Jérémy Munoz : « Je m’exécute comme un soldat, je pose le cerveau »

  • Me Laurent Boguet, avocat de la famille Vautrin.
    Me Laurent Boguet, avocat de la famille Vautrin.
Publié le
Centre Presse / Philippe Henry

Jérémy Munoz a longuement eu l’occasion de détailler ces quelques minutes qui ont fait basculer un banal contrôle routier en un drame. Hier, se tenant droit face aux juges et jurés de la cour d’assises de l’Aveyron, le trentenaire accusé d’avoir tué le sous-brigadier Benoît Vautrin, le 10 avril 2015 à Aubin, Jérémy Munoz détaille cette journée ensoleillée qu’il passe entre visite chez des amis et de la famille. Puis, à bord de l’Audi de son ami, l’accusé arrive à Aubin. Il est alors flashé à 94 km/h au lieu de 50 à 15 h 30.

La suite, le jeune homme la raconte sans hésitation : « J’ai vu trois policiers en travers de la route. À ce moment-là, je fais demi-tour. Je ne me pose pas de question. Mon collègue dit de tracer. Je m’exécute comme un soldat, je pose le cerveau. » Il poursuit : « Un peu plus loin, j‘ai vu une personne, un policier me disant de m’arrêter. Je me suis déporté, il s’est positionné sur la route et quand j’arrive à sa hauteur, je sens l’impact et je freine de suite. Je dis à mon passager, ‘‘Mais qu’est-ce qu’il fait là’’.

Jérémy Munoz va pratiquer un massage cardiaque sur la victime. Les autres policiers arrivent peu après sur les lieux pour constater le décès de Benoît Vautrin. L’autre témoin clé de cette affaire, est le passager. « Jérémy, c’est le frère que je n’ai pas eu », glisse le jeune homme âgé de 29 ans. D’après ses déclarations, il aurait intimé l’ordre à Jérémy Munoz de ne pas s’arrêter au contrôle de police car son véhicule risquait d’être immobilisé pour des pneus dont l’usure était maximale. Mais « quand je vois qu’on perd le contrôle, je panique, je dis d’arrêter, je me baisse... Mais c’est déjà trop tard. Tout s’est passé trop vite ».

« On était dans la même voiture, on n’était pas au même endroit, glisse le principal témoin du drame. Je n’ai pas cessé de lui dire de s’arrêter avant, pendant et après avoir vu le policier nous faire signe de s’arrêter. Il ne m’entendait pas. » « Mais si je suis seul, je m’arrête au barrage », rétorque Jérémy Munoz. Une partie des débats de la matinée s’est focalisée sur la consommation de stupéfiants de l’accusé. Ce dernier jurant n’être qu’un consommateur occasionnel. En tout cas, l’avocat de la famille Vautrin, Me Boguet l’accuse de vouloir « minimiser » les effets du cannabis sur sa conduite.

Les témoignages apportés mercredi ont également éclairé le dossier sur l’instant où Benoît Vautrin a été percuté par Jérémy Munoz. Deux riverains, témoins directs de la scène ont été entendus à la barre. Après l’heure du déjeuner, ce vendredi 10 avril, le couple se trouve au balcon de son domicile qui donne sur l’avenue du Lycée où le sous-brigadier a trouvé la mort.

Les deux sont formels. Benoît Vautrin est venu se placer au milieu de la chaussée, a tendu le bras, fait signe à la voiture de s’arrêter et a crié : « Arrête-toi ! Arrête-toi. » « Son ton a changé. Au début il était très ferme, puis il semblait interrogatif », confie la femme. Comme si Benoît Vautrin avait deviné que la voiture ne s’arrêterait pas. Ces déclarations viennent contredire la version de l’accusé et de son passager qui affirment que le policier s’est légèrement déporté pour éviter le véhicule. À peine évoquée jusqu’ici, la vie de Benoît Vautrin le sera aujourd’hui devant les jurés.

Voir les commentaires
L'immobilier à Rodez

450000 €

En exclusivité chez IMMO DE FRANCE, venez vite découvrir cet opportunité d'[...]

Toutes les annonces immobilières de Rodez
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?