Rodez. À Kourou en Guyane, Sylvain Anglade fait décoller le programme Ariane 6

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  • Avec son sourire de circonstance, Sylvain Anglade pose devant la réplique du lanceur Ariane 5 installé à l’entrée du centre spatial guyannais. 	SA
    Avec son sourire de circonstance, Sylvain Anglade pose devant la réplique du lanceur Ariane 5 installé à l’entrée du centre spatial guyannais. SA
  • Symbole de fiabilité, Ariane 5 détient le record  record de 82 lancements consécutifs réussis. Ariane Group Symbole de fiabilité, Ariane 5 détient le record  record de 82 lancements consécutifs réussis. Ariane Group
    Symbole de fiabilité, Ariane 5 détient le record record de 82 lancements consécutifs réussis. Ariane Group
Publié le
Aurélien Delbouis

Avec sa tête bien faite et des mains en or, Sylvain Anglade a rejoint Kourou en Guyane, le "port spatial européen" pour participer à la fabrication du pas de tir d’ariane 6. Une expérience unique pour le salarié de la société toulousaine Latesys qui œuvre pour le CNES et l’ESA à assurer une descendance viable au lanceur européen de réference.

Quand beaucoup à son âge s’interrogent encore des suites à donner à leurs études, lui a déjà touché du doigt son Graal. Travailler sur le pas de tir Ariane 6, à Kourou en Guyane. À tout juste 23 ans, Sylvain Anglade a pris possession de ses quartiers dans le centre spatial guyanais, lieu emblématique de la conquête spatiale mondiale.

Son rôle pour les trois semaines de mission qui l’attendent en territoire ultramarin : installer les bras cryogéniques qui équiperont le pas de tir d’Ariane 6. Le successeur tout trouvé de l’emblématique Ariane 5, lanceur développé par l’Agence spatiale européenne(ESA) alors conçu pour placer les satellites sur orbite géostationnaire et des charges lourdes en orbite…

Installés à la base d’Ariane 6, ces bras "permettent simplement d’alimenter la fusée en carburant et de la purger en cas de problème", résume Sylvain. "Il faut savoir que cette étape se fait au tout dernier moment" et permet d’éviter ainsi que le lanceur ne se transforme en "petite bombe", une fois les réservoirs pleins.

Simple en effet, mais terriblement long à mettre en œuvre, confirme l’automaticien-électricien Latesys qui travaille sur ces systèmes depuis bientôt deux ans. "Nous avons développé les bras et les caissons entre Toulouse et Fos-sur-Mer. Il a fallu les imaginer, les créer, les tester ensuite en simulant des automates de fusées que nous n’avions évidemment pas sur place. Nous les avons enfin démontés pour les remonter ici à Kourou."

"Coup de chance"

En charge du remontage pour le compte du CNES et de l’ESA – en lien étroit avec Latesys à Toulouse – le natif de Nuces touche son rêve du doigt. Car si les appelés sont nombreux à vouloir propulser leur travail en orbite, rares sont les élus. À plus forte raison quand à 23 ans, vous êtes encore aujourd’hui le plus jeune sur la base guyanaise.

"Je ne réalisais par forcément tout ça en partant de Toulouse, mais quand tu atterris, que tu roules un peu au milieu de rien et que tu vois au loin ce bâtiment gigantesque, tous les différents pas de tirs, tu prends conscience de participer à quelque chose d’assez incroyable !"

Formé au lycée Monteil, puis passé par différents BTS en lien avec ses aspirations, l’Aveyronnais a intégré l’équipe Latesys en 2018, en contrat d’alternance. Il est aujourd’hui le responsable de l’équipe envoyée sur place. Une progression à vitesse grand V.

"Je rêvais déjà de créer de gros systèmes, dans l’aéronautique, l’automobile… Mais je ne pensais pas être catapulté dans le spatial aussi rapidement. En ce sens, j’ai eu un gros coup de chance mais je considère aussi que j’ai gagné ma place. J’ai suivi tous les essais en Europe. Et quand ça ne marchait pas, il fallait travailler toute la nuit pour que tout soit opérant au petit matin. Les gens ici sont incroyablement impliqués dans la réussite du projet. C’est avant tout un travail d’équipe !"

 

"J’apprends tous les jours"

Plutôt à son aise dans le port spatial européen, malgré "le climat lourd et humide franchement difficile à encaisser", le "Métro" n’en perd pas une goutte. "C’est une fourmilière impressionnante. On rencontre des gens différents tous les jours, des professionnels incroyablement compétents dans des domaines très variés et qui aiment transmettre leur savoir. J’apprends beaucoup tous les jours."

Le tout évidemment dans un souci du détail et de l’organisation porté à son paroxysme. "Niveau sécurité et respect des règles, on saute d’un cran." Pas question d’ouvrir le moindre sas, la moindre porte sans en référer à quelqu’un. "Tout est vraiment très encadré. Et tout le monde travaille en ce sens. L’émulation est incroyable ici."

Une émulation qui devrait permettre un lancement d’Ariane 6 en 2022, soit deux ans plus tard que le calendrier initial, huit ans après la présentation officielle de la remplaçante d’Ariane 5 et son impressionnant record de 82 lancements consécutifs réussis.

Si aucun nouveau retard n’est annoncé, la première Ariane 6 devrait donc décoller au milieu de l’année 2022. Il reste cependant des tests importants à mener, notamment avec les essais du 2è étage entier en Allemagne, l’assemblage de test en Guyane en 2021, les essais combinés qui vont permettre de certifier le pas de tir, et la répétition générale avant le lancement fin 2021 – début 2022… En présence d’un Aveyronnais ? Rien n’est moins sûr. "Voir décoller Ariane 6 dans la salle de contrôle Jupiter est un rêve. Si le CNES souhaite que Latesys reste, je reste ! plaisante Sylvain mais je n’y crois pas vraiment. Difficile de dire aujourd’hui où je serai pour le premier tir !"

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Les commentaires (1)
papinou Il y a 2 années Le 08/06/2021 à 02:54

Top Sylvain !!!
Profites en bien, c’est une sacré expérience et prolonge pour le mois d’Aout😉