Sud-Aveyron : la fin de l'hôpital de Saint-Affrique d'ici 5 ans ?

  • Une trentaine de personnes étaient présentes dans la salle pour suivre les débats.
    Une trentaine de personnes étaient présentes dans la salle pour suivre les débats. Midi Libre - Dune Froment
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Dune Froment

Un constat inquiétant a été fait de l’hôpital Émile-Borel lors des conseils municipal et communautaire exceptionnels, qui se sont tenus lundi 7 février au soir, à la Vilotte, au sujet de l’hôpital médian.
 

La nouvelle a été annoncée par Midi Libre la semaine dernière : c’est Vergonhac qui accueillera le futur hôpital médian. Une semaine après ce choix, qui fait grincer des dents dans le territoire saint-affricain, la municipalité a organisé deux conseils exceptionnels, lundi 7 février au soir, afin de présenter le projet médical et d’expliquer le choix du site.

Les deux séances, ouvertes au public, se sont terminées par des débats denses entre certains élus et la direction de l’hôpital, qui a par ailleurs dressé un état des lieux préoccupant de l’hôpital saint-affricain.

Sylvie Marty, directrice des centres hospitaliers de Millau et de Saint-Affrique, a présenté le projet médical du Sud-Aveyron (PMSA). L’ouverture du futur établissement est envisagée d’ici cinq à sept ans. "Actuellement, Millau, c’est 90 lits et, sur le centre Émile-Borel, c’est 60 lits, ce qui fait 150. Dans le futur hôpital, ce sera 161". La responsable a détaillé la répartition de ces lits entre les différents services.

Quelles répartitions entre les services ?

Il y aura, notamment, une augmentation de capacité en médecine gériatrique en prévision du vieillissement de la population dans le Sud-Aveyron. Et d’ajouter que serait mise en place une offre de soins sud-aveyronnaise en attendant l’ouverture du site.

C’est ensuite Florent Tarrisse, directeur général des services du Parc naturel régional des Grands causses, qui est intervenu lors des deux séances pour expliquer le choix du site de Vergonhac au détriment de ceux de Beaumescure ou de Luzençon : "Il y a déjà une parcelle identifiée, elle a été déclarée constructible, il n’y a pas besoin de réviser ni le plan local d’urbanisme intercommunal, ni le schéma de cohérence territoriale. Il y a l’eau, il y a l’assainissement avec un raccord possible de la station d’épuration de Saint-Georges." Vergonhac a été présenté comme le site où la construction serait donc la plus simple et la plus rapide.

Cependant, lors du conseil communautaire, plusieurs élus sont intervenus pour questionner sur le choix de l’implantation. Clément Carles, conseiller municipal et régional, a pris la parole concernant plusieurs points du projet médical et a interrogé sur l’emplacement choisi : "Est-ce que le site du parc d’activité de Millau-Ouest est celui qui est le plus à même de limiter le taux de fuite vers les autres hôpitaux de la région ? C’est une question qu’on doit se poser."

Pour Pierre Pantanella, maire de Saint-Rome-de-Cernon, "c’est bien le territoire de Millau et non le Sud-Aveyron qui tire son épingle de cette solution. Tout est fait pour que madame la maire de Millau ramasse le tapis". Ses propos sont appuyés par ceux de Raymond Fabregues, son premier adjoint : "Ça ressemble plus à la fermeture de l’hôpital de Saint-Affrique qu’à la création d’un hôpital médian."

L’avenir déjà incertain des urgences de Saint-Affrique

La question est revenue plusieurs fois lors des deux conseils : y aura-t-il des urgences à Saint-Affrique après l’ouverture de l’hôpital médian ?

Lors de la présentation du projet médical, Sylvie Marty, actuelle directrice des centres hospitaliers de Millau et Saint-Affrique, a expliqué que la question n’était pas tranchée : "Est-ce qu’on maintiendra une ligne de Smur en journée ? On est en train d’y travailler avec l’Agence régionale de santé et les autres partenaires pour savoir comment on prendra en charge les urgences vitales."

Plusieurs élus du conseil communautaire ont également pris la parole en fin de séance pour faire part de leurs craintes quant à la disparition possible des urgences.  Clément Carles a, quant à lui, dénoncé le flou dans le projet médical autour du maintien ou non du Smur à Saint-Affrique : "La population a besoin, quand elle est malade, d’avoir accès à des soins."

Quid de l'état de l'hôpital ?

Camille Devroedt, la directrice des services techniques des deux centres hospitaliers, s'est montré particulièrement alarmiste : "Le risque, c’est que l’un des deux sites ne meure avant la réalisation de l’hôpital médian (...) Le centre hospitalier de Saint-Affrique ne pourra peut-être pas tenir cinq ans techniquement. J’ai peur tous les jours depuis que j’ai pris le poste. D’une rupture sur une vanne, d’une panne qui va m’obliger à fermer le bloc opératoire (…)  Je pense que peu de gens en ont conscience car, ce que l’on voit, c’est l’entrée, la peinture, l’accueil, la qualité de prise en charge du personnel. Moi, ce que je vois, c’est ce qu’il y a derrière et ça fait peur."

L’intervention de la directrice des services techniques n’a pas manqué de faire réagir dans la salle, à l’image de Jean-Luc Mallet, élu saint-affricain de l’opposition : "Ce que j’entends ce soir ne me rassure pas. Ce que vous venez de dire, c’est une catastrophe."

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