Climat : les faux-semblants écolos de TotalEnergies, Nespresso et Air France

  • À quelques semaines de la COP26, l'ONG française CCFD-Terre solidaire publie un rapport pour dénoncer "l'inaction climatique" de TotalEnergies, Air France et Nespresso.
    À quelques semaines de la COP26, l'ONG française CCFD-Terre solidaire publie un rapport pour dénoncer "l'inaction climatique" de TotalEnergies, Air France et Nespresso. CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP
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Relaxnews

À quelques semaines de la COP26, l'ONG française CCFD-Terre Solidaire dénonce "l'inaction climatique" de trois multinationales bien connues. Deux d'entre elles sont françaises. 

Publié mercredi 6 octobre, le rapport de CCFD-Terre solidaire  "Compensation carbone : tout sauf neutre !" pointe les mesures prétendument vertes annoncées par les entreprises françaises TotalEnergies et Air France ainsi que la marque suisse Nespresso (rattachée au groupe suisse Nestlé).

Toutes ont annoncé leur ambition d'atteindre la neutralité carbone dans les années ou les décennies à venir. Autrement dit, à ne pas émettre une quantité de gaz à effet de serre supérieure à celle que l'atmosphère peut absorber... 

L'objectif est, à première vue, ambitieux. Le hic, c'est que ces entreprises misent principalement sur la "compensation carbone" pour tenir leur promesse. Quitte à se vautrer dans des politiques d'écoblanchiment, dénonce CCFD-Terre Solidaire. L'écoblanchiment, ou "greenwashing", est une méthode de marketing consistant à communiquer auprès du public en utilisant l'argument écologique de manière trompeuse pour améliorer son image.

Concrètement, la compensation carbone consiste à soutenir et financer des projets visant à créer des puits de carbone (forêts, tourbières) censés contrer la quantité de gaz à effet de serre émise par une entité. Stratégie devenue monnaie courante dans les grandes entreprises, elle s'accompagne plus rarement de réels changements quant aux activités de ces dernières. 

Exemple flagrant chez Total : le vaste projet de plantation d'une forêt de 40.000 hectares en République démocratique du Congo, annoncé en mars dernier. Une initiative que l'on pourrait saluer à première vue. "TotalEnergies proclame une neutralité carbone à l'horizon 2050. Pour ce faire, tout en poursuivant des activités fortement émettrices, l'entreprise s'engage à développer de manière accélérée des projets de compensation", interpelle CCFD-Terre solidaire.

Du côté de Nespresso, le "greenwashing" serait également au rendez-vous. Célèbre pour ses machines design et ses capsules pas franchement écologiques, la marque qui nous promet du "café 100% neutre" patauge question politique climatique, voire "boit la tasse", selon les termes de CCFD-Terre solidaire. 

"Pour séduire des consommateurs de plus en plus sensibles à l'impact de leur consommation, l'entreprise communique de façon proactive sur la neutralité carbone de chacune de ses tasses de café. En réalité, une large partie de sa politique de neutralité se fonde sur la compensation carbone et non sur la réduction réelle de ses émissions", dénonce l'association.

"Air France ne vole pas au secours du climat"

Quant à Air France, la compagnie nationale aérienne est placardée par l'ONG comme une entreprise qui "ne vole pas au secours du climat". Fin 2019, la compagnie aérienne française annonçait la mise en place d'un système de compensation carbone pour les émissions de ses vols intérieurs.

Le principe, basé sur le volontariat, consiste à inciter les clients à opter pour des vols dits "neutres en carbone" au moment de leur réservation. La compagnie met notamment en avant sa participation à des projets de reforestation en Afrique, en Asie et en Amérique du Sud. 

"Chacun est ainsi invité à soutenir, sous forme de don à une association cocréée par Air France, des projets de compensation carbone que l'entreprise pourra inscrire à son bilan Climat, avec en prime l'aide des contribuables français", tacle CFD-Terre Solidaire.

Une opération de communication qui a déjà fait grincer les dents de certains scientifiques. "Merci de communiquer plus clairement sur l'impact climat aux usagers, de mieux expliquer les potentiels et limites de vos actions de compensation et d'éviter l'utilisation de la notion de "neutralité carbone", qui ici flirte avec le greenwashing", a notamment commenté la climatologue Valérie Masson-Delmotte dans un tweet datant de juillet 2020. 

"À la veille de la COP26, il faut que les États et les citoyens ne soient pas dupes face à ce que cachent réellement les stratégies de neutralité carbone des entreprises. L'heure n'est plus aux fausses solutions ! Seule la réduction réelle des émissions et le respect des droits peut garantir la justice climatique", martèle Myrto Tilianaki, chargée de plaidoyer pour CCFD-Terre Solidaire. 

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