Le Millavois Jacques Pierrejean, l’architecte qui va nettoyer la Seine !

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  • Passé chez Dassault puis Airbus, Jacques Pierrejean a longtemps exercé multiples talents dans l’aéronautique avant de s’intéresser au nautisme.  	DR
    Passé chez Dassault puis Airbus, Jacques Pierrejean a longtemps exercé multiples talents dans l’aéronautique avant de s’intéresser au nautisme. DR
  • Validées par les VNF, les barges phytoflottantes devraien bénéficier d’un coup de pouce du comité olympique. @PV
    Validées par les VNF, les barges phytoflottantes devraien bénéficier d’un coup de pouce du comité olympique. @PV
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Aurélien Delbouis

Il a été l’un des premiers à aménager l’intérieur des Jets et des Yachts comme de luxueux lieux de vie. Issu de l’Ecole Boulle, cet architecte-designer, originaire de Millau a côtoyé les chefs d’Etat, rois et princes aux attentes fastueuses avant de se lancer un nouveau défi : rendre la Seine plus propre avant les JO de 2024. Rencontre avec un visionnaire aujourd’hui profondément ancré dans la nature et la préservation de l’environnement.

Architecte touche-à-tout, designer passionné, Jacques Pierrejean s’amuse là où on ne l’attend pas. Spécialisé dans l’aéronautique et le nautisme, le Millavois se lance aujourd’hui dans une tout autre voie, celle des habitats autonomes.

Son Carré de vie, – un écolodge entièrement autonome – développé en coopération avec la société aveyronnaise Boissière & Fils, a aujourd’hui trouvé son marché, bien aidé par le confinement et son corollaire inattendu : l’aspiration au retour à la nature.

Une autre collaboration avec la société Aquatiris lui permet aussi de rêver à un monde plus vert, tout au moins plus propre.

L’enjeu : les Jeux Olympiques 2024. "À cette occasion, des épreuves auront lieu à Paris, sur ou dans la Seine. Nous avons donc développé une solution d’épuration des eaux usées pour améliorer la qualité du fleuve."

Fruit d’un long développement, les barges filtrantes, ou "Phytoflottantes" permettent ainsi de traiter les pollutions émises par les péniches, ces "bateaux logements" qui fleurissent sur les berges d’Île de France. "Faute de solution courante et accessible, les eaux usées sont la plupart du temps rejetées directement dans le cours d’eau, ce qui n’est pas sans conséquence sur sa qualité" valide le Millavois qui vient de boucler la phase test avec succès, un an et demi après l’inauguration de deux "phytoflottantes" par la ville de Marly-le-Roi dans les Yvelines.

"L’opérateur voies navigables de France (VNF) a validé le projet et c‘est désormais le comité olympique de Paris qui pousse pour que ce procédé soit mis en place de manière plus générale sur un certain nombre de péniches. Dire qu’en 2024, toutes seront équipées est difficile à croire. Personnellement, je ne le pense pas. Mais nous sommes dans une démarche très positive, vertueuse."

Le principe d’Aquatiris qui équipe déjà ses "Carrés de vie" ? "Un filtre à roseaux est rempli de graviers, gravillons et sable et va constituer une véritable passoire au travers de laquelle les eaux usées vont passer. Toutes les matières solubles vont être digérées par les bactéries et micro-organismes présents dans le sable autour des racines des roseaux, tandis que les matières non solubles vont être retenues en surface où elles vont composter. L’eau qui ressort de cette passoire est traitée et peut regagner le milieu naturel sans danger", explique le chargé d’affaires, Simon Gélis.

Simple et efficace. "Il faut savoir qu’aujourd’hui, rien n’est imposé aux propriétaires ou locataires de ces embarcations en matière d’épuration, s’étonne encore l’architecte. Or, ce qui était tolérable à une certaine époque avec peu de bateaux, et des gens qui n’habitaient peut-être pas à l’année, ne l’est plus aujourd’hui quand on sait que le nombre des péniches a sans doute triplé en quelques années à Paris et le bassin parisien et que ces péniches sont aujourd’hui des résidences principales avec des familles dedans !" En plus de cette nouvelle solution, le duo Pierrejean-Boissière poursuit le développement de son Carré de vie. "Nous étions partis avec cette vision, un peu trop futuristique de faire vivre les gens sur l’eau. Or aujourd’hui, le Covid aidant, le flottant répond pleinement à cette nouvelle demande de calme, d’indépendance, de sérénité notamment dans le secteur touristique", reconnaît l’architecte. Deux ou trois "gros projets" devraient d’ailleurs voir le jour. À Anglet d’abord pour une résidence touristique cinq étoiles de 600 m² installée sur un lac privé. Dans le Grand Est aussi, poursuit Jacques Pierrejean,

"pour un projet encore plus grand. Un véritable village flottant." À suivre donc. En attendant, lui qui a à son actif le design du 5e plus grand yacht au monde poursuit son œuvre dans le nautisme avec des projets "plus modestes essentiellement armé de panneaux solaires." Visionnaire encore une fois.

"L’habitat est un domaine qui me passionne et ce à quoi j’aspire le plus, c’est de vivre au plus près de la nature, au cœur des milieux aquatiques et forestiers avec un accès facilité entre l’intérieur et l’extérieur. La base de la maison japonaise a été je l’avoue, un socle sur lequel s’est appuyé mon travail. Ensuite, ma grande expérience dans l’aménagement de yachts m’a permis d’imaginer de construire une maison à l’image d’un bateau, c’est-à-dire avec une grande autonomie et pouvant s’implanter sur terre comme sur l’eau"

Jacques Pierrejean à propos du Carré de Vie

Un "droneport" pour les JO

Non, vous ne rêvez pas ! Ingénieur prolixe, Jacques Pierrejean a déjà imaginé votre futur. Avec son Droneport, conçu comme une passerelle reliant les différents sites olympiques du Grand Paris, le Millavois pense déjà aux touristes "venus en water taxi jusqu’au Droneport Shuttle, avant de repartir en Cityair – taxi volant d’Airbus – vers tous les complexes sportifs de la capitale."

Si pour l’heure, le projet tient d’avantage du film d’anticipation que de la réalité, il n’en reste pas moins en "discussions avec les différentes parties-prenantes au projet : la RATP, Airbus et la Ville de Paris" fait valoir Simon Gélis, chargé d’affaires pour la société Carré de vie qui verrait bien fleurir sur la Seine ce nouveau modèle de barges flottantes pour les JO 2024… A suivre.

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