi.

Dans le camp d'Idomeni, aménagé pour 1.600 personnes, ils sont déjà plus de 9.000 et la situation humanitaire se dégrade, selon les organisations humanitaires qui pointent le manque de toilettes, de points d'eau et de tentes.

Arrivé à Athènes jeudi matin dans le cadre d'une tournée dans les Balkans, le président du Conseil européen doit se rendre dans l'après-midi à Ankara pour convaincre le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu d'aider à réduire le nombre de migrants arrivant en Europe via la Grèce.

- La "Jungle" au menu du sommet franco-britannique -

A plus de 2.000 km de là, en France, sur la route de migrants qui veulent rejoindre le Royaume-Uni, le démantèlement d'une partie de la "jungle" de Calais (nord) a repris jeudi pour le quatrième jour consécutif dans une ambiance tendue et sous forte surveillance policière.

La partie sud de la "jungle" abrite entre 800 et 1.000 migrants selon les autorités, mais près de 3.500 d'après les associations. Entre 3.700 et 7.000 au total, surtout syriens, afghans et soudanais, vivent dans des conditions précaires dans l'ensemble du camp.

La situation à Calais sera au menu d'un sommet franco-britannique jeudi à Amiens, à quelque 150 km de la "jungle", réunissant le président français François Hollande et le Premier ministre britannique David Cameron.

La Grande-Bretagne, qui contribue actuellement pour plus de 60 millions d'euros à la gestion de cette crise, doit annoncer une augmentation de son aide financière à la France d'"une vingtaine de millions supplémentaires", a déclaré jeudi le secrétaire d'Etat français aux affaires européennes Harlem Désir, à quelques heures du sommet.

Source : AFP

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