Millau. Béatrice Soulié, galeriste singulière

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  • Béatrice Soulié dans son shipchandler réaménagé en espace d’exposition : "Bon nombre de nos artistes sont nés ou vivent autour de la Méditerranée…" BS Béatrice Soulié dans son shipchandler réaménagé en espace d’exposition : "Bon nombre de nos artistes sont nés ou vivent autour de la Méditerranée…" BS
    Béatrice Soulié dans son shipchandler réaménagé en espace d’exposition : "Bon nombre de nos artistes sont nés ou vivent autour de la Méditerranée…" BS
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Aurélien Delbouis

Après 20 ans à Paris, la galeriste originaire de Millau a ouvert un nouvel espace d’expositions, place des huiles, à Marseille. Un écrin de choix pour cette inconditionnelle des arts singuliers.

Installée depuis vingt ans entre la capitale et l’Île du Frioul, la galeriste Béatrice Soulié a définitivement jeté les amarres sur le Vieux-Port. Là, où depuis le mois de mars dernier elle a pris possession d’un ancien magasin d’accastillages pour présenter la trentaine d’artistes qu’elle représente.

Spécialisée dans l’art singulier, ou art Outsider, la native de Millau a ainsi abandonné la grisaille parisienne pour l’Azur de la Méditerranée. Le déclic, un meuble de tiroirs de 7 mètres de long où l’ancien propriétaire ne stockait rien de moins que 11 000 références. "Il passait ses journées à vendre des boulons. Un jour, il m’a proposé de me vendre ce fameux meuble… Et tout ce qu’il avait autour. J’ai eu trois minutes pour savoir si j’ouvrais une galerie, ici, à Marseille… Et me voilà."

Pièces uniques

"Montée à Paris" à 17 ans pour suivre des études dans le tourisme, la Millavoise a changé de cap grâce à un professeur d’histoire de l’art. Pour celle qui dira avoir vécu jusque-là sans rien y connaître – "il n’y avait aucun tableau accroché aux murs de la maison" – c’est la révélation. "Je me suis dit, tiens quelle est cette chose étrange ?"

Passé ses diplômes en école d’art, Béatrice écumera ensuite un nombre incalculable de galeries parisiennes avant d’ouvrir la sienne. Elle a 30 ans, et voue une passion immodérée pour l’art singulier : "L’art populaire, l’art de tout le monde, pour tout le monde", comme le définit le précurseur Luis Marcel.

Pourquoi cette passion pour ces gens "indemnes de culture qui n’ont pas fait les Beaux-Arts mais travaillent avec bonheur" ? "Tout simplement pour ce terme qui est complètement galvaudé de nos jours, qui s’appelle l’émotion. Et je sentais une véritable émotion devant le travail de ces artistes."

Chez Béatrice Soulié, pas de peintures en revanche. Pas de statues non plus, ni de bronzes. Encore moins de gravures qui existent en 180 exemplaires. "Je déteste les multiples, tonne-t-elle. Je n’aime que les pièces uniques."

À Marseille, dans "la plus belle galerie du monde", on retrouve en revanche aux côtés d’assemblages chimériques, une impressionnante sélection de dessins, auxquels elle ne s’en cache pas, elle "voue une passion irrévérencieuse."

Dans ce nouvel écrin baigné de lumières et de bonnes ondes, une trentaine d’artistes – dont l’Aveyronnais Didier Estival – a trouvé un refuge de choix, place des Huiles. Refuge qui ne demande désormais qu’à vibrer un peu plus. "Je me sens un peu seule dans cette rue généralement animée par des bars et restaurants. Mais depuis mon arrivée, il semblerait qu’un petit truc dans l’air a fait que…" Vivement que la vie reprenne son cours.

Galerie Béatrice Soulié, 11 place des Huiles, 13001 Marseille.

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