Violences inédites contre des enseignants en banlieue parisienne

  • L'enseignant a été violemment agressé lundi par deux jeunes hommes alors qu'il ramenait sa classe de CE2 d'un cours de sport à Argenteuil
    L'enseignant a été violemment agressé lundi par deux jeunes hommes alors qu'il ramenait sa classe de CE2 d'un cours de sport à Argenteuil AFP/Archives
  • La ministre français de l'Education Najat Vallaud-Belkacem à l'Assemblée nationale, à Paris, le 12 octobre 2016
    La ministre français de l'Education Najat Vallaud-Belkacem à l'Assemblée nationale, à Paris, le 12 octobre 2016 AFP/Archives - JACQUES DEMARTHON
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Centre Presse Aveyron

Des cocktails Molotov lancés sur un lycée, des proviseurs et enseignants violemment agressés pour avoir sermonné un élève ou tenté de ramener le calme: la banlieue parisienne connaît un épisode de violences scolaires qui inquiète jusqu'au gouvernement.

"Seine-Saint-Denis et Val-d'Oise: l'État poursuivra sans relâche ceux qui s'en prennent à nos professeurs, nos écoles, nos forces de l'ordre", a tweeté mardi le Premier ministre Manuel Valls, après la série d'incidents survenus dans ces départements.

La ministre de l'Éducation nationale, Najat Vallaud-Belkacem, a condamné une "montée des violences à l'égard des fonctionnaires" dans ces territoires, visant "aussi bien les policiers que les enseignants et les proviseurs". Et encouragé les personnels à porter plainte systématiquement.

Les violences ne se limitent pas à la région parisienne. Un élève de terminale d'un lycée professionnel de Calais (Pas-de-Calais) a cassé la mâchoire et plusieurs dents de son professeur vendredi en plein cours. A Colomiers, près de Toulouse, une professeur de sport a été frappée au visage lundi par un lycéen.

Mais la série récente d'agressions en banlieue parisienne a frappé les esprits, notamment les violences impliquant 80 jeunes lundi devant un lycée de Tremblay-en-France (Seine-Saint-Denis).

Des témoins ont décrit des scènes d'émeute urbaine avec des jeunes cagoulés harcelant les forces de l'ordre, qui ont également essuyé des tirs de mortier d'artifice.

La proviseur, qui se tenait à la grille comme chaque matin, a été molestée pour avoir tenté de raisonner les émeutiers. Elle a été transportée à l'hôpital en même temps que la gardienne du lycée, qui a fait un malaise. L'établissement est fermé jusqu'à nouvel ordre.

- La sécurité en question -

Dans le même département, le proviseur d'un lycée professionnel de Saint-Denis s'est fait casser le bras jeudi dernier par un élève qui n'avait pas supporté une remontrance sur son retard. Son adjointe a été blessée au visage.

Par ailleurs, dans le Val-d'Oise, un enseignant a été passé à tabac en pleine rue par deux jeunes hommes à Argenteuil, alors qu'il réprimandait une élève en ramenant sa classe de CE2 d'un cours de sport.

Le Syndicat national des personnels de direction de l'Education nationale (SNPDEN) a "condamné avec la plus grande fermeté" les récentes violences. "Les établissements les plus exposés dans les zones les plus sensibles ne disposent d'aucun personnel de sécurité", a pointé Philippe Tournier, secrétaire général du premier syndicat des chefs d'établissement, interrogé par l'AFP.

La ministre de l'Education a reconnu, lors d'une conférence de presse, que se pose "une question de sécurisation des abords des établissements". "C'est la raison pour laquelle, dans les tout prochains jours, j'ai voulu que se tienne une réunion entre les autorités académiques de la Seine-Saint-Denis et la préfecture pour que nous discutions des sujets d'ordre public".

"De qui se moque-t-on?", a réagi la porte-parole du parti Les Républicains, Annie Genevard. La réponse du gouvernement est "dramatiquement faible", a-t-elle accusé, estimant qu'il "s'est égaré dans des réformes absurdes ou inutiles au lieu de se concentrer sur les priorités".

De son côté, la présidente (LR) de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse, s'est dit "prête à faire davantage face aux violences", soulignant que la région avait "financé 170 actions de sécurisation de lycées depuis un an".

Le syndicat lycéen Fidl a, lui, réclamé "des états généraux de la lutte contre la violence à l'école, organisés par les lycéens qui sont les principaux concernés".

A Tremblay-en-France, il s'agissait du troisième épisode de violences en quelques jours aux abords du même lycée.

Le syndicat SUD Education 93 a réclamé "un plan d'urgence pour l'éducation dans le 93", affirmant que ces dernières semaines des "incidents graves" avaient aussi eu lieu à Noisy-le-Sec ou encore aux Pavillons-sous-Bois.

"Il y a des incidents, oui, les relier les uns aux autres, non. Il n'y a pas en Seine-Saint-Denis de malfrats qui ont décidé d'en découdre avec les enseignants", estime cependant une source policière.

Source : AFP

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