LGBTQIA+ : les salariés qui font leur coming-out sont plus heureux au travail, mais n'échappent pas aux discriminations

  • En France, 36% des sondés considèrent que dévoiler leur orientation sexuelle peut représenter un "handicap" et nuire à la progression de leur carrière.
    En France, 36% des sondés considèrent que dévoiler leur orientation sexuelle peut représenter un "handicap" et nuire à la progression de leur carrière. DisobeyArt / Getty Images
Publié le , mis à jour
ETX Daily Up

(ETX Daily Up) - Faire son coming-out au travail n'est pas anodin. Selon une récente étude, cela aurait permis à 70% des salariés LGBTQIA+ qui ont "franchi le cap" dès la première année de nouer plus facilement des relations avec leurs collègues. Mais les stigmatisations relatives à l'orientation sexuelle restent malheureusement légion.

Longtemps considéré comme un sujet relevant du "domaine du privé", l'orientation sexuelle (a fortiori quand elle sort de l'hétérosexualité) devient politique. Dans l'univers du travail par exemple, les employés LBGTQIA+ qui ont fait leur coming-out auprès de leurs collègues et de leurs employeurs auraient plus de chance de s'épanouir au sein de leur entreprise, démontre une nouvelle enquête réalisée par le cabinet de conseil américain Boston Consulting Group (BCG). 

Menée auprès de 8.800 salariés LBGTQIA+ de 19 pays du monde (dont l'Australie, le Brésil, la Chine, l'Inde, la France et les États-Unis), l'enquête précise que dans l'ensemble des pays (à l'exception de l'Inde et de la Chine), 70% des personnes interrogées ont dévoilé leur orientation sexuelle au cours de la première année où ils ont intégré leur entreprise.

Ces mêmes salariées expliquent avoir noué des relations amicales avec leurs collègues de travail, contre 45% pour ceux qui n'ont pas réalisé leur coming-out. L'étude montre d'ailleurs que les personnes qui n'ont pas dévoilé cette information à leurs collaborateurs dès la première année dans leur entreprise sont très peu à avoir "franchi le pas" plus tard. 

Toutefois, si une majorité des participants ont décidé de partager cette information dans le cadre de leur travail, des freins subsistent. Seules 23% des personnes LBGTQIA+ (tous pays confondus) estiment que faire son coming-out en entreprise représente "un atout" pour sa carrière. Ils sont pratiquement autant (24%) à penser qu'au contraire cette information peut devenir un "inconvénient".

En France, 36% des sondés considèrent que dévoiler leur orientation sexuelle peut représenter un "handicap" et nuire à la progression de leur carrière, contre 8% qui pensent au contraire que cela peut les aider. À l'inverse, les Australiens (50%) et les Américains (43%) pensent le coming-out en entreprise sous un angle positif. Mais le tableau est loin d'être idyllique pour autant. 

72% des transgenres et non-binaires subissent des discriminations au travail

L'étude révèle qu'une forte stigmatisation relative à l'orientation sexuelle ou à l'identité de genre perdure dans le domaine du travail. À l'échelle internationale, 58% des LGBTQ+ déclarent avoir été victimes de discriminations sur leur lieu de travail (plaisanteries déplacées, manque de prise au sérieux, mise à l'écart...). En France, ce pourcentage passe à 54%. 

Dans les pays d'Europe inclus dans l'étude, les personnes transgenres et non-binaires sont particulièrement confrontées à ces discriminations : 72% d'entre elles relatent des situations de discrimination (contre 53% chez les LGBQ).

À la lumière de ces données, le BCG formule 12 mesures concrètes pour aider les entreprises à développer des politiques plus inclusives : toilettes neutres, la mise en avant de "rôles modèles", le choix de la mention "non-binaire" sur les formulaires administratifs ou encore la possibilité de disposer d'une couverture médicale pour un conjoint ou une conjointe de même sexe.

"Une culture d'entreprise inclusive encourage l'engagement et l'innovation. Les entreprises doivent proposer des engagements concrets et les promouvoir à tous les échelons de l'entreprise. Ces efforts doivent être mesurés avec des indicateurs précis, permettant de quantifier le progrès", précise dans un communiqué Stéphanie Mingardon, directrice associée senior au BCG, en charge des ressources humaines à Paris et au niveau européen.

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