Présidentielle : Que retenir du deuxième tour de la présidentielle en Aveyron ?

Emmanuel Macron a raison d’aimer l’Aveyron. Avec 72,81 % des voix portées dimanche sur sa candidature, le département fait mieux que le score national accordé au nouveau président. Mieux encore, seules quatre des 288 communes aveyronnaises ne l’ont pas placé en tête du scrutin : Arnac-sur-Dourdou (68,63 % des 60 votants ont choisi Marine Le Pen), mais aussi Murols avec 55,13 % et La Cavalerie (53,85 %) qui avait déjà placé la candidate en tête au premier tour. Et, fait insolite, Sainte-Eulalie-d’Olt a mis les deux candidats à égalité : 117 votants chacun.

Mieux toujours, l’Aveyron fidèle à ses principes, a laissé l’abstention à 20,14 % contre plus de 25 % au niveau national. Certes, avec 79,86 % de participation, le département marque le pas par rapport à 2012 (85,79 %) lors du duel Hollande-Sarkozy du second tour. Mais le contexte politique a suffisamment évolué en cinq ans - et surtout au cours des derniers mois - pour que toute comparaison devienne hasardeuse.

Plébiscite Macron sur les terres de Teyssèdre

Comme ils l’espéraient les sympathisants du mouvement En Marche !, avec 80,35 % des suffrages exprimés, le nouveau jeune président de la République française a plébiscité par les électeurs ruthénois. Avec un taux de participation de 76,21 % , très légèrement inférieur à celui inférieur à celui de premier tour (79,01 %), les Ruthénois ont fait mieux que les Français dans leur ensemble, mais moins bien que les Aveyronnais.

Certes, il demeure, comme ce fut le cas en 2002 (Jacques Chirac- Jean-Marie Le Pen), une mobilisation propre à « faire barrage au Front national ». Le candidat RPR l’emportait alors avec 88,14 % des voix en Aveyron. En dix-sept ans, le parti dirigé aujourd’hui par Marine Le Pen a lentement progressé au fil du scrutin, sans jamais pour autant transformer l’essai. À l’exemple de Montagnol qui mettait au premier tour Marine Le Pen en tête (35 %) comme dix autres communes aveyronnaises et qui, hier, a donné près de 60 % à Emmanuel Macron.

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Il faut dire que face au Front national, c’est un front commun qui s’est dressé. Car les voix emportées hier par le nouveau président ne sauraient témoigner toutes d’une adhésion à son programme. Ainsi, le Nord-Aveyron et la haute vallée du Lot, qui ont voté majoritairement François Fillon au premier tour, ont suivi les appels à faire barrage au FN, au-delà de la seule conviction à un projet. Il en est de même dans bien d’autres endroits du département, confrontés de plus à l’invitation au « ni-ni », prônée notamment par la France insoumise de Jean-Luc Mélenchon. Ce dernier a obtenu ses meilleurs scores dans le Bassin decazevillois au premier tour. Pour autant, Emmanuel Macron y a obtenu au final une moyenne de 73 % des voix pour une participation à peine plus faible que la moyenne départementale.

Alors bien sûr, on se devait de guetter la proportion de votes blancs, corollaire du « ni-ni », mais aussi de la nature même des deux candidats, affranchis du clivage traditionnel. Hier soir 16 202 Aveyronnais n’ont rien mis dans l’enveloppe, soit 7,65 % (contre 6,45 % au second tour en 2012), auxquels s’ajoutent 7 063 électeurs (3,33 %) qui ont voté nul. C’est finalement assez peu par rapport aux craintes exprimées jusqu’alors sur ce mode d’expression à part entière.

Au final, l’Aveyron est donc résolument Macron. Le score qu’il a obtenu à Rodez (80,35 %), la ville de Christian Teyssèdre, soutien de la première heure, en témoigne. On peut y ajouter, anecdotiquement, le coup de rein de Castelmary (89,87 %) ou Mounes-Prohencoux (87,22 %). Un coup de rein qu’il faudra inscrire dans la durée, à commencer par le vote des députés les 11 et 18 juin. Les choses sérieuses ne sont pas terminées.