Decazeville. Entre tristesse et ennui…
En relisant les journaux d’époque et les témoignages, deux mots reviennent comme des leitmotivs en cet hiver 1961-1962, "tristesse" et "ennui".
La tristesse a frappé tout le monde, la population du Bassin, les commerçants, les petits entrepreneurs, les élus, constatant avec effroi qu’un monde allait possiblement s’effondrer.
Les mineurs, au fond de leur puits, éprouvaient une tristesse mélangée à de la colère et de l’angoisse : "Qu’allons nous devenir, nous et notre famille", a-t-on entendu maintes fois.
L’ennui se rencontrait essentiellement au fond des galeries.
Un correspondant de presse relate : " Les "gueules noires tiennent d’interminables conversations concernant l’avenir de tout un chacun. Plusieurs clubs se forment pour jouer aux cartes ou à d’autres jeux, lire les journaux, dans un total inconfort". L’appel de l’intersyndicale a été entendu, les gens ont apporté de vieux phonographes et des disques 78 tours, les donateurs font descendre des livres et des revues.
Le mineur se fait à l’occasion poète ou philosophe, l’écrivain André Pradel est de ceux-là : "Nous avons tissé notre nid ici, sur vos conseils ! Et maintenant que nos oisillons y gazouillent, vous voudriez nous faire haïr notre terre rouergate ? Nous ne voulons pas la fortune qui abâtardit les cœurs, nous voulons, demain, trimer comme hier…".
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