Stéphane Rouquette fait entrer le marché dans votre salon

En quelques mots, pouvez-vous nous présenter la plateforme Lemarchéde monvillage.fr ?

C’est une plateforme qui permet tout simplement de rapprocher les marchés, ses producteurs, ses commerçants et des clients qui n’ont pas spécialement le temps de "faire le marché" mais qui pourtant – la période de confinement l’a démontré – ont très envie de consommer de bons produits, sourcés localement. Ceux-là auront ainsi accès à tous les produits alimentaires. Tous ! Pas uniquement ceux des producteurs : un traiteur qui fait des sushis a toute sa place. Au même titre qu’un boucher.

C’est donc le marché qui vient à vous et plus l’inverse ?

C’est l’idée, oui. De cette manière, on valorise l’économie de proximité, on redistribue localement la valeur générée, et on limite les émissions de gaz à effet de serre en favorisant les circuits courts.

Quel est l’intérêt pour les commerçants du marché ?

C’est un moyen pour eux de compléter leurs revenus, sans avoir besoin d’être présents sur d’autres marchés par exemple. Sans dépenser non plus des sommes énormes en marketing. Lemarchédemonvillage.fr est là pour leur permettre d’optimiser leur potentiel.

Vous les avez convaincus ?

J’y travaille (rires). Tout se fait sur la base du volontariat : à moi de les convaincre en effet de l’intérêt de la démarche. En préalable, je contacte les communes, à qui appartiennent les marchés. C’est déontologiquement très important pour moi : je ne fais rien sans leur aval. Si elles sont OK, on présente ensuite l’initiative aux intéressés.

Concrètement ?

Si vous êtes séduit, vous vous inscrivez sur la plateforme. Vous dites quels sont vos produits, si vous avez des labels, des certifications… Vous mettez votre prix, un texte, une photo. Vous recevez ensuite directement les commandes. Il ne vous reste plus qu’à déposer les colis dans des points de collecte. À l’autre bout de la chaîne, le client n’a lui qu’à venir récupérer le colis.

Lemarchédemonvillage.fr fait aussi valoir la notion d’économie sociale et solidaire dans son développement. Qu’en est-il ?

Il sera proposé aux consommateurs d’arrondir le montant de leurs achats. On pratique ici ce que j’appelle "l’anti-prix psychologique." Plutôt que de payer 19,99 euros, je propose d’arrondir à 20 euros. Ces micro-dons seront ensuite reversés tous les ans aux communes et fléchés vers un projet de leur choix. Nous prévoyons aussi, en accord avec toutes les parties prenantes, de reverser 10 % des bénéfices vers des projets locaux validés par la communauté d’utilisateurs. J’y tiens beaucoup : c’est intégré noir sur blanc dans les statuts de la société. Lemarchédemonvillage.fr doit servir de catalyseur pour financer des projets locaux.

Vous avez été retenu par Épargne Occitanie, un portail régional de financement participatif (en partenariat avec la Chambre de Commerce et d’Industrie Occitanie et Wiseed) qui espère lever entre 20 et 30 millions d’euros pour accompagner le développement de sociétés telle que la vôtre. Qu’espérez-vous ?

Sur les 250 candidats, nous avons réussi à être parmi les 20 premiers. Ce qui prouve qu’il y a un véritable intérêt pour Lemarchédemonvillage.fr. Nous sommes entrés sur la plateforme à l’étape de projet, avant même d’avoir finalisé les statuts. Nous sommes maintenant dans les derniers jours de la phase de vote, qui ne se passe pas trop mal puisque nous en avons déjà plus de 200.

Wiseed va ensuite entrer dans une phase d’audit pour analyser, entre autres, les données financières de la société. Viendra enfin, je l’espère, la phase de "lever de fonds". C’est l’objectif pour accélérer sur le développement. Ce côté participatif colle complètement au projet. Si les gens investissent via la plateforme ce n’est pas sous forme de dons : à terme, je racheterai leur part avec, bien entendu, une plus-value. Tout ça permet de rester dans l’écosystème vertueux que j’essaie de créer.