Syrie: Européens et Russes veulent consolider la trêve pour relancer Genève

  • La chancelière Angela Merkel et le président François Hollande à Minsk pour les négociations de paix en Ukraine, le 11 février 2015
    La chancelière Angela Merkel et le président François Hollande à Minsk pour les négociations de paix en Ukraine, le 11 février 2015 AFP/Archives - MAXIM MALINOVSKY
  • Des habitants et et des militants déploient un drapeau géant de la rébellion syrienne, lors d'une manifestation dans les décombres du quartier de Jobar, dans l'est de Damas, le 3 mars 2016
    Des habitants et et des militants déploient un drapeau géant de la rébellion syrienne, lors d'une manifestation dans les décombres du quartier de Jobar, dans l'est de Damas, le 3 mars 2016 AFP - AMER ALMOHIBANY
  • Le président russe, Vladimir Poutine lors d'un conseil de sécurité, le 4 mars 2016 à Moscou
    Le président russe, Vladimir Poutine lors d'un conseil de sécurité, le 4 mars 2016 à Moscou Sputnik/AFP - ALEXEI NIKOLSKY
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Centre Presse Aveyron

Européens et Russes ont affirmé vendredi leur volonté de consolider la fragile trêve en Syrie pour permettre de relancer des discussions de paix prévues la semaine prochaine à Genève, mais se sont encore opposés sur la façon de parvenir à une solution politique de la crise.

Renforcer le cessez-le-feu sur le terrain, encore très précaire malgré des "progrès visibles" constatés par l'ONU, améliorer le volet humanitaire afin de convaincre une opposition toujours très méfiante, et rouvrir le plus rapidement possible les discussions intersyriennes pour enclencher une solution politique: rencontres et coups de téléphones se sont multipliés depuis Paris entre les soutiens européens de l'opposition et l'allié russe du régime de Damas.

S'ils se sont accordés sur ces principes, Moscou et Paris ont cependant eu une passe d'armes illustrant leurs visions totalement différentes d'un "processus de transition politique" pour mettre fin à la guerre en Syrie, qui a fait plus de 270.000 morts en cinq ans.

Le président français François Hollande a ainsi dénoncé comme "provocatrice" et totalement "irréaliste" l'idée du président syrien Bachar al-Assad d'organiser des élections législatives en avril. Pour sa part, son homologue russe Vladimir Poutine a estime que cela ne gênerait en rien le processus de paix.

Les deux hommes s'exprimaient après une conversation téléphonique à laquelle ont également participé la chancelière allemande Angela Merkel, le Britannique David Cameron et l'Italien Matteo Renzi.

- Respecter le cessez-le-feu -

Le président russe Vladimir Poutine "a exprimé sa volonté de faire respecter le cessez-le-feu" en Syrie et de "veiller à ce qu'il n'y ait pas de bombardements sur la population civile", a déclaré M. Hollande lors d'un point de presse avec la chancelière allemande.

"L'engagement pour le respect du cessez-le-feu est un message important", a renchéri Mme Merkel, ajoutant qu'il avait été demandé à Moscou de "faire valoir son influence" sur son allié syrien pour qu'il respecte la trêve.

Cette dernière ne s'applique pas aux groupes jihadistes Etat islamique (EI) et Al-Nosra, classés terroristes par l'ONU. Mais son application est compliquée par l'imbrication des groupes et le fait qu'Al Nosra est allié à des rebelles dits modérés dans certains secteurs.

Au même moment, les chefs de la diplomatie française, britannique, allemande et européenne se réunissaient au Quai d'Orsay et ont rencontré le coordinateur de l'opposition syrienne Riad Hijab.

"Il y a des progrès réels" sur le terrain en Syrie, a jugé le Français Jean-Marc Ayrault, en insistant sur la nécessité d'une reprise rapide des négociations de Genève. Mais "pour que ces négociations redémarrent de façon crédible, deux conditions doivent être réunies: l'accès de tous les Syriens à l'aide humanitaire et le plein respect de la trêve", a-t-il dit.

- Convaincre l'opposition-

L'opposition juge toujours insuffisante l'amélioration de la situation humanitaire en Syrie, où près d'un demi-million de personnes vivent dans des zones assiégées. La question est essentielle pour le Haut Comité des Négociations (HCN, regroupant des représentants politiques et des groupes armés de l'opposition) pour venir s'asseoir à la table des négociations avec le régime de Damas, et la date prévue de reprise, le 9 mars à Genève, a été jugée "irréaliste" par un de ses porte-parole, Monzer Makhous.

La question de l'accès à l'aide humanitaire est "encore loin d'être satisfaisante", a estimé l'Allemand Frank-Walter Steinmeier, mais "nous avons encouragé M. Hijab, quelles que soient ses réserves, à se préparer à retourner à la table des discussions à Genève", a ajouté son homologue britannique Philip Hammond.

Une précédente tentative de discussions indirectes sous l'égide de l'ONU avait échoué le 3 février, en raison de l'intensification des bombardements russes et de l'aggravation de la situation humanitaire.

Sur le terrain, l'ONU se préparait à délivrer de l'aide humanitaire à Kafar Batna, une ville tenue par les rebelles à l'est de Damas, la deuxième opération de ce genre depuis l'entrée en vigueur de la trêve samedi dernier.

Kafar Batna est située dans la région de la Ghouta orientale, un fief rebelle dont plusieurs localités sont assiégées par les forces progouvernementales depuis 2013, et qui ont fait l'objet de nombreux bombardements au cours de la guerre.

La situation était calme dans cette région depuis l'entrée en vigueur de la trêve, mais vendredi, pour la première fois, deux raids aériens ont touché les alentours de la ville de Douma, faisant un mort selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Source : AFP

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