De Decazeville à Millau, la vie d'Emma Calvé, de l’ombre à la lumière, de la gloire à l’oubli

  • Emma Calvé, dans Carmen, photographiée par Nadar. Emma Calvé, dans Carmen, photographiée par Nadar.
    Emma Calvé, dans Carmen, photographiée par Nadar.
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Joel Born

Lætitia Bex nous livre une riche biographie sur la diva, native de Decazeville et enterrée à Millau. Un personnage attachant et fantasque, qui a marqué son époque, à travers le monde entier.

Rien ne semblait prédestiner la petite Rosa à une telle carrière internationale. Qui aurait imaginé en effet que Rosa, Noémie, Emma Calvet, qui vit le jour à Decazeville, le 15 août 1858, dans une famille de condition très modeste (son père, entrepreneur, travaillait pour la compagnie des mines et sa mère était fille d’un cordonnier d’Aubin), devienne l’une des plus grandes cantatrices de son époque. Une véritable diva, dont la notoriété dépassa très rapidement les frontières de notre pays. Adulée dans le monde entier, celle qui interpréta Carmen plus de mille fois se produisit dans les plus grandes salles, du Royal Opera House de Londres au Metropolitan Opera de New York, de Milan à Madrid… Admirée par la reine Victoria, Emma Calvé inspira les plus grands compositeurs de son temps. De la lumière de la gloire, à la pénombre de l’oubli, la célèbre cantatrice aveyronnaise, qui chanta la Marseillaise à New York devant 30 00 personnes en 1916, a fini sa vie dans la solitude et la pauvreté. À travers cette passionnante biographie, qui se lit comme un roman, Lætitia Bex nous éclaire un peu plus sur la vie trépidante et parfois tumultueuse de la célèbre cantatrice aveyronnaise, baptisée dans le quartier decazevillois de Vialarels et enterrée à Millau, non loin de ce château de Cabrières, dont Emma Calvé fit l’acquisition en 1894 et dans lequel elle engloutit des sommes considérables, pour entreprendre sa restauration, y aménager une école de chant et un sanatorium pour les fillettes nécessiteuses de la région.

Trois ans de recherche

Plus de trois années de recherches auront été nécessaires pour mener à bien cette biographie, dont Lætitia Bex a commencé l’écriture le 17 mars 2020, le premier jour du confinement. "J’ai consulté tous les journaux de l’époque, explique l’auteure. J’ai lu cinquante années du Menestrel et j’ai épluché aussi la presse américaine." Un travail fastidieux, guidé par la rigueur. Telle une historienne, Lætitia a parcouru de nombreuses archives et des correspondances oubliées, lu les Mémoires de la diva et de nombreux écrits lui étant consacrés, interrogé tous ceux qui se sont intéressés à la vie d’Emma Calvé. "J’avais tellement entendu de choses sur elle, à la fois tout et son contraire", remarque-t-elle. De ses déboires sentimentaux à ses rapports familiaux avec son père, absent, sa mère, enterrée à Decazeville, au cimetière de Miramont, son frère Adolphe, qui possédait une maison route des Estaques, et son neveu Élie, dont la mort prématurée lui provoqua un grand choc. De ses nombreux voyages à son attrait pour le vélo et la boxe, de son rapport à la maladie, de ses multiples rencontres à son attirance pour l’hindouisme et l’ésotérisme, de son attachement à la terre rouergate à ses caprices de diva, on y découvre les mille et une facettes de ce personnage particulièrement fantasque, terriblement attachant, au caractère bien trempé mais d’une grande générosité et finalement tellement moderne pour son époque.

"J’admire le courage de cette fille qui ne venait de rien. Elle était animée par une formidable soif d’apprendre, une curiosité intellectuelle, un esprit d’ouverture et le goût du voyage, résume Lætitia Bex. Elle avait une nature un peu instable, elle était parfois exaspérante et, à la fin, elle avait une mythomanie pathologique mais la vie d’artiste n’est pas vraiment une vie équilibrante. C’était une cigale, un panier percé, qui a terminé sa vie pauvre et presque seule."

De toute évidence, et quoi que l’on puisse en penser, Emma Calvé fut une grande dame, dont la mort " passa presque inaperçue ". Le rossignol rouergat, qui avait si bien chanté sur presque toutes les grandes scènes du monde, allait avoir 84 ans. " L’oiseau que tu croyais surprendre battit de l’aile et s’envola. " Carmen. Acte 1. Scène VII.

Le livre sur la vie d’Emma Calvé étant tout juste refermé, Lætitia Bex s’apprête à en ouvrir et en écrire un autre sur le sculpteur aveyronnais Denys Puech, qui fut un ami de l’incroyable diva et qui décéda quelques mois après elle…

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