La musique pop a un petit problème... de plagiat

  • Ed Sheeran et Dua Lipa font partie des artistes récemment impliqués dans des affaires de plagiat.
    Ed Sheeran et Dua Lipa font partie des artistes récemment impliqués dans des affaires de plagiat. Yuki IWAMURA / Angela Weiss / AFP
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ETX Daily Up

(ETX Daily Up) - Si les conflits relatifs au plagiat de chansons ne datent pas d'hier, ils se réglaient généralement en coulisses. Les choses ont bien changé à l'ère des réseaux sociaux et des plateformes de streaming. Les accusations de plagiat et les procès qui en découlent se multiplient ces dernières années. Décryptage.

Ce phénomène n'épargne personne. La preuve avec Dua Lipa. La chanteuse britannique est depuis peu sous la menace de deux procès médiatisés et coûteux pour son morceau "Levitating". Les auteurs-compositeurs L. Russell Brown et Sandy Linzer l'accusent d'avoir plagié deux de leurs chansons, "Wiggle and Giggle All Night" et "Don Diablo". Ils affirment que la mélodie d'ouverture de "Levitating" est une "copie" de celles de leurs compositions. Cette partie de la chanson est particulièrement importante parce qu'elle a contribué à sa viralité sur TikTok, comme le stipule la plainte officielle de L. Russell Brown et Sandy Linzer qu'a pu consulter Billboard.

Les plaignants attestent que Dua Lipa a admis par le passé avoir "délibérément imité des époques antérieures" pour créer le son rétro qu'on lui connaît depuis son deuxième album, "Future Nostalgia". DaBaby, qui apparaît dans "Levitating", et le groupe Warner Music sont également cités dans la plainte de L. Russell Brown et Sandy Linzer.

Les deux auteurs-compositeurs ne sont pas les seuls à réclamer des dommages et intérêts à Dua Lipa pour son hit, "Levitating". Le groupe de reggae américain Artikal Sound System a également intenté une action en justice contre la chanteuse de 26 ans. Il l'accuse d'avoir copié leur titre de 2017, "Live Your Life", pour son propre morceau. Les deux chansons seraient si similaires qu'il est "hautement improbable que 'Levitating' ait été créé indépendamment", selon Artikal Sound System. Le groupe Warner Music, DaBaby et toutes les personnes impliquées dans la création du tube de Dua Lipa sont, eux aussi, cités dans la plainte du groupe.

À une époque où des milliers de nouveaux morceaux sortent chaque année, les similitudes entre chansons sont multiples. Mais ces cas de réminiscence flagrante n'arrivent pas toujours devant les tribunaux... sauf dans le cas d'Ed Sheeran. Le musicien anglais est dans l'embarras concernant les droits d'auteur de son morceau le plus écouté, "Shape of You". Sami Switch et Ross O'Donoghue disent avoir remarqué des ressemblances entre leur morceau "Oh Why", sorti en 2015, et celui d'Ed Sheeran.

L'intelligence artificielle à la rescousse

Ce n'est pas la première fois que le chanteur anglais est soupçonné de plagiat. Il a été attaqué en justice pour des raisons similaires en 2016 pour sa chanson "Photograph", et deux ans plus tard pour "Thinking Out Loud". Il rejoint ainsi la longue liste d'artistes impliqués dans des affaires de plagiat, dont Katy Perry, Led Zeppelin, Robin Thicke et Pharrell Williams. Face à l'ampleur du phénomène, les géants de l'industrie musicale se tournent vers l'intelligence artificielle pour déterminer avec précision quand l'hommage se transforme en pâle copie. Spotify travaille depuis quelques mois sur un algorithme qui permettrait aux musiciens de découvrir si leurs dernières compositions présentent des ressemblances harmoniques avec d'autres morceaux existants.

Cette invention permettrait de passer des partitions agrémentées d'indications rythmiques et mélodiques au peigne fin, afin de détecter si elles reprennent des éléments d'autres morceaux hébergés sur la plateforme de Spotify. L'algorithme indiquerait à l'auteur-compositeur si sa chanson encourt le risque d'être éventuellement poursuivie pour plagiat. Un lien vers le morceau ressemblant à la création analysée par l'intelligence artificielle pourrait également être inclus afin de faciliter le travail de réécriture.

Mais un détecteur de plagiat serait-il suffisant pour endiguer ce fléau de la musique pop ? Pas forcément. C'est pourquoi Damien Riehl et Noah Rubin ont développé en 2020 un algorithme explorant toutes les combinaisons mélodiques possibles sur une octave de 12 temps. Soit 68,7 milliards de mélodies aux consonances pop. Une fois enregistrées sur un support physique, comme un disque dur, ces suites de notes sont considérées comme protégées par le droit d'auteur.

Afin de protéger les artistes qui composeraient à leur insu un air semblable à l'une de ces 68,7 milliards de mélodies, Damien Riehl et Noah Rubin les ont mis en ligne sur le site Internet Archive ainsi que le code de l'algorithme qui les a composées. Ils ont également utilisé une licence Creative Commons Zero, par laquelle ils renoncent à leurs droits d'auteurs. De quoi éviter à de nombreux artistes de longs procès, avec à la fin des millions de dollars de dommages et intérêts...

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