Decazeville. Claude Lajeunie : "Applaudir ou agir ?"

Claude Lajeunie nous propose un autre sujet de réflexion sur les "invisibles".

"Je connais une invisible, appelons la Marie. Depuis des années Marie aide une personne malade à domicile.

Marie passe régulièrement des nuits de 12 heures. C’est très dur, la nuit avec une télé à fond, un canapé éculé, une malade qui demande sans cesse un petit massage, qu’on lui remonte une couverture, qu’on la lève pour aller aux toilettes, qu’on l’y installe et la ramène… Marie a de gros problèmes qui découlent de ce travail : stress, insomnie, déprime, fatigue, fibromyalgie…

Est-elle bien payée ? Non, à peine un cran au-dessus du SMIC. Aucune reconnaissance particulière de la part de son employeuse. Marie ne travaille qu’à temps partiel.

Marie a 66 ans et a voté pour Emmanuel Macron. Elle en attendait beaucoup des promesses faites pour changer la société. Depuis, elle prolonge d’année en année son activité, espérant une amélioration supplémentaire de son sort une fois à la retraite. C’est une invisible parmi d’autres. Comment vont être reconnus ces "Invisibles" ?

"Quand la crise sera passée… on fera quelque chose pour revaloriser les salaires". Mais quid pour ceux qui ont une carrière d’"Invisibles" et qui sont à la porte d’une retraite de misère.

Marie aura droit à une retraite inférieure au "minimum vieil-lesse" qui est de 903,20 €. Telle est en France la solidarité de la Nation envers ses aînés…

Pour vous faire rêver, je dirai qu’au Danemark, chaque personne en âge de retraite perçoit un minimum de plus de 1 800 €.

Pour enfoncer le clou, ajoutons que le coût médian d’un séjour en Ehpad était de 1 953 € en 2017 (source pour-les-personnes-agees.gouv.fr).

Comment fera Marie avec sa maigre pension pour être un jour hébergée en Ehpad si elle n’a ni patrimoine ni famille ?

Ce n’est qu’une "Invisible" mais ils sont nombreux ! Vous qui applaudissez, n’étiez-vous pas "Tous Charlie" ?

Combien êtes-vous devenus abonnés du journal ? Applaudir ou agir, il faudra un jour choisir pour se regarder en face.

Nous devons tous changer nos regards, accepter ce que certains appellent des sacrifices et qui ne sont que du bon sens au service d’une sobriété et d’une société heureuses".