Endométriose : "Chaque mois, j’ai l’impression que l’on m’arrache l’utérus" témoigne une Aveyronnaise

  • L'endométriose peut être un long et douloureux combat.
    L'endométriose peut être un long et douloureux combat. ML/ME
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Jennifer Franco

La Sud-Aveyronnaise de 35 ans souffre de cette maladie gynécologique. Elle a décidé de se faire opérer et s’est engagée auprès d’EndoFrance pour que cette souffrance ne soit plus un tabou. Elle réagit au lendemain des annonces d'Emmanuel Macron.

Pour Carine, "l’union fait la force !" La jeune femme de 35 ans, atteinte d’endométriose, une maladie gynécologique qui touche entre 10 % et 15 % de femmes, a fait de ces mots son leitmotiv dans son combat contre cette affection. "Rester dans son coin et prendre sur soi n’est pas une solution. Il faut en parler", plaide-t-elle. En rejoignant EndoFrance en novembre 2021, elle a décidé de s’engager dans cette cause en tant que bénévole, en venant donner de son temps et gonfler les rangs de l’association en Midi-Pyrénées.

Carine veut « aider les autres femmes, les accompagner, les soutenir et agir localement ».
Carine veut « aider les autres femmes, les accompagner, les soutenir et agir localement ». DR et ML

Ses deux sœurs également touchées

C’est à cause du calvaire de ses deux sœurs, elles-mêmes atteintes par cette pathologie, qu’elle a pu être rapidement diagnostiquée quand la plupart des patientes doivent souvent faire face à des années d’errance médicale. En effet, il faut en moyenne sept ans pour poser un diagnostic. "Ma sœur aînée a été diagnostiquée il y a quelques années au moment d’un désir de grossesse, raconte la Sud-Aveyronnaise. On a lui a trouvé une endométriose sévère."

"On m'a trouvé de l'endométriose sur le rectum"

Touchée à un rein, elle a dû porter une sonde, les ovaires et le rectum atteints, "elle a dû avoir recours à une FIV (fécondation in vitro). Elle a galéré. Mais cela a fini par fonctionner au bout de la deuxième. Ma sœur jumelle, elle, a souhaité effectuer un contrôle. Là aussi, on lui a découvert de l’endométriose. Elle était impactée au niveau des ovaires. Elle a été opérée, mais son parcours a été difficile."

Sa sœur conseille alors à Carine de consulter à son tour. "Je m’étais fait contrôler trois ans auparavant, je n’avais rien." Mais en 2016, le verdict tombe. "On m’a trouvé de l’endométriose sur le rectum." Le problème avec l’endométriose, c’est que chaque cas est différent. C’est pour cela qu’il n’y a pas une, mais "des" endométrioses car cette maladie ne se développe pas de la même façon d’une personne à l’autre. Déjà, à l’adolescence, Carine se remémore de "règles très douloureuses. À 14 ans, au collège, je me souviens d’un jour où je perdais du sang en abondance, des caillots. Ce jour-là, je portais un pantalon beige et ma blouse. Ça a traversé. J’étais très gênée."

"Je sens que la maladie progresse"

Carine prend la décision de ne pas se faire opérer et opte, sur la recommandation de son gynécologue, pour une prise de pilule en continu pour couper ses cycles menstruels. En 2020, désireuse de devenir maman, elle décide d’arrêter sa contraception. "Depuis, je sens que la maladie progresse." En juin 2021, elle découvre qu’elle est atteinte d’adénomyose. "C’est la maladie cousine de l’endométriose qui se localise et s’infiltre vers le muscle utérin. Les cellules migrent dedans et s’installent dans l’utérus. Depuis deux, trois mois, je souffre énormément. Chaque mois, quand mes règles arrivent, j’ai l’impression que l’on m’arrache l’utérus. J’ai une fatigue chronique qui s’installe…"

"J'ai l'impression que l'on m'arrache l'utérus"

Carine, qui a depuis attaqué un parcours PMA (procréation médicalement assistée) avec son compagnon, a aussi décidé d’avoir recours à l’opération, "au vu des lésions importantes décelées à l’arrière de mon utérus".

Pour autant, pas question pour Carine de se laisser abattre ou de s’avouer vaincue. C’est tout le contraire. Souriante, dynamique, elle a fait de ce combat sa force. "J’ai envie d’aider les autres femmes, les accompagner, les soutenir et agir localement et partager nos expériences les unes avec les autres." Et mettre des mots sur ce mal qui nous déchire le ventre… n’a rien de banal !

"Une maladie de l’intime dont il est difficile de parler"

Vingt ans que l’association EndoFrance combat pour briser le tabou autour de l’endométriose. Elle est née en 2001 de la rencontre de trois patientes dans une salle d’attente de leur gynécologue.

"C’est une maladie de l’intime dont il est difficile de parler. Pendant trop longtemps, on a banalisé la douleur des femmes pendant les règles", dénonce Yasmine Candau, présidente d’EndoFrance. On est très nombreuses à avoir entendu au moins une fois un membre de sa famille ou un médecin dire que la douleur c’est normal, que cela ira mieux quand vous aurez un enfant… La vraie question, c’est : quand est-ce que la douleur n’est pas normale ? C’est très difficile de pouvoir dire à son employeur "je ne peux pas venir travailler" ou à son partenaire "je ne peux pas avoir de rapports, car c’est trop douloureux"…"

Depuis le départ, EndoFrance a été soutenue par les professionnels de santé, soucieuse que le message porté auprès du grand public soit validé scientifiquement. C’est une maladie qu’il est difficile à comprendre ou à faire comprendre, car elle ne se voit pas. Aujourd’hui, EndoFrance compte 2 500 adhérents et plus de 100 bénévoles. Avec le soutien d’une marraine, Laëtitia Millot, et d’un parrain, Thomas Ramos, rugbyman au Stade toulousain, qui s’est engagé aux côtés de son épouse atteinte de cette affection.

Qui contacter en Midi-Pyrénées ?

En Midi-Pyrénées, l’équipe de l’association EndoFrance compte sept bénévoles. Elles sont réparties sur tout le territoire et sont en contact permanent avec les personnes désireuses de leur écrire pour répondre à leurs questions et les orienter vers des spécialistes. « Une fois par trimestre, des événements sont organisés : table-ronde avec des professionnels de santé, rencontres amicales, conférence, sensibilisation dans les lycées… » Puis, chaque année, en mars, se tient la semaine nationale de sensibilisation à l’endométriose. Elle se tiendra du 7 au 13 mars. Puis, en novembre, nous organisons un trail à Baziège, dans le Lauragais, dont les dons sont reversés à l’association. Pour contacter localement l’association, vous pouvez écrire à midipyrenees@endofrance.org
 

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