Pêche en Aveyron : le sandre, poisson déconcertant !

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Centre Presse

Apparu dans les années 1970 en Aveyron, le sandre est devenu le carnassier certainement le plus recherché actuellement. De nombreuses techniques sont utilisées à la fin de l’automne pour sa capture, période particulièrement appréciée des pêcheurs de carnassiers.

Originaire d’Europe centrale et orientale, le sandre est introduit pour la première fois en France, dans le Rhin, à la fin du XIXe siècle. Il le sera ensuite dans les bassins de la Saône, (1915-1920) et du Rhône (1930), et enfin de manière massive dans l’Hexagone, au cours des années 1960.

En Aveyron, la "sandramania" débute dans les années 1970, au barrage de Castelnau-Lassouts-Lous. Les nombreux sandres qui s’y capturent, régulièrement de très belles tailles, pesant, entre 5 et 8 kg, feront de ce site un des hauts lieux de pêche du sandre en France. Une réputation qui d’ailleurs attirera rapidement les premières grandes figures de la discipline. Albert Drakovitch, l’inventeur de la célèbre monture pour le mort manié, puis Henri Limouzin, infatigable journaliste halieutique spécialiste des carnassiers, participent en effet grandement au développement et à l’ancrage de cette pêche en Aveyron.

Depuis, le nombre de ses adeptes n’a cessé d’augmenter au cours de ces 50 dernières années. L’agrandissement du territoire de pêche – le sandre occupe aujourd’hui tous les barrages hydroélectriques, ainsi que la partie basse des rivières Lot, Tarn et Viaur –, mais aussi l’apparition de nouvelles techniques ont favorisé sa pratique. Par ailleurs, l’âge d’or du sandre à Cabanac, que certains font remonter jusqu’à la vidange de 1983, semble se prolonger encore aujourd’hui, avec sur le site une densité de pêcheurs et de sandres exceptionnelle.

L’espèce se porte aussi très bien ailleurs, dans le département. Voilà ce qu’indiquent les vidanges réalisées à Bages (1994), à Pont-de-Salars (1995) et à Sarrans (2014), où dans les deux premiers barrages le sandre domine nettement les autres carnassiers.

Forte densité de sandres

C’est à vrai dire ce constat qui a décidé les responsables de la fédération à développer sa pêche tout au long de l’année, excepté sur les réserves temporaires, activées au moment de sa reproduction. Cette exception aveyronnaise dans la région Occitanie renforce évidemment l’attractivité du département, pour la pêche de ce carnassier, mais surtout vient satisfaire les pêcheurs de carnassiers, toujours plus nombreux à vouloir profiter des sites, très variés, où évolue le sandre.

Contrairement au brochet, pénalisé par les marnages, lors de sa reproduction, le sandre, très abondant, est devenu le "leader" des carnassiers, au cours de ces trente dernières années. Bien que fantasque, et totalement imprévisible, sa pêche rencontre un réel succès dans la mesure où des techniques dites "rustiques" autant que les "modernes" se pratiquent.

Du bord, il faut le rappeler, les possibilités sont multiples : pêche au posé (vif ou mort), au bouchon (vif), au mort manié ou au ver manié, et bien sûr aux leurres. Si le succès de la pêche du sandre s’explique aussi par l’excellence de sa chair, alors que de plus en plus de pêcheurs pratiquent le no-kill, c’est certainement les mystères qui entourent encore son comportement, et donc sa capture qui font depuis des dizaines d’années sa renommée. Un poisson magnifique dont les pêcheurs parleront encore longtemps !

En cuisine : le sandre à l’impérial

Pour votre repas de Noël, écailler, vider et bien nettoyer le poisson. Le placer ensuite dans une poissonnière, en conservant la tête (les joues sont excellentes), dans une eau froide bien salée, contenant 3 carottes coupées en rondelles.

Ajouter un peu de persil, une cuiller à café de vinaigre et 4 ou 5 grains de poivre. Fermer la poissonnière et laisser bouillir durant 10 minutes.

La saucière de beurre fondu et chaud accompagnera magnifiquement le sandre entouré de pommes de terre bouillies. Quelques vins blancs secs suggérés : sancerre, chablis, graves, crozes-hermitage…

 

Le sandre, poisson déconcertant !
Le sandre, poisson déconcertant ! Repro CP

Des parties de pêche incertaines

Pour commencer, et contrairement à ce que certains pourraient croire, le sandre n’est jamais aussi actif qu’en été, sa période de croissance maximale. Cependant, la fin de saison reste très intéressante, et réserve toujours de belles surprises, à condition de pêcher plus profond.

C’est la période qui voit les poissons, toutes espèces confondues, regagner les couches d’eau inférieures (jusqu’à 25 mètres), où règnent des températures adaptées à leur métabolisme.

Localiser ces zones reste donc le point de départ crucial de cette pêche, qui reste objectivement compliquée. Du bord, il faut bien sûr connaître parfaitement son poste, et avoir le plus souvent beaucoup d’expérience, pour lancer au bon endroit. Comme en rivière, les prises se jouent parfois à 50cm près…

En bateau, ou en float-tube, c’est différent. Il faut repérer la boule de vifs sur l’échosondeur, ainsi que les carnassiers, en train de surveiller et parfois attaquer ces proies. Cependant, malgré les poissons en direct à l’écran, c’est à ce moment-là que les choses se corsent. Malgré des centaines de jets, ou des heures d’attente sur la berge, en pêchant au mort posé, aucun départ ou impossible de déclencher la moindre attaque !

Le détail qui "tue"

La situation la plus cocasse, concerne habituellement deux pêcheurs qui, sur le même bateau, en utilisant les mêmes techniques et leurres, font, à 2 mètres de distance, bredouille, ou le plein de sandres ! Dans ce cas, commencer par comparer la couleur, la grosseur du leurre, ainsi que les vibrations qu’il produit. Ensuite, s’intéresser à son animation, source de tellement de débats.

Là encore, selon les jours, une animation lente, voire quasi nulle, sur un poste très bien identifié, sera couronnée de succès. On parle ici de pêche en verticale. En revanche, d’autres tenteront de déclencher des touches "réflexes", sur des poissons actifs, en animant le leurre de manière fluide ou saccadée sur des distances plus étendues…

Des pêcheurs de sandres conseilleront encore l’utilisation d’"attractants" (gel ou liquide), qu’on passe sur le leurre, car le carnassier garderait celui-ci plus longtemps dans la gueule, ce qui faciliterait le ferrage. Leurs parfums sont parfois étonnants : ail, anis, krill, sardine, crustacés, ver de terre, écrevisse…

Au bout du compte, sachant que de très nombreux autres détails peuvent encore décider ou pas le sandre à mordre (poids et couleur de la tête plombée, vitesse de descente du leurre, etc), la seule chose certaine à rappeler est que le sandre ne mange pas toute la journée. Et qu’ensuite ses heures de repas préférées ont lieu tôt le matin et tard le soir.

Voilà pourquoi il est toujours préférable, si possible, de pêcher toute la journée. Le sandre n’est jamais seul. Une dizaine voire une centaine d’individus peuvent croiser sous votre bateau ou à proximité du vif.

Mordra ou mordra pas ? Réponse à la prochaine partie de pêche !

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