Les champignons sont de sortie : on vous dit tout ce qu’il faut savoir sur la cueillette

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Centre Presse / Christophe Cathala

L’heure de la migration vers les bois a sonné. Depuis plusieurs jours déjà, les chasseurs de champignons sont à pied d’œuvre à peu près partout où ces coins de nature, jalousement conservés dans les mémoires par les amateurs éclairés, livrent les trésors du sol. Le roi cèpe, dispute aux girolles, coulemelles et oreillettes, babissous du causse et pieds de mouton les places d’honneur au tableau de chasse.

La forêt est une propriété privée, qu’elle appartienne à l’État, à une collectivité ou à un propriétaire privé. Il est préférable de se renseigner avant toute cueillette auprès des propriétaires forestiers, mais malheureusement, sur place, on n’en connaît pas toujours l’identité...

Certains tolèrent les cueillettes familiales raisonnées uniquement pour les besoins domestiques à l’exclusion des prélèvements à caractère commercial. La tolérance couramment admise, notamment dans les forêts publiques, est de 5 litres. Cette mesure (en volume et non en poids) a été privilégiée pour faciliter le contrôle, le récipient étant plus maniable en forêt qu’une balance.

On rappellera utilement deux textes réglementaires qui font autorité en matière. D’abord, l’Article 547 du code civil : « Les fruits naturels ou industriels appartiennent au propriétaire par droit d’accession ». Mais surtout l’article R331 du code forestier : « Le fait, sans l’autorisation du propriétaire du terrain, de prélever des champignons, fruits et semences des bois et forêts est puni de l’amende prévue pour les contraventions de 2e classe (150 € et plus). Lorsque le volume extrait est supérieur à 5 litres, l’amende encourue est celle prévue pour les contraventions de la 4e classe (750 € et plus). »

De plus, l’absence d’un panneau « cueillette de champignons interdite » n’autorise pas pour autant les ramasseurs à pénétrer et ne les dispense pas d’une autorisation délivrée par le propriétaire des lieux.

Enfin, il est primordial de respecter l’ensemble des autres utilisateurs des espaces naturels comme les exploitants forestiers, les promeneurs mais aussi les chasseurs. Ne circuler que sur les chemins et routes ouverts à la circulation publique.

Chacun a sa méthode pour déterminer la bonne période de sortie des champignons. Pour certains, c’est la lune. Et plus précisément neuf jours après la lune noire. On y est presque : c’est la semaine prochaine que tout devrait se jouer.

Saufs que certains cueilleurs ont déjà rempli leur panier. « Je préfère suivre les pluies », avoue Jean-Louis Menos, président de l’association mycologique et botanique de l’Aveyron (Amba). De fortes pluies, suivies d’un redoux et le tour est joué. Là, en ce vendredi, on y est.

Car c’est bien d’une chasse dont il s’agit, avec ses allures de promenade guerrière, voire ses embuscades. Les gardes forestiers qui protègent les parcelles privées ne savent plus où donner de la tête, dans les Palanges notamment, où les cortèges de voitures garées au bord des chemins témoignent d’une effervescence ignorant la plupart du temps la réglementation.

Cueillir des champignons n’a parfois rien de bucolique quand les coups de couteau se perdent dans les pneus : les propriétaires lésés par ces récoltes qu’ils n’ont pas autorisées sur leur sol, croisent dans un même élan de vengeance ceux qui voient piétiner leurs zones secrètes par des « étrangers »... venus parfois du canton voisin.

Car le catéchisme des cueilleurs est, avant tout, de ne pas dévoiler les endroits où l’on « est sûr » de trouver de quoi remplir un panier... Ces endroits sont, de façon générale, les forêts de chênes et de pins, les causses, les vallons ombragés. De l’Aubrac au Lagast en passant par le Bassin decazevillois et le Lévezou, cela fait beaucoup. Rien que pour les forêts, on recense dans le département 245 000 hectares dont 92 % sont aux mains de 56 000 propriétaires privés... Avec 1 942 espèces de champignons identifiées dans le département, il devrait y en avoir pour tout le monde et pour tous les goûts. Mais par n’importe comment.

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