Le bois de chauffage, une solution face à la hausse des prix de l'énergie ?

La crise de l'énergie qui secoue l'Europe va-t-elle remettre en question les habitudes des consommateurs? Face aux prix du gaz, du fuel et de l'électricité, trois énergies finalement entremêlées, le bois fait cavalier seul et affiche toujours des prix d'une stabilité étonnante. Rapportés au coût d'un kilowatt, les granulés de bois sont toujours moins chers que les autres ressources. Encore plus aujourd'hui. 

Alors les ventes des poêles à bois et chaudières s'annoncent explosives. "On était déjà dans une phase de gros développement grâce aux aides de l'Etat pour les consommateurs" souligne Eric Vial, délégué général de Propellet, l'association nationale des professionnels du chauffage au granulé de bois. 

Mais cette année, les factures devraient encore inciter des particuliers et des copropriétés à franchir le pas. La filière attend en 2021 190.000 ventes de poêles contre moins de 160.000 en 2019 et 25.000 chaudières contre 14.500 il y a deux ans. 

Des économies à terme

Effectivement, le bois vient de France. Pas de crise de l'Opep, de tension autour d'un gazoduc controversé ou d'attaque au drone contre des installations pétrolières.  

"Le taux de pénétration des chaudières est encore faible" note de son côté Audrey Zermati, directrice stratégie d'Effy, un spécialiste de la rénovation énergétique. "Jusqu’à présent, elles coûtaient plus cher et apparaissaient comme des équipements élitistes." Mais des aides comme MaPrimeRénov' ont fait considérablement baisser la facture : jusqu'à 10.000 € d'aides pour des gros équipements qui en valent le double au catalogue.  

Avec des économies à terme. En janvier dernier, Effy a dévoilé son comparatif sur le coût du chauffage en France. En moyenne la facture annuelle d'une chaudière fuel s'élève à 2100 € pour un foyer, devant l'électricité (1777 €), le gaz (1369 €) et finalement le bois (1147 €).

Autre avantage du bois de chauffage, c'est sa parfaite intégration à la filière bois car, en réalité, les granulés utilisés sont un sous-produit du bois. "90% des granulés viennent de France et sont issus du sciage". En clair, la sciure de bois est recyclée pour le chauffage. 

Pas une solution miracle

Et pas de crainte pour les forêts en cas de déferlante sur le bois de chauffage, assure la profession. L'amélioration des poêles et chaudières tout comme la meilleure isolation des futurs bâtiments permettront de consommer moins de bois pour le chauffage.

Actuellement, on compte 1,27 million d'appareils à granulés et 1,5 million sont prévus d'ici la fin de l'année en France. 

Pour autant, le chauffage à bois (qui peut aussi fonctionner avec des bûches) n'est pas la solution miracle et les tarifs de la matière première peuvent toujours augmenter, surtout à l'approche de l'hiver. "Ça peut toujours être contracyclique mais le bois va suivre sa propre logique, par rapport aux autres énergies" assure Audrey Zermati. Surtout, mieux avoir de la place pour stocker le bois et ne pas oublier qu'il faut régulièrement remplir le réservoir.