Le Cayrol : l’abbaye Notre-Dame-de-Bonneval, un havre de paix au fond des bois

  • Bonneval est un lieu propice  au recueillement et à la dégustation de chocolat.
    Bonneval est un lieu propice au recueillement et à la dégustation de chocolat. Repro CP - Archives
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Centre Presse Aveyron

Cachée au cœur de la vallée de Bonneval, se trouve, depuis près de neuf siècles, l’abbaye cistercienne de Notre-Dame-de-Bonneval. Son emplacement n’est pas anodin : il témoigne de la volonté des Cisterciens d’entretenir une vie monastique plus simple, plus fidèle à l’Évangile et à la règle de Saint-Benoît. Le choix d’un lieu isolé, sauvage et pauvre, répond à cette philosophie, les Cisterciens souhaitant « suivre pauvres le Christ pauvre »… Rétrospective sur un domaine à l’histoire riche et au destin atypique.

 

Une forte expansion à ses débuts

Fondée en 1147 par l’évêque de Cahors Guillaume de Calmont d’Olt, l’abbaye accueille à ses débuts sept moines cisterciens mais connaît, dès sa fondation, un développement important. À l’instar d’autres fondations cisterciennes, celle-ci s’étend grâce à l’acquisition de nombreux biens et domaines.
Ainsi, au XIIIe siècle, l’abbaye possède pas moins de 12 domaines fortifiés appelés « granges ». Le plus remarquable d’entre eux est sans doute celui de Galinières, véritable château fort situé au sein de la commune de Pierrefiche. Les moines entretiennent les granges et y font cultiver les terres alentours par les paysans, devenant ainsi de puissants seigneurs à la tête de nombreuses terres agricoles cultivées. Ainsi, l’abbaye s’enrichit et gagne en notoriété. Jouissant de ces bienfaits, elle prospère. Celle-ci compte près de 450 moines à son actif, à la fin du XIIIe siècle, et devient alors la plus riche de la région.

Les temps troublés mettent à mal la communauté

Au XIVe siècle, alors que la guerre de Cent ans fait rage, l’abbaye se voit plusieurs fois pillée, les moines y vivant se font chasser ou tuer mais leur foi les pousse à toujours réinvestir les lieux et à le maintenir en activité. Ces épisodes tragiques conduisent à un renforcement des défenses de l’abbaye. Celle-ci se dote de tours de défense et entreprend l’élévation des murs d’enceinte jusqu’à 18 mètres. Aujourd’hui, il est toujours possible d’apercevoir ces fortifications sur les lieux.
Mais malgré ces efforts, l’abbaye connaît un déclin à partir du XVe siècle. En cause, les ingérences royales dans l’administration de l’abbaye et les réformes religieuses au sein du royaume qui ne font pas l’unanimité et freinent le recrutement de nouveaux moines. Mais la plus grande cause du déclin vient des guerres de religion successives au XVIe siècle qui réduisent drastiquement le nombre de moine et la richesse de l’abbaye.

Une disparition temporaire…

La Révolution de 1789 marque la fin de la communauté au sein de l’abbaye. Dans un contexte de réforme profonde et de mesures prises contre l’église et ses biens, l’Assemblée nationale vote, en 1790, la suppression de l’ordre cistercien. Un an plus tard, les treize moines restant au sein de l’abbaye sont chassés. Le domaine est, quant à lui, divisé en lots et vendu en tant que bien national. De nombreuses destructions matérielles sont alors opérées dans l’abbaye.
Il faut attendre 1875 pour que l’édifice soit de nouveau habité. À cette date, c’est une communauté de moniales qui entreprend de reconstruire une organisation communautaire sur le site. Aujourd’hui, ces moniales entretiennent toujours le domaine dans les traditions de leurs aînées.
Si vous vous rendez sur les lieux, vous pourrez profiter du silence, de la quiétude mais aussi y sentir des effluves de chocolat ! Car, l’abbaye abrite une fabrique de chocolat tenue par les moniales. Celles-ci accueillent également retraitants et curieux, et maintiennent, de ce fait, vie et joie au sein d’un domaine dont l’histoire s’écrit encore chaque jour…
 

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