Le festival du théâtre de rue d’Aurillac fête à nouveau ses 30 ans

  • Un deuxième 30e anniversaire qui se déroulera sous le soleil.
    Un deuxième 30e anniversaire qui se déroulera sous le soleil. AFP
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Centre Presse Aveyron

Concert de pièces de voitures, féerie de plumes ou réflexion philosophique : le festival international du théâtre de rue d’Aurillac va faire vibrer la ville du 17 au 20 août, avec cette année une vigilance accrue côté sécurité.

Plus de 100 000 spectateurs sont attendus dès demain à Aurillac, la tranquille préfecture du Cantal qui accueillera une vingtaine de compagnies françaises et étrangères, présentant dix créations, lors de cette «30e édition bis». Les organisateurs ont en effet choisi de prolonger la fête du 30e anniversaire déjà célébré en 2015, mais sans avoir pu rassembler toute la grande famille du spectacle vivant.

«La 30e édition n’était pas exhaustive. Il y a plein de compagnies qu’on aurait aimé inviter mais qui n’avaient pas pu venir. On a donc décidé de suspendre le temps et de la continuer», explique le directeur du festival Jean-Marie Songy. En marge de la programmation officielle, plus de 600 compagnies se produiront également dans les rues, squares et cours de la ville pour une fête éclectique et joyeuse. Défrichant des nouvelles formes créatives du théâtre de rue, le festival mettra cette année en lumière de nouvelles pratiques artistiques.

«Le spectacle de rue a évolué. Avant, on s’installait sur une place publique; on utilisait des voitures. Aujourd’hui, on se sert du mobilier urbain, du numérique», ajoute le directeur. Habituée du festival, la compagnie marseillaise Generik Vapeur sera de retour avec La Deuche joyeuse, «un opéra de parvis» mettant en scène un orchestre oublié sur un quai de gare qui meuble l’attente avec un concert tonitruant de pièces de carrosserie de 2 CV.

L’humour dingue contre le terrorisme

Après avoir dézingué le monde de la finance et du pouvoir, la Compagnie N° 8 poursuivra avec Garden Party et Cocktail Party son observation critique de la société en s’attaquant cette fois aux bourgeois et aux aristocrates s’adonnant au superflu quand le monde s’écroule autour d’eux. Autre moment fort, le spectacle Place des Anges : la compagnie Gratte Ciel fera voltiger dans le ciel de la cité cantalienne ses petits personnages cabotins, sous un déluge féerique de plumes. L’Association Roure conviera elle les spectateurs à une «pirouette philosophique» sur la vie après la mort et leur proposera dans Zéro Avril de choisir leur camp entre morts et vivants.

Et Aurillac a choisi le camp des vivants, même si, à l’instar des autres grands rassemblements populaires de l’été, le festival a dû s’adapter à la menace terroriste. L’association Éclat, les services de l’État et la ville ont redoublé d’efforts pour assurer la mise en sécurité du centre-ville. Son accès sera strictement contrôlé et de nombreuses artères seront réservées aux piétons, dont les sacs seront fouillés. Les rues seront barrées avec des plots de béton, des chaînes et des barrières installées. Bouteilles en verre, alcools, bagages et gros sacs seront interdits. Une consigne gratuite sera mise à la disposition du public. Un seul spectacle, Place des Anges, le samedi 20 août, fera l’objet d’un contrôle avec palpation à l’entrée. «C’est celui avec la plus grosse jauge de spectateurs», expliquent les organisateurs.

«On répond aux exigences de l’État tout en essayant de protéger la liberté de création de ce rendez-vous artistique», insistent-ils. «Aucun artiste ne s’est désisté» après l’attentat de Nice, relèvent-ils. Ces mesures risquent-elles de faire perdre son identité à ce joyeux festival de déambulation ? «On n’a pas les moyens de fermer une ville. Travailler dans la rue est vital pour ces compagnies», souligne Jean-Marie Songy. L’autre grand rendez-vous hexagonal des arts de la rue, le festival «Chalon dans la rue», avait été touché le mois dernier par la polémique sur la sécurité des grands rassemblements populaires déclenchée par l’attentat de Nice. Le maire LR de la ville Gilles Platret avait alors refusé d’accueillir la ministre de la Culture Audrey Azoulay, venue notamment s’enquérir du dispositif de sécurité mis en place pendant le festival.

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