Cinéma: Mamoru Hosoda rejoue la Belle et la Bête, au temps des réseaux

  • "Belle" de Mamoru Hosoda sort mercredi en salles.
    "Belle" de Mamoru Hosoda sort mercredi en salles. Courtesy of Studio Chizu/Wild Bunch Distribution
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ETX Daily Up

(AFP) - Souvent comparé au légendaire réalisateur japonais Hayao Miyazaki, son compatriote Mamoru Hosoda explose les codes de l'animation dans "Belle", en salles mercredi, montrant que le monde virtuel peut être à la fois "dur", "terrible" et "positif".

Dans la version française de ce film qui apporte un regard radical et ultra-contemporain sur les réseaux sociaux, leurs apports et leurs dérives, l'actrice et chanteuse Louane, révélée dans "La famille Bélier", interprète les chansons et a prêté sa voix au personnage principal.

Suzu est une adolescente japonaise d'aujourd'hui, timide et brisée par la mort accidentelle de sa mère quand elle était petite. Elle s'invente une double vie sur internet où elle retrouve le goût de chanter et se surprend à devenir l'égérie musicale de millions de jeunes.

La métamorphose est complète. Suzu devient Belle et l'uniforme de la petite collégienne triste laisse place à un look flamboyant de diva à la voix magnétique dans ce monde virtuel généré par une application baptisée "U".

A mesure qu'elle additionne les fans, Suzu essuie un déferlement de haine en ligne. Au lieu de se laisser abattre, elle va utiliser son avatar pour y résister.

"Pour la jeune génération, internet existait avant qu'ils naissent et est donc inséparable de leur monde, il faut l'accepter et apprendre à mieux l'utiliser", a expliqué à l'AFP Mamoru Hosoda, estimant que beaucoup de cinéastes s'attachent aux travers d'internet au lieu de montrer aux jeunes comment prendre le contrôle de leur destin.

"On passe notre temps à leur dire comme c'est mal et dangereux", a déploré lors de la présentation du film à Cannes le réalisateur de 54 ans, nommé aux Oscar en 2008 pour "Miraï, ma petite soeur".

"Les relations humaines peuvent être complexes et extrêmement douloureuses pour les jeunes gens. Je voulais montrer que ce monde virtuel, pour dur et terrible qu'il peut être être, peut aussi être positif", souligne Mamoru Hosoda.

Formellement audacieux avec une explosion de couleurs, de chansons et de scènes d'action, le film entend aussi casser les codes de la représentation des filles dans l'animation révélateurs de la façon dont "les jeunes femmes sont sous-estimées et pas prises au sérieux par la société", selon le réalisateur.

"Ça m'agace vraiment de voir ces personnages de jeunes femmes traités comme quelque chose de sacré et sans lien avec la réalité de ce qu'elles sont", ajoute-t-il, soucieux de permettre à ses personnages féminins d'échapper à "l'oppression de devoir être comme tout le monde".

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