Covid-19 : faire payer les soins aux non-vaccinés ? Martin Hirsch pose la question
Face aux dépenses engagées pour des personnes qui refusent de bénéficier du vaccin et aux nombreux reports de soins, le directeur général des hôpitaux de Paris Martin Hirsch s’interroge sur la possibilité de faire payer l’hospitalisation des patients Covid-19 non-vaccinés. De son propre aveu, le débat est “délicat”.
“Est-il logique de bénéficier des soins gratuits quand on a refusé pour soi la vaccination gratuite et qu’on met doublement en danger les autres, en pouvant les contaminer et en pouvant prendre une place en soins intensifs nécessaire pour un autre patient ?”. La question est volontairement posée par le patron de l’hôpital public de Paris dans une tribune parue dans Le Monde le 25 janvier.
Sur le plateau de C à Vous mercredi 26 janvier, il a explicité ses propos en les élargissant au-delà du Covid, par exemple pour une pathologie pour laquelle il existe un système de dépistage recommandé tous les cinq ans: “Est-ce qu’on doit avoir exactement la même protection et le même taux de remboursement si on néglige (ce dépistage, NDLR), que quelqu’un qui ne le néglige pas?”.
Il distingue cependant cette situation de celle d’un fumeur, atteint d’un cancer dû à sa consommation de tabac: “Je trouve qu’il y a une très grande différence et qu’on ne peut pas blâmer quelqu’un sur un comportement, une addiction”, a-t-il précisé, confronté à cet exemple.
"Je ne veux fermer la porte de l'hôpital et du soin à personne : mais il faut être allié avec la responsabilité qui permet à tout le monde d'en bénéficier."
— C à vous (@cavousf5) January 26, 2022
Covid-19 : les non-vaccinés doivent-ils bénéficier des soins gratuits ? @MartinHirsch s'interroge.#CàVous pic.twitter.com/Lz6QyaLKI2
Lier responsabilité et protection sociale ?
“Si je pose cette question-là, c’est que je ne voudrais pas qu’un jour, on se dise ''les dépenses de santé explosent parce qu’il y a tout une partie de comportements dits irresponsables qui remettent en cause la solidarité de tous”, explique Martin Hirsch sur le plateau de France 5. Il plaide de façon générale pour “associer la responsabilité à la solidarité dans les systèmes de protection sociale”. Mais rappelle que le système de soins est “ouvert à tout le monde.”
« Quand un instrument de prévention gratuit est disponible, qu’il peut être utilisé, qu’il est reconnu par la communauté scientifique comme quelque chose d’utile et qu’on y renonce, est-ce qu’on y renonce sans en porter aucune des conséquences ? », s’est interrogé le directeur général de l’AP-HP (Assistance publique-Hôpitaux de Paris).
Et de poursuivre : « Ou est-ce qu’on tend la main pour soigner mais on dit qu’il n’y a aucune raison qu’il n’y ait pas de conséquences alors qu’il y en aura pour les autres patients qu’on aura du mal à soigner et qui, eux, n’y peuvent rien », termine-t-il, laissant aux experts le soin de trancher.
Même émise avec précaution, l’idée de faire payer aux non-vaccinés leur choix jugé inconséquent ou égoïste par certains médecins fait réagir, alors que l’hôpital repousse les soins de nombreux patients non-Covid-19, ce qui réduit les chances de rémission dans le cas de cancers, par exemple.
Régulièrement, une poignée d’élus tente de faire émerger le débat, sans succès pour l’instant puisque ni le gouvernement, ni les soignants ne s’en sont réellement saisis. Un amendement dans ce sens a été déposé jeudi 30 décembre (et rejeté depuis) par Sébastien Huyghe, député LR du Nord. Il y a un an déjà, Guillaume Lacroix, président du Parti radical de gauche, portait déjà cette idée.
Le débat posé par Marti Hirsch ne semble pas près de voir le jour. Mais il n’est pas sans faire écho à un autre sur la prise en charge en réanimation des patients infectés par le coronavirus, alors même qu’ils ont refusé le vaccin.
J'ai déjà un compte
Je me connecteVous souhaitez suivre ce fil de discussion ?
Suivre ce filSouhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?