Villefranche-de-Rouergue : la campagne a déjà repris avec AstraZeneca

"Au sein de la Maison de santé nous avons repris la vaccination aujourd’hui." Le médecin Patrice Calmels et ses quatre confrères ont rapidement repris les injections avec AstraZeneca ce vendredi à Villefranche-de-Rouergue. La veille, l’agence européenne du médicament (EMA) rendait un avis rassurant sur le vaccin anglo-suédois soupçonné de provoquer la formation de caillots sanguins. "Il s’agit d’un vaccin sûr et efficace", faisait savoir l’EMA.

Il n’en demeure pas moins que la décision de suspendre la vaccination en France quelques jours plus tôt a eu un effet "catastrophique", alarme le docteur Patrice Calmels. "Nous avons dû annuler les rendez-vous durant trois jours : mardi, mercredi et jeudi. Cela représente 60 personnes." Aux yeux de ce professionnel cette décision gouvernementale a été peu judicieuse. "Nous aurions dû attendre l’avis de l’agence européenne avant de suspendre."

Des patients se sont désistés

En plus d’avoir fait perdre trois jours de vaccination, "cela a fait naître la défiance chez les patients". Alors que le planning était plein jusqu’à présent, de nombreux créneaux sont disponibles la semaine prochaine. "Le 27 mars, ma collègue en charge des vaccinations n’a qu’un seul rendez-vous au planning." Dans cette Maison de santé, la vaccination a commencé avec AstraZeneca la semaine du 22 février. "Nous avons vacciné ensuite en moyenne 60 à 80 personnes par semaine."

Il n’est pas certain que l’établissement, qui fait partie de l’un des quatre lieux où il est possible de se faire vacciner par un médecin sur le Villefranchois, maintienne ce rythme. "Des patients se sont déjà désistés. Ils ont changé d’avis. On est loin d’avoir vacciné tout le monde", se désole le médecin.

Vaccination en pharmacie retardée

Cependant, de nouveaux acteurs vont entrer dans la danse et pourraient changer la donne : les pharmaciens.

"C’est une autre option qui est offerte aux patients, valorise Fabien Cros, préparateur à la pharmacie Carnus, rue Marcellin-Fabre à Villefranche. Certains trouvent que c’est plus simple car ils font tout en même temps, récupérer le vaccin et l’injection. Cela leur fait gagner du temps."

C’est ce qu’a pu observer Fabien Cros concernant la vaccination pour la grippe. "Ici, nous vaccinons en moyenne 200 personnes par an." L’opération avec AstraZeneca, à ce jour réservée aux personnes âgés de plus de 50ans avec des comorbidités, devrait être la même. "Nous allons suivre les précautions d’emploi et garder les patients en observation 15 minutes", explique Cécile Carnus, responsable de la pharmacie.

"Le risque zéro n’existe pas"

Au sein de cette officine, la suspension décidée ce lundi a retardé les injections.

"Nous n’avons finalement pas reçu les doses comme cela a été prévu, confie le préparateur de la pharmacie. Nous avons donc appelé les 11 personnes que nous devions vacciner aujourd’hui (vendredi 19 mars, NDLR) et avons reporté le rendez-vous à vendredi prochain."

La demande reste forte. "Notre liste d’attente compte déjà 80 patients. Certains sont même inscrits pour mai, lorsque la vaccination sera élargie."

Jacques Andurand, qui va se faire vacciner par son généraliste en début de semaine prochaine à Villefranche, attend également avec impatience sa piqûre.

"C’est la seule solution pour reprendre une vie normale. Refaire des choses en famille. Voyager." Ne craint-il pas des effets secondaires ? "On s’est posé quelques questions", répond le sexagénaire. "Mais le risque zéro n’existe pas. C’est pareil avec tous les médicaments. Et si on pense à tout, on ne fait plus rien, tempête-t-il. La seule solution c’est le vaccin."

Un discours que le docteur Patrice Calmels aimerait entendre davantage. "La vaccination est importante. D’autant plus que les contaminations augmentent à Villefranche. À mon échelle, j’ai eu quatre cas positifs cette semaine, alors qu’il y a deux semaines il n’y en avait aucun."