Recel d'oeuvres de Picasso: sursis en appel pour l'ex-électricien

  • Danièle et Pierre Le Guennec à l'ouverture de  leur procès le 31 octobre 2016 à Aix-en-Provence
    Danièle et Pierre Le Guennec à l'ouverture de leur procès le 31 octobre 2016 à Aix-en-Provence AFP - BORIS HORVAT
  • Claude-Ruiz Picasso, le fis de Pablo Picasso, au procès de Pierre Le Guennec le 31 octobre 2016 à Aix-en-Provence
    Claude-Ruiz Picasso, le fis de Pablo Picasso, au procès de Pierre Le Guennec le 31 octobre 2016 à Aix-en-Provence AFP - BORIS HORVAT
  • Les pièces du dossier du recel d'oeuvres de Picasso, au tribunal le 31 octobre 2016 à Aix-en-Provence
    Les pièces du dossier du recel d'oeuvres de Picasso, au tribunal le 31 octobre 2016 à Aix-en-Provence AFP/Archives - BORIS HORVAT
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Centre Presse Aveyron

Ils avaient entreposé 271 oeuvres de Picasso durant 40 ans dans leur garage: l'ex-électricien de l'artiste, Pierre Le Guennec, et son épouse ont été condamnés vendredi en appel à deux ans de prison avec sursis pour recel.

L'arrêt de la cour d'appel confirme "en toutes ses dispositions civiles et pénales" le jugement rendu en première instance par le tribunal de Grasse (Alpes-Maritimes) en 2015, qui avait également décidé de remettre les oeuvres au fils de l'artiste, Claude Ruiz-Picasso, représentant les six héritiers au procès.

Les oeuvres, non signées ni inventoriées au moment du décès du peintre en 1973, avaient refait surface lorsque M. Le Guennec s'était présenté à Claude Picasso afin d'en faire authentifier 180 ainsi qu'un carnet de 91 dessins. Les héritiers avaient aussitôt porté plainte.

Parmi les oeuvres se trouvent quelques pépites: des dessins stylisés de femmes et de chevaux, neuf collages cubistes très rares de l'époque de sa collaboration avec Georges Braque, une étude de la "période bleue" ou encore des œuvres plus intimes comme des études de sa maîtresse Fernande, des dessins de sa première femme Olga ou un petit cheval découpé réalisé pour ses enfants. Aucune oeuvre n'est signée ou dédicacée, une façon pour l'artiste de se protéger des vols dans ses ateliers.

"Après six ans de procédure, où nous avons eu face à nous une défense complètement acharnée avec cinq avocats, des centaines et des centaines de pages de conclusions et de mémoires, on ne peut qu'être satisfait que la vérité que nous affirmons dès le départ ait été reconnue", s'est réjoui Me Jean-Jacques Neuer, avocat de Claude Ruiz-Picasso et seul représentant des parties civiles présent à l'audience en appel.

Après avoir soutenu, lors du procès en première instance, que les 271 oeuvres, datées de 1900 à 1932, étaient un cadeau offert en 1971 ou 1972 par l'artiste pour qui l'électricien avait travaillé entre 1970 et 1973, en remerciement de son dévouement, Pierre Le Guennec avait changé de version devant la cour d'appel.

- "Mensonge hallucinant" -

A la barre, la voix tremblante et l'expression maladroite, il avait affirmé qu'il s'agissait d'un don de Jacqueline, la veuve du maître, après la mort de Picasso. Quelques mois après le décès du peintre, "elle m'a demandé de bien vouloir mettre chez moi en réserve des sacs poubelle", avait-il assuré. Selon lui, il y en avait entre 15 et 17. Plus tard, elle lui aurait demandé de les lui rendre, sauf un pour lequel elle aurait dit "Gardez-le, c'est pour vous", avait déclaré M. Le Guennec.

Il s'agissait "peut-être" de faire échapper ces sacs à l'inventaire de succession, avait-il poursuivi, affirmant ne pas avoir dit la vérité plus tôt par "peur qu'on m'accuse ainsi que madame d'avoir volé ces sacs".

L'avocat général n'avait pas cru la nouvelle version du couple et demandé la confirmation des peines de première instance. "Je pense que c'est une soustraction à un Pablo Picasso vieillissant et à Jacqueline, plus que jamais focalisée sur son mari", avait estimé Christophe Raffin. "On peut se demander si ce qu'on nous a présenté comme vérité aujourd'hui n'est pas encore un mensonge", avait lancé l'avocat général.

Me Eric Dupond-Moretti, avocat des prévenus, avait affirmé avoir obtenu "difficilement" cette version de son client quelques jours auparavant et avoir "la certitude que Jacqueline (avait) caché un certain nombre d'oeuvres, pas pour faire du recel". Il avait demandé un complément d'information pour "vérifier si d'autres oeuvres(avaient) pu être mises de côté par Jacqueline Picasso, pas forcément à des fins marchandes", une demande rejetée par la cour d'appel.

Pour les parties civiles, Me Neuer avait quant à lui dénoncé un "mensonge hallucinant", affirmant que cette affaire touchait aux "aspects les plus noirs et puissants du marché de l'art" et soutenant la thèse d'un "blanchiment international d'oeuvres volées".

Source : AFP

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