Des personnes volontairement infectées par le SRAS-CoV-2 : découvrez les résultats de cette étude

  • Les "études de provocation" inquiètent bon nombre de scientifiques, et doivent être menées avec précaution.
    Les "études de provocation" inquiètent bon nombre de scientifiques, et doivent être menées avec précaution. Archives CP
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Des scientifiques britanniques ont délibérement contaminé 34 personnes portées volontaires (moyennant finances) en vue d'apporter des éléments supplémentaires pour le développement de vaccins et le fonctionnement de l'immunité. Les résultats de cette étude ont été publiés ce mercredi 2 février.

On appelle ça une étude de "provocation" : des scientifiques britanniques ont délibérément inoculé le coronavirus SRAS-CoV-2 à 34 personnes qui se sont portées volontaires pour l'expérience. Cette technique d'étude, controversée par les risques qu'elle fait courir aux cobayes humains, existe depuis des décennies et a été pratiquée notamment pour étudier la grippe ou le paludisme, ou accélérer le développement de vaccins contre la typhoïde et le choléra. 

Une contamination à minima

L'essai britannique a été réalisée il y a un an, début 2021, et les résultats sont parus ce mercredi 2 février dans la revue Nature. 34 personnes, âgées de 18 à 30 ans et en bonne santé, étaient volontaires. Moyennant une somme de 4 565 £ (5 432,88 €), ils se sont isolés durant au moins deux semaines au Royal Free Hospital de Londres et ont reçu chacun une faible dose de coronavirus, l'équivalent à la quantité de virus dans une seule gouttelette de liquide nasal – d'une souche virale qui a circulé au Royaume-Uni au début de 2020. Selon les scientifiques, cette étude a pour mission de jeter les bases d'études plus approfondies sur les vaccins, les antiviraux et les réponses immunitaires à l'infection.

Selon les résultats de l'étude, cette  dose initiale a infecté avec succès plus de la moitié des participants. Ces derniers ont signalé des symptômes légers à modérés, notamment des maux de gorge, un écoulement nasal et une perte d'odorat et de goût, caractéristique du Covid. Environ 70% des participants infectés ont perdu leur odorat ou leur goût, persisté pendant plus de six mois chez cinq participants et plus de neuf mois chez un seul.

L'immunité, pierre angulaire contre le Covid ?

Le virus s'est reproduit incroyablement rapidement chez ceux qui ont été infectés, moins de deux jours après l'exposition, en moyenne. Alors que les précédentes études ont relevé une "période dincubation"  d'environ 5 jours.

Des personnes n'ont développé aucun symptôme, tout en ayant autant de virus dans leurs voies respiratoires supérieures que ceux qui présentaient des symptômes, et leur infection a duré aussi longtemps. D'autres avaient au contraire de très faibles niveaux de virus pendant une courte période, ce qui suggère que leur système immunitaire combattait activement le virus, analyse Christopher Chiu, médecin-chercheur à l'Imperial College de Londres, qui a dirigé l'étude.

Les chercheurs se sont penchés sur ces près de 50 % de personnes n'ont pas été infectées, malgré leur exposition au SRAS-CoV-2.  De précédentes recherches ont remarqué que les coronavirus qui causent le rhume pourraient conférer une protection contre le Covid-19 chez certaines personnes. Une autre possibilité est que certaines personnes aient de puissantes réponses immunitaires innées. "Nous essayons de comprendre pourquoi les gens sont protégés même s'ils n'ont jamais été exposés à un virus comme celui-ci auparavant", ajoute le Dr Chiu.

De futures études sur les participants à à cet essai tenteront d'expliquer un peu ce mécanisme.  L'équipe du Dr Chiu prévoit également de lancer une autre "étude de provocation", qui exposera cette fois des personnes vaccinées au variant Delta, pour tenter d'identifier les facteurs immunitaires qui protègent les personnes contre les infections après la vaccination.

Une meilleure compréhension du mécanisme immunitaire permettrait selon le chercheur de développer des vaccins protégeant contre un plus largeéventail de virus et coronavirus, et pas seulement contre le SRAS-CoV-2.

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