Loi travail contre assurance chômage: Gattaz pose un ultimatum

  • Pierre Gattaz intervient le 19 avril 2016 lors de sa conférence de presse mensuelle au siège du Medef à Paris
    Pierre Gattaz intervient le 19 avril 2016 lors de sa conférence de presse mensuelle au siège du Medef à Paris AFP - ERIC PIERMONT
  • Le Premier ministre Manuel Valls aux côtés de la ministre du Travail Myriam El-Khomri, lors d'une réunion interministérielle sur l'égalité et la citoyenneté le 13 avril 2016 à Vaux-en-Velin, près de Lyon
    Le Premier ministre Manuel Valls aux côtés de la ministre du Travail Myriam El-Khomri, lors d'une réunion interministérielle sur l'égalité et la citoyenneté le 13 avril 2016 à Vaux-en-Velin, près de Lyon AFP/Archives - PHILIPPE DESMAZES
  • Le secrétaire général de Force Ouvrière, Jean-Claude Mailly, manifeste à Paris le 9 avril 2016, contre la réforme du Travail
    Le secrétaire général de Force Ouvrière, Jean-Claude Mailly, manifeste à Paris le 9 avril 2016, contre la réforme du Travail AFP/Archives - JOEL SAGET
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Centre Presse Aveyron

Pierre Gattaz lance un ultimatum au gouvernement: le président du Medef a menacé de se retirer de la négociation d'assurance chômage si "rien ne bouge rapidement" sur le projet de loi travail. Matignon lui a opposé une fin de non-recevoir.

Particulièrement offensif, M. Gattaz a donné mardi "trois semaines" au gouvernement pour "profondément corriger" le texte, sans quoi son organisation "en tirera les conséquences": le cas échéant, "nous demanderons sans doute la suspension des négociations d'assurance chômage", a-t-il prévenu devant la presse.

"Ce n'est pas un ultimatum du Medef qui va peser sur le débat parlementaire ou sur l'engagement du gouvernement", a rétorqué Matignon, interrogé par l'AFP, jugeant que "la loi Travail est prise en otage d'enjeux internes au Medef".

"C'est une conception pour le moins étrange du dialogue social", a réagi, pour sa part, le ministère du Travail.

Organisations patronales et syndicales négocient depuis février une nouvelle convention d'assurance chômage, qui doit entrer en vigueur le 1er juillet. La prochaine séance, le 28 avril, n'est pas remise en cause, selon une source au Medef.

"Il n'est plus question aujourd'hui de continuer à faire semblant, à négocier dans une logique absurde de donnant-donnant, qui n'a mené depuis 30 ans qu'à plus de complexité, de rigidité et de coût pour les entreprises, et plus de chômage durablement élevé pour les concitoyens", a estimé M. Gattaz.

"Nous avons atteint aujourd'hui notre point de rupture", a-t-il assuré, dénonçant "un texte qui ne mène à rien et qui peut être vraiment contreproductif".

Le patron des patrons réclame le retrait du compte personnel d'activité (CPA), de la surtaxation obligatoire des CDD et du mandatement, qui donne la possibilité pour les entreprises sans représentation du personnel de négocier avec des salariés mandatés par un syndicat.

La réforme du Code du travail, bien qu'édulcorée pour apaiser la colère de la majorité, répond à plusieurs revendications patronales: clarification des critères de licenciement économique, assouplissement du temps de travail, accords dits "offensifs" en faveur de l'emploi...

- 'Faute lourde' -

"Il reste quelques points positifs, mais il y a une longue liste de points négatifs", a opposé Pierre Gattaz, craignant "une version 4 qui serait encore plus horrible".

Le projet de loi doit être examiné en première lecture à l'Assemblée nationale du 3 au 12 mai. Un conseil exécutif du Medef est prévu le 9 mai.

"Je veux mettre en garde le gouvernement et les parlementaires: l'échec de la loi El Khomri signera plus que l'échec d'un nouveau projet de loi inabouti, nous en tirerons les conséquences qui s'imposeront sur l'ensemble du champ du dialogue social", a-t-il insisté.

Pierre Gattaz, qui a haussé le ton, s'est défendu d'avoir cédé à la pression de certaines fédérations du Medef et assuré que sa "mise en garde" traduisait un "avis unanime" de la direction, ainsi qu'une "très forte défiance" des employeurs.

La CGPME, elle aussi très remontée contre l'évolution de la réforme du code du travail, a déjà menacé de se retirer de la négociation.

Selon M. Gattaz, il n'est plus possible de négocier avec la CGT et Force ouvrière, qui sont dans la "culture de l'opposition systématique", "ne font aucune proposition", "pratiquent la lutte des classes", sont "très politisées" et font preuve d'une "détestation de l'entreprise et de l'économie de marché".

Jean-Claude Mailly, numéro un de FO, a vivement réagi à ces accusations, dénonçant auprès de l'AFP des propos "pitoyables". Selon lui, "c'est la preuve de l'inculture sociale et économique" de M. Gattaz, qui "verse dans le poujadisme" et "fait le jeu de l'extrême droite".

Pierre Gattaz a aussi été taclé par Laurence Parisot, à qui il a succédé à la tête du Medef. "Quitter la négociation assurance chômage, dans l'état actuel de notre pays, serait une faute lourde", a-t-elle tweeté.

Si, d'aventure, la négociation sur l'assurance chômage échouait, l'État fixerait lui-même "les nouveaux paramètres de l'assurance chômage", a prévenu en février la ministre du Travail Myriam El Khomri.

Source : AFP

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